INSOLITE. 80 ans de la Libération : le musée privé d'un passionné de la Seconde Guerre mondiale

Un trésor de guerre qui raconte l’histoire de l’occupation et de la libération de l’Alsace-Lorraine. À Ohnenheim (Bas-Rhin), Francis Weyl accumule tous les objets relatifs à la Libération. Son importante collection avoisine près de 8 000 pièces différentes. Certaines sont uniques au monde, comme le stylo qui a servi à signer l’acte de reddition de l’armée allemande à Paris le 25 août 1944.

Francis Weyl a aujourd’hui 75 ans. Il collectionne des objets relatifs à La Libération de l’Alsace-Moselle depuis qu’il a 12 ans. Il a aménagé chez lui à Ohnenheim (Bas-Rhin) un grand musée privé, qu’il fait visiter sur demande.

Presque 8 000 objets différents sur presque 200 m² sont présentés dont des pièces uniques : le stylo de la reddition de Paris de Von Choltitz ; des casques de la 103^e division états-unienne dite "cactus" (qui libera St-Dié-des-Vosges, Steige, Sélestat, le camp de concentration de Kaufering, Innsbruck en Autriche…) ; un casque de reporter de guerre allemand du journal Signal, et une casquette d’un volontaire ukrainien venu combattre avec les nazis.

L’ancien directeur régional d’une compagnie d’assurance est intarissable sur le sujet : "Quand j’étais petit, il suffisait de se baisser pour ramasser des objets concernant la Seconde Guerre mondiale. Dans n’importe quelle grange de nos villages on trouvait des fusils cachés dans les bottes de foin ; A l’époque tout cela n’intéressait personne. Mais moi, j’ai tout gardé."

Selon Francis, c’est son grand-père qui lui a donné le virus de la collection. "Il était dans l’armée du Kaiser en 1914. Il avait ramené du front sa casquette, son uniforme et d’autres objets. Il me les a offerts. C’est ainsi que tout a commencé."

Le stylo-plume de la reddition de Paris

Sa pièce maitresse c’est évidemment le stylo qui servit à la reddition de Paris le 25 août 1944. Il le présente dans une vitrine dédiée à l’avocat colmarien Alfred Betz, l’interprète du général Leclerc. "C’est Alfred Betz, alsacien, homme de confiance du général qui a assuré la traduction avec Dietrich von Choltitz qui était le gouverneur allemand du Grand Paris. J’ai reçu ce stylo des propres mains de Betz."

Lorsqu’on lui fait la remarque sur l’existence de plusieurs autres stylos de la reddition de Paris qui sont apparus ces derniers temps, il s’agace. "Il existe une photo officielle sur laquelle on voit signer Von Choltitz. Ce stylo ne ressemble pas au mien, très clairement. Mais la photo a été réalisée à la Gare Montparnasse. Or, le premier acte de reddition a été signé à la Préfecture de Police de Paris mais les protagonistes se sont aperçus qu’il n’y avait pas la presse qui était présente. Ils ont donc fait resigner l’acte de reddition une deuxième fois en invitant la presse. Plusieurs stylos ont servi pour signer les actes de la reddition de Paris dont je conserve également des copies des câbles militaires. Le stylo de ma collection est sans doute celui qui a servi à la première signature. C’était le stylo-plume personnel d’Alfred Betz."

Francis Weyl poursuit ses explications : "Mon père était notaire. C’était un ami proche de l’avocat colmarien. Un jour sachant que je collectionnais les objets relatifs à la Libération, Alfred Betz m’a convoqué chez lui. J’étais encore jeune. Il m’a dit : voilà j’ai de vieux souvenirs dont personne ne veut. Je te les donne prends-en bien soin. C’est comme cela que je me suis retrouvé avec son sac, sa plaque d’identité militaire, son casque, un de ses uniformes et son stylo-plume de la reddition de Paris. Je ne vois pas pourquoi il m’aurait raconté des histoires !"

"Sauver le patrimoine de cette époque"

La démarche de Francis Weyl a toujours été la même depuis son enfance. Pour lui, "ce n’est pas une histoire d’argent ! C’est une histoire qui vise à sauver le patrimoine de cette époque. Bien sûr, j’ai acheté des objets dans des brocantes. Mais la plupart des pièces proviennent de dons."

La visite débute par l’Avant-guerre et la montée du nazisme en Europe. La collection de badges et d’insignes de la Winterhilfswerk des Deutschen Volkes (Secours d’hiver du peuple allemand, en français) est l’une des plus importantes en Europe. Un large pan de l’exposition est consacré à la tragédie des Malgré-nous La visite est très impressionnante. Elle régalera ceux qui aiment l’histoire.

La collection privée de Francis Weyl raconte la Libération de l’Alsace-Moselle en plusieurs tableaux. Les trois armées belligérantes sont représentées : l’armée française de 1939-1940, l’armée allemande d’Occupation et l’armée états-unienne et française de Libération. Une quarantaine de mannequins en situation agrémentent le parcours chronologique ainsi que des reconstitutions historiques. Un char allemand est même présent.

Il ne s’agit là que de la partie officielle de la visite qui dure entre deux heures et deux heures et demie : Francis est bavard. S’il vous trouve sympathique, votre guide pourra vous faire découvrir ses autres trésors cachés et ses recherches. "Je passe un temps fou à tout sourcer et à inventorier. Tout n’est pas présenté au public."

Visiter la collection de Francis Weyl

La collection privée sur la Libération de l’Alsace-Moselle 1939 - 1945 de Francis Weyl se visite uniquement en prenant rendez vous au téléphone au 03 88 58 26 61.

"Et je me réserve le droit de dire non aux dingues de la guerre ou aux nostalgiques de la période nazie. Mon musée vise à valoriser le patrimoine historique, point !" L'entrée est libre.

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