Originaire de Baldersheim (Haut-Rhin), Jean Hurter est chercheur en musique botanique. Il a mis au point un programme qui lui permet de parler et de dialoguer avec les plantes. Évidemment, cela semble dingue et pourtant ses résultats sont étonnants. Les prémices d’un futur langage entre la nature et l’homme ?
Musicien averti et compositeur, Jean Hurter est aussi un amoureux de la nature. Après des mois de recherche, il découvre que de nombreux scientifiques planchent, comme lui, sur le langage des plantes.
Les chercheurs en sont désormais quasiment certains : les plantes parlent ! Elles sont connectées entre elles et leur environnement. Elles peuvent s’envoyer des messages par l’intermédiaire de leurs racines, de réseaux de champignons, par le vent ou par des signaux électroniques.
"Le premier qui a fait l’expérience que tous les êtres vivants vibraient, c’est l’inventeur du détecteur de mensonge. En posant des électrodes sur des variétés de plantes différentes, il s’est aperçu qu’elles ne réagissaient pas toutes de la même manière", explique Jean.
Faire parler les plantes
À partir de modèles électroniques qui existent sur le web, le chercheur alsacien en musique botanique développe, il y a environ cinq ans, un programme informatique qui permet d’amplifier les signaux émis par les plantes. Il s’agit d'un petit boîtier, relié à deux capteurs et à une tablette numérique.
"Le procédé est relativement simple. Le boîtier capte le champ électrique émis entre deux pinces. Il amplifie les données et le diffuse sur un ordinateur. Très vite, je me suis aperçu que la vibration émise par les plantes était du langage MIDI".
Le Musical instrument digital interface (MIDI) est un protocole de communication entre instruments électroniques, séquenceurs et logiciels de musique, né dans les années 80. "Pour schématiser, la plante émet des notes de musique qu'il est possible de décoder : un véritable langage".
À partir de ce constat, le cithariste renommé tente une première expérience avec un camélia. "J’ai d’abord écouté les chants de la plante. Parfois, elle avait de longues phases de silence. J’ai ensuite tenté de communiquer avec elle en reprenant à la guitare ses dernières notes de musique. Elle me répondait immédiatement, c’était impressionnant".
Le musicien développe alors ses expériences avec d’autres variétés de fleurs, d’arbres ou de mauvaises herbes. "Il n’y a pas de mauvaises herbes ! Elle raconte toutes des histoires", s’agace le compositeur.
Il en conclut que chaque variété à un langage bien particulier. Pour lui, il ne fait aucun doute que les plantes parlent et qu’elles sont capables de mémoriser des informations. "Les arbres, les fleurs, les herbes sont de véritables pipelettes".
"La plante scanne son environnement"
Jean Hurter constate également que la plante "scanne perpétuellement son environnement". Il approche une allumette enflammée des feuilles d’une d'une de ses plantes en pot pour nous en faire la démonstration. Immédiatement, l’ordinateur diffuse une musique assez stressante qui s’accélère. "La plante a peur", nous dit-il. Il va même plus loin dans ses sentiments : "la plante ressent. Elle sait si une personne est stressée ou si elle dégage des ondes négatives. Immédiatement, elle s’arrêtera de vibrer et se tait".
Alors, comme le dit l’adage populaire, faut-il parler à ses plantes ? "Évidemment ! Il faut leur parler. Elle sait que vous êtes là dans la pièce. Une plante qui communique et qui vibre est une plante en bonne santé. Tous les êtres vivants vibrent. Même lorsque vous êtes en forêt, vous pouvez vous adresser à la nature !".
Une plante qui communique et qui vibre est une plante en bonne santé
Jean Hurter
Au-delà des recherches qu’il mène, Jean Hurter développe une démarche artistique avec ces interactions. "Puisque les plantes émettent des thèmes particuliers, j’ai décidé de m’en inspirer pour créer des compositions originales".
Des partitions de plantes
Selon lui, "les plantes réagissent lorsqu’elles entendent de la musique. Elles jouent avec moi". Le compositeur a donc écrit des partitions de plantes. "Par exemple l’arbre à soie, il joue une musique assez particulière, assez reposante. Autre exemple, Le bryophylum. Il a des notes régulières comme du blues". La musique mélodieuse produite par l’aubine qu’il diffuse sur les réseaux sociaux est carrément surprenante. "Mon travail artistique est donc d’enregistrer la plante, de décoder ses notes et son langage, pour jouer ensuite sa musique devant un public".
Régulièrement, Jean Hurter est invité dans des musées ou des jardins pour présenter ses travaux. "Le public est étonné de découvrir les propriétés musicales des plantes". Bien évidemment, ses concerts de musique végétale laissent place à une grande part d’improvisation. "Le pétunia, la kalanchoé et la mauve ne connaissent pas le solfège, mais je peux vous assurer qu’ils savent très bien chanter".
Alors les plantes nous parlent-elles ? Essayent-elles de communiquer avec nous ? Jean Hurter en est persuadé. "Nous ne sommes qu’au début de futures découvertes qui vont révolutionner notre façon de voir notre environnement", conclut-il.
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