Depuis six ans, une nouvelle pratique thérapeutique non conventionnelle débarque en France : le tambour unité. Il s'agit d’une pratique chamanique venue des Indiens du Canada censée libérer l’énergie vitale qui est en nous. Nous l'avons testé pour vous.
Le tambour est l'instrument privilégié des pratiques chamaniques, qu'elles viennent d'Amérique, d'Asie, d'Afrique ou d'Océanie. Son utilisation par des thérapeutes non conventionnels est connue en Europe depuis de très nombreuses années. En frappant sur son tambour, le praticien cherche à se caler sur le rythme du cœur du patient pour "libérer les énergies".
En 2017, Jacques Nadon, un artisan fabricant de tambours du Québec, a une révélation. "Et si je fabriquais un immense tambour de la taille d'un homme pour que le corps vibre de la tête au pied ?". Le tambour unité est né. C'est le plus grand tambour de soin utilisable au monde. Un succès international qui touche surtout la France, où 260 praticiens l'utilisent, la Suisse et la Belgique.
507 tambours unité ont pour l'instant été vendus à travers le monde. Sur son site internet, Jacques Nadon indique que "10 minutes de tambour unité équivalent à quatre à cinq heures de méditation".
Son utilisation est relativement simple. Il suffit de le placer à l'horizontale au-dessus du patient qui est couché sur une table de massage ou à la verticale, face à lui, s'il est assis.
Stéphanie Chauvin est thérapeute énergéticienne à Durningen (Bas-Rhin). Elle est connue dans son milieu professionnel pour avoir déployé "la youpitude". Elle propose dans ce cadre des soins avec le tambour unité depuis 2021.
L'expérience du tambour unité
Une séance dure une heure et demie. Elle s'accompagne d'un entretien préalable, d'une mise en condition à la méditation, d'un nettoyage des chakras, du soin chamanique avec le tambour puis d'un temps de relaxation. Elle explique "qu'il ne s'agit pas d'une pratique rituelle, qu'elle n'est pas chamane". Que l'objectif de l'exercice est de libérer l'énergie vitale en créant des failles, ce qui va permettre "de supprimer les tensions ou les blocages". Elle conclut : "toutes les cellules du corps vont vibrer en même temps. Ce sera une reconnexion avec sa vibration originelle, une sorte de grand reset de ce qui est venu nous polluer."
Lorsque le tambour commence à jouer, il débute sur la cadence du cœur "boum boum", pour ensuite légèrement accélérer, "boum boum, boum boum". Cela donne le sentiment d'être dans le ventre de sa mère "avant sa naissance". Cette résonance particulière assomme. Elle place le patient dans un état de semi-conscience, un peu comme dans l'hypnose. Étrangement, sous l'effet des vibrations intenses, le corps se relâche. Tout bouge ! Le cerveau, les organes, les muscles… Sous le tambour, le bruit est sourd, fort. Les chants et les incantations de la thérapeute qui cherche à se "connecter avec les esprits" semblent très lointains, comme un écho. "Cela doit réveiller en nous, notre mémoire cellulaire et ancestrale", prévient Stéphanie.
Et c'est vrai que les vibrations émises par le tambour donnent l'impression d'être dans un cocon sonore qui enveloppe. Les fréquences semblent toucher uniformément tout le corps : impossible d'en réchapper. L'expérience n'est pas forcément très agréable, car le lâcher-prise est total. Peur de la perte de contrôle. Les yeux pleurent.
Est-ce sous l'effet des badaboums, des coups de mailloches, pour se protéger, que le cerveau propose effectivement des couleurs et des images insolites ? Impossible de le savoir. Le soin s'achève par la résonance d'un plus petit tambour au-dessus du grand, il a la vertu de ramener doucement à la réalité. Au total, environ trente minutes uniquement sous cet immense tambour, mais c'est bien suffisant. On en sort rincé, même si l'expérience est réellement étonnante.
Il faut quelques minutes pour pouvoir se relever. Les vibrations ont été tellement fortes que le corps vibre encore après la séance. Le son de sa voix change, c'est drôle. Le sentiment d’une douche de l’intérieur, mais d'être légèrement saoul aussi, désinhibé. Ceux qui ont l'habitude de méditer, retrouveront cette même sensation de flottement.
Stéphanie Chauvin explique que les bénéfices remarqués après un soin sont notamment "le relâchement des tensions musculaires, l'apaisement des douleurs, la positive attitude, l'amélioration du sommeil ou la clarté de l’esprit".
Une séance coûte 80 euros. "Un soin à distance" est tout à fait possible, ajoute Stéphanie. Le tambour unité est une thérapie non conventionnelle. Elle n'est absolument pas reconnue par les services officiels de santé et ses vertus ne sont pas prouvées. Les thérapeutes qui utilisent un tambour unité doivent avoir été formés pour son utilisation. Des formations sont organisées au Canada ou en France.
"Le tambour unité est un outil sacré"
Chaque tambour unité est unique. "Le mien a été conçu sur mon feu intérieur et sur mes énergies, explique Stéphanie Chauvin. C'est pour cette raison que je ne le prête pas, et que personne d’autre que moi ne peut l'utiliser. Il serait inopérant."
Ils sont fabriqués artisanalement et peints à la main à Sainte-Anne-les-Lacs, près de Prévost, au Québec, seul endroit au monde où ils sont conçus. Un tambour unité mesure 1,83 mètre de hauteur.
La peau du tambour est celle d'un wapiti de l'ouest du Canada, réputée par les Amérindiens pour sa très forte résistance et son exceptionnelle réverbération du son. Le cadre est en cèdre connu pour sa légèreté et sa tonicité. Un tambour unité, selon les modèles, coûte environ 1 800 euros.
Son fabricant explique que "le tambour est le premier son des indigènes, l'un des premiers instruments de l'humanité". Il considère que son "tambour unité est un outil sacré et que sa construction est un rituel à part entière, visant à lui donner la force sacrée".
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