Mode et handicap : comment une Alsacienne conçoit des vêtements "pratiques mais esthétiques"

Soigner son look quand on souffre de handicaps : un vrai défi que Laurie Thébault veut relever en mettant en relation des couturiers, des aidants, des personnes handicapées. Son Labo indigo a pour but de concevoir des pièces uniques, mais aussi de trouver des astuces à partager. Elle a lancé une campagne de financement participatif.

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Gabrielle Arnould a 37 ans et se définit elle-même comme quelqu'un de glamour. "J'ai commencé tard à prendre soin de moi, de mon apparence... Mais aujourd'hui, oui, j'ai envie d'être élégante, de trouver des vêtements à mon goût." Et c'est pour elle loin d'être facile. Car Gabrielle est née grande prématurée et en a gardé de lourdes séquelles physiques. Elle évolue en fauteuil roulant, sa motricité fine est entravée. Alors fermer des boutons, faire coulisser une fermeture éclair, enfiler des vêtements près du corps sans les abîmer, sont autant de défis sur lesquels l'industrie du prêt-à-porter tarde sérieusement à se pencher. 

"Dans les boutiques, quand je repère quelque chose qui me plaît, il y a toujours un truc qui cloche, explique la mère de famille. La robe trop longue, qui se prend dans les roues. La fermeture éclair dans le dos, impossible à atteindre. Les bretelles qui glissent ou les poches à l'arrière des pantalons qui finissent par m'irriter puisque je suis toujours assise."

Une difficulté au quotidien dont Laurie Thébault a voulu s'emparer. "J'ai toujours aimé la couture, le fait-main, explique la jeune trentenaire. Et puis un jour, j'ai vu la vidéo d'une Américaine très active, qui a perdu assez brutalement l'usage de ses bras, et qui partageait son combat pour garder du style malgré son handicap. Et ça fait tilt."

Mais la mode n'est pas son métier. Elle, son truc, c'est de porter des projets, mettre les bonnes personnes en contact, remuer ciel et terre pour faire avancer ses idées. Investie dans l'économie sociale et solidaire, elle sait créer du réseau et décide donc de mettre ses compétences au service de cette idée : faciliter l'accès des personnes handicapées à des vêtements "pratiques mais esthétiques".

On veut trouver des astuces pour chaque problème, et pouvoir les partager au plus grand nombre

Laurie Thébault, fondatrice du labo indigo

Son Labo indigo - "une couleur très jolie mais qu'on oublie souvent, un mélange de bleu, qui symbolise le handicap, et le violet pour le style, le look" - est né en 2021. Cette structure permet de mettre en relation des personnes handicapées et des couturiers pour élaborer un vêtement sur-mesure, qui corresponde vraiment aux goûts et aux envies de chacun, en l'adaptant au handicap et aux difficultés qu'il entraîne.

Des vêtements sur-mesure, faute de prêt-à-porter 

Ainsi Manue, handicapée moteur, qui souffre également d'un lymphoedème au bras et a subi l'ablation d'un sein. Elle rêvait d'une tenue de mariage pour son frère et ne la trouvait pas dans le commerce. Alors Laurie a fait appel à Benjamin et Cédric, couturiers de la maison James et ViviAnn du Fermoir de Monsac. Avec l'aide d'un ergothérapeute et de la maman de Manue, ils ont travaillé à la confection de la robe de ses rêves. Et l'ont fabriquée.

Benjamin et Cédric travaillent maintenant sur le projet de Gabrielle : créer une tenue, robe et veste "assez élégante pour une soirée, mais adaptée aussi au quotidien. Pas de bretelles parce qu'elles glissent tout le temps. Et une veste qui n'a pas besoin d'être fermée pour être classe". Et à nouveau un petit groupe de travail réfléchit au design de la tenue unique.

Le Labo indigo a déjà lancé une demi-douzaine de projets individuels de ce type. Ils coûtent à chaque fois plusieurs centaines d'euros. Alors, pour pouvoir en lancer de nouveaux, la petite équipe a lancé une cagnotte participative.

Bientôt un défilé ?

"L'idée, c'est également de pouvoir financer un peu de matériel vidéo. On veut pouvoir partager les astuces que nous trouvons, des tutos, pour que la couturière du dimanche puisse elle aussi s'inspirer des solutions que nous trouvons à chacun de nos projets. 

Nous voulons sensibiliser le plus largement possible. Les jeunes couturières en formation aussi, pour qu'elles aient cette problématique en tête. Et pourquoi pas aussi, petit à petit, que le prêt-à-porter intègre ces problématiques."

Une cagnotte pour récolter 5.000 euros. Et pourquoi pas un peu plus. Pour financer aussi ce que la trentaine de personnes mobilisée jusque là autour du Labo indigo verrait comme la cerise sur le gâteau : un défilé. Pour que Manue, Gabrielle et les autres puissent porter leurs beaux vêtements sous l'oeil du public.

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