Pendant tout le mois de novembre, l'opération "Mois sans tabac" propose de nombreuses solutions pour arrêter de fumer. L'hypnose en est une. Une méthode efficace à condition de faire preuve de volonté.
Avec 1.200.000 fumeurs quotidiens, le Grand Est est une des régions les plus concernées par le tabagisme en France. Pourtant, les méthodes pour arrêter de fumer sont nombreuses : patch ou chewing-gum à la nicotine, cigarette électronique, acupuncture... Depuis plusieurs années déjà, l'hypnose gagne en popularité auprès des personnes qui souhaitent se débarrasser de la cigarette.
En Alsace, une petite dizaine de praticiens proposent des séances d'hypnose pour mettre fin à l'addiction au tabac. C'est le cas de Liliane Hoog. Cette hypnothérapeute, installée dans son cabinet de Mulhouse depuis 2011, est elle-même une ancienne fumeuse, et a testé l'hypnose avant de commencer son activité.
Auparavant aide-soignante, elle a décidé de ne plus fumer pendant ses études pour devenir thérapeute: "Avec mes camarades, nous avons essayé l'hypnose entre nous. Je ne voulais pas pratiquer tout en sentant la cigarette!"
Sans volonté, impossible d'arrêter
Depuis dix ans, Liliane Hoog propose donc l'hypnose pour en finir avec le tabac : "La plupart du temps, une séance suffit. Mais souvent, et je m'en suis rendu compte avec le temps, le tabagisme cache un mal plus profond. Avant toute chose, il faut résoudre ce problème, qui peut venir de l'enfance, ou du foyer familial..."
Dans ce cas, la praticienne invite les patients à revenir après avoir réfléchi. "Si on se dit 'J'arrête de fumer, et tout ira mieux', ça ne va pas le faire", appuie Liliane Hoog. D'autant plus que pour que l'hypnose fasse effet, le patient doit être réceptif. Mais, comme pour toutes les autres méthodes, une condition est demandée : avoir de la volonté.
Avec le patient, nous calculons le nombre de cigarettes fumées depuis la première, et combien ça lui a coûté
Liliane HoogHypnothérapeute à Mulhouse
C'est ce que martèle Laurence Kurtz, hypnothérapeute à Obernai, dans le Bas-Rhin : "Pour que cela fonctionne, il faut absolument vouloir arrêter la cigarette, et ne pas s'imaginer que c'est magique!" En effet, l'hypnose reste une pratique thérapeutique, qui s'étudie et s'apprend.
Lors d'une séance, Liliane Hoog prend le temps avec ses patients, et procède à un interrogatoire : "Pendant une heure, j'explique ce qu'il va se passer, et je demande au patient les raisons qui le pousse à être ici, je l'invite à se souvenir de sa première cigarette, nous calculons ensemble le nombre de cigarettes fumées sur toute une vie, combien ça lui a coûté..."
Les gens font moins l'assimilation avec l'hypnose de spectacle, alors que ce n'est pas du tout la même chose
Laurence KurtzHypnothérapeute à Obernai
Cet interrogatoire doit permettre à l'hypnothérapeute de rechercher de la confiance chez le patient, et à l'inviter à penser autrement. Une confiance qui grandit chez les fumeurs, et ce grâce au bouche-à-oreille : "Si l'hypnose a été efficace chez une personne, elle va la conseiller à ses amis fumeurs. Aussi, les gens font moins l'assimilation avec l'hypnose de spectacle, qui a nui à la réputation de la pratique, alors que ce n'est pas du tout la même chose", note Laurence Kurtz.
Après cet échange, les patients rentrent dans un état de trance hypnotique : "Le cerveau ne fait plus la différence entre ce qu'il voit et ce qu'il imagine. Il ne sait pas que ce qu'il se passe n'existe pas. C'est là que la séance proprement dite commence", détaille Liliane Hoog.
70% d'efficacité après une séance
S'il est difficile de chiffrer la réussite de l'hypnose, la praticienne mulhousienne tient une étude tous les ans auprès de ses patients. D'après elle, 70% de ses patients arrêtent le tabac au bout d'une séance : "J'ai eu le cas d'un monsieur qui fumait trois paquets par jour, et qui n'a pas retouché à une cigarette en sortant de mon cabinet."
Liliane Hoog et Laurence Kurtz sont installées depuis respectivement dix et cinq ans. Et toutes les deux partagent le même constat sur l'évolution de la pratique : "Les protocoles ont beaucoup évolué en dix ans, et j'ai changé ma pratique par rapport à mes débuts. J'ai beaucoup plus d'assurance et de confiance en ce que je fais", constate la première. "Énormément de thérapeutes ont été formés, les gens se rendent compte de l'efficacité de la méthode", se réjouit Laurence Kurtz.
D'après l'Agence Régionale de Santé (ARS) du Grand Est, 55% des fumeurs déclarent avoir envie d'arrêter la cigarette. En novembre, l'opération "Mois sans tabac", plus de 100 actions sont proposées dans toute la région.