Violences après la mort de Nahel : depuis les émeutes, les commerces strasbourgeois vandalisés n'ont pas encore touché d'indemnisation

Les violences urbaines consécutives à la mort du jeune Nahel lors d'un contrôle de police ont fortement impacté certains commerçants strasbourgeois. Mais depuis près d'un mois, ils n'ont toujours pas touché d'aide financière. Exemple, le Café de l'Opéra.

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Les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier durant un contrôle routier, le 27 juin dernier à Nanterre, ont causé de très importants dégâts dans toute la France. A Strasbourg, durant la seule journée du 30 juin, une dizaine de commerces du centre-ville ont été gravement touchés.  

Depuis, ces établissements doivent faire face à de lourdes dépenses. Mais malgré la promesse du gouvernement d'accélérer les procédures d'indemnisation, aucune aide financière ne leur a été versée jusqu'à aujourd'hui, ni par les pouvoirs publics, ni par les assurances.  

Parmi les commerces concernés, le Café de l'Opéra est le seul restaurant. Un lieu emblématique au cœur de la ville, installé dans le bâtiment de l'Opéra du Rhin, place Broglie. Sa terrasse a été vandalisée, et le gérant a dû fermer durant deux semaines pour réparer les dégâts. Il connaît de graves problèmes de trésorerie, mais n'a pas encore touché le moindre centime.

Une terrasse vandalisée

En fin de soirée, l'année durant, le Café de l'Opéra est fréquenté par les mélomanes, qui viennent y boire un verre en sortant de la salle de spectacle. Mais l'été, c'est sa terrasse qui est plébiscitée, pour y manger un morceau en se prélassant à l'ombre des colonnes massives du bâtiment.

Le 30 juin dernier, cette terrasse a subi les assauts d'une foule de jeunes révoltés. Tables aplaties, chaises cassées, parasols démantelés, jetés cinquante mètres plus loin. Et portes vitrées qui mènent au hall de l'opéra brisées. "C'était très impressionnant. J'étais présent, et les salariés aussi" raconte David Long, le gérant du café.

Au vu des dégâts, il a immédiatement fermé son établissement durant deux semaines. "Ça porte un coup à la trésorerie, déplore-t-il. Et pour rouvrir rapidement, on a dû faire des avances en interne. Donc aujourd'hui, on est très fragilisés."

Outre les dépenses pour les réparations urgentes, il a subi des pertes matérielles. "On a fermé brusquement après les émeutes. Mais comme on fait une cuisine à 100% maison, on ne travaille qu'avec des produits frais. Tous ces produits ont dû être jetés, et forcément rachetés pour relancer l'activité" explique-t-il.

Le Café de l'Opéra a rouvert le 17 juillet, sa terrasse, équipée d'un mobilier de bric et de broc, prêté par des collègues compatissants. Un compromis indispensable. "En plein mois de juillet, 99,9% de nos clients viennent pour profiter de la terrasse, manger sur les marches ou sur notre terrasse estivale sur la place précise David Long. Personne ne vient manger à l'intérieur d'un restaurant en été." 

Les habitués sont revenus. Mais durant les vacances, c'est plus calme, car "l'opéra est en congés, il y a donc aussi une grosse partie de notre activité qui ne tourne plus."

Une première aide promise pour début août

Pour toutes ces raisons, David Long se sent aujourd'hui "complètement coincé financièrement." D'ici la fin du mois, il doit verser des salaires, payer le loyer à la Ville de Strasbourg. Et ses fournisseurs attendent également.

Or, son assurance n'a encore rien débloqué, malgré l'enregistrement du sinistre dès le 5 juillet dernier, "un échange sans fin de mails" et l'envoi de tous les documents nécessaires, factures, photos et liste des denrées perdues. "Je ne sais vraiment pas ce qui coince" soupire le gérant, découragé.

Sur un post publié le 25 juillet, sur sa page Facebook, le Café de l'Opéra résumait sa situation. "Après quasiment un mois depuis les événements, aucune aide, acompte ou avance n'a été versé sous quelque forme que ce soit, par aucune institution, ni assurance (…) Pas un centime n'a été donné au Café de l'Opéra, ni pour l'indemniser, ni pour lui permettre de se relancer."

Ce post a été supprimé ce 26 juillet dans l'après-midi. Car soudain, une première annonce concrète a mis un peu de baume au cœur de David Long. Par le biais de la CCI (Chambre de commerce et d'industrie), il a appris qu' "une aide d'urgence de la part de la Région Grand Est arrivera durant la première quinzaine d'août." Une aide provenant vraisemblablement du fonds d'aide d'urgence d'un montant global de 5 millions d'euros "à destination des artisans et commerçants de moins de 20 salariés impactés par les émeutes", voté par la Région dès le 7 juillet.

David Long n'en connaît encore ni la forme, ni le montant exact (dans les 10 000, voire 15 000 euros). Mais la nouvelle a suffi à lui redonner le sourire. "Aujourd'hui, tout me va. J'ai besoin de trésorerie, j'ai des factures à payer, des parasols à acheter, donc tout me va" résume-t-il.

Mais il avoue qu'il préférerait une véritable subvention à une simple avance. Pour éviter de s'endetter davantage, alors qu'il est encore en train de rembourser le PGE (prêt garanti par l'Etat) accordé durant la crise du Covid.

  

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