Classé espèce protégée en 1968, quasi disparu à ce moment là, le castor a été réintroduit partout en France et en Alsace. Il se porte bien désormais et continue sa colonisation. C'est l'objet d'une conférence donnée par le Gepma, Groupe d'étude et de protection des mammifères d'Alsace.
Mieux connaître le castor pour permettre une meilleure cohabitation entre l'homme et ces mammifères nocturnes et semi-aquatiques. C'est tout l'enjeu des travaux et études menés par le groupe d'études et de protection des mammifères d'Alsace (Gepma). Parce que si le plus gros rongeur d'Europe est aujourd'hui à nouveau présent en Alsace et en France, il a frôlé l'extinction dans les années 1960, chassé pour sa chair, sa fourrure et le castoreum, une sécrétion de l'animal, huileuse et odorante.
Espèce Protégée depuis 1968, cet herbivore est réintroduit dans la région dans les années 1970, d'abord du côté de Mackenheim et d'Artolsheim puis un peu partout. Une cinquantaine d'individus répartis sur le territoire. Cinq programmes de réintroduction ont ainsi été menés entre 1970 et 2012. Une stratégie payante puisqu'en 2014, on dénombrait 400 castors en Alsace, même s'il est difficile de faire un comptage exhaustif, le mammifère est craintif et ne sort que la nuit.
Des indices de présence visibles l'hiver
Aujourd'hui, le castor est bien implanté sur la Largue, la Doller, l’Ill, La Lauch, Le Giessen, La Bande Rhénane et la Moder. Rejoint par des spécimens venus d'Allemagne, de Belgique, et du Luxembourg. "Ce qui favorise un brassage génétique et ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour la survie de l'espèce", sourit Aurélie Bisch, chargée de mission au Gepma.
D'où l'intérêt de réaliser des prospections. Chaque hiver avant que la nature ne reprenne ses droits et ne rende les abords des rivières moins accessibles, des bénévoles partent à la recherche des indices de présence des castors : les barrages construits sur l'eau, les terriers et les huttes dans lesquels le mammifère monogame habite et se reproduit. Les chantiers, aussi permettent de révéler la présence de ces animaux, ce sont ces morceaux de forêt qui servent de réservoir de nourriture. Le castor en effet ne mange exclusivement que de l'écorce d'arbres, des tiges, des plantes. "L'objectif de ces prospections, c'est de mieux connaître ses habitudes de vie pour permettre un meilleure cohabitation avec l'homme", explique Aurélie Bisch.
Un plan régional d'actions
En effet, depuis le début des années 2000 des dommages causés par la présence du castor ont été signalés. Des inondations de champs liés à la construction des barrages et des vergers abîmés entre autres. Un plan régional d'actions a donc été élaboré. Pour sensibiliser et communiquer d'abord. "Nous avons mis en place une mallette pédagogique à destination des écoles avec une partie conférence en classe et des ateliers extérieurs sur la découverte des indices de présence", détaille Aurélie Bisch. "Nous servons aussi de médiateurs. Par exemple, si on nous signale une inondation, on peut poser un siphon au niveau des barrages pour protéger les prairies, on peut poser des grillages autour des vergers attaqués, il faut vraiment que nous apprenions à cohabiter, des solutions existent."
Des solutions aussi pour limiter la mortalité routière. Au nord de Strasbourg sur l'A35 notamment, le nombre de collisions mortelles est important, 4 en 2018, 2 en 2019 et 2 en 2020. "Nous sommes allés poser un piège photo pour comprendre les comportements. Parce que nous avons mis en place une buse, un passage dédié au castor dans le prolongement de sa route depuis la rivière mais il s'obstine à ne pas l'emprunter", déplore Aurélie Bisch.
Pour les curieux, la jeune femme précise qu'une série d'événements sont prévus l'an prochain pour mieux connaître ce mammifère timide, les rencontres nationales autour du castor notamment qui auront lieu à Dole en février, si l'état sanitaire du pays le permet. Des animations grand public sont également prévues dans le cadre du printemps des castors.