Le crémant a la cote cette année pour les fêtes. Une qualité reconnue combinée à un prix compétitif, en pleine période d'inflation, expliquent l'effervescence autour de la boisson alsacienne dans les verres et dans les esprits. Les viticulteurs sont unanimes.
Ce sont les petites bulles qui montent, qui montent... à la tête et qui se font une place de choix dans le paysage des vins pétillants. En ce Noël 2022, le crémant d'Alsace semble s'être imposé comme LA boisson festive par excellence.
"Cette année, on frôlera ou on dépassera les 40 millions de bouteilles vendues, note Olivier Sohler, directeur de la Fédération des producteurs et élaborateurs de crémant d'Alsace. C'est du jamais vu. Le précédent record datait de 2019, avec 35 millions de bouteilles."
2022, année record qui confirme la tendance
Ces fêtes de fin d'année viennent donc confirmer une tendance de fond, celle de la montée en puissance du premier crémant de France, produit en Alsace, pour lequel l'AOC (Appellation d'origine contrôlée) a été attribuée en 1976. "Les précédents records dataient du début des années 2000, avec une croissance à deux chiffres. Depuis trois ans, en dehors de 2020 et la fermeture des établissements à cause du covid, on a retrouvé ces valeurs-là", relate Olivier Sohler.
Nos clients canadiens, particulièrement au Québec et en Ontario, sont très demandeurs.
Christian Beyer, viticulteur à Eguisheim
15% de ventes en plus en 2022, par rapport à une année 2021 déjà fructueuse. Le crémant progresse notamment à l'étranger. Christian Beyer, vigneron à Eguisheim, le confirme: "Nos clients canadiens, particulièrement au Québec et en Ontario, sont très demandeurs. On est sur une progression de 2 à 4% par an. C'est un vin qui s'est forgé une solide réputation depuis des décennies et on en récolte aujourd'hui les fruits."
En Alsace, le crémant cumule à lui seul un tiers des bouteilles écoulées sur le marché. C'est devenu un produit de marque, un emblème culinaire régional au même titre que la tarte flambée ou la choucroute. Et c'est le cas aussi dans les coupes des Alsaciens. "Il y a 20 ans, les restaurateurs ne proposaient qu'un type de crémant sur leur carte. Actuellement, il y a une multiplication de l'offre, avec des cuvées prestige qui se sont développées", constate encore Olivier Sohler.
Un rapport qualité-prix imbattable
En plus du volet qualitatif assorti à une bonne communication des viticulteurs, l'autre argument se trouve dans le porte-monnaie. "Même s'il y a une montée en gamme, le rapport qualité-prix, comparé au champagne, est incontestablement en faveur du crémant. Un kilo de raisin alsacien coûte en moyenne cinq fois moins cher qu'en Champagne."
Et si tous les producteurs subissent la hausse du prix des matières premières et de l'énergie, et qu'ils la répercutent, le pétillant alsacien conserve son avantage, surtout d'ailleurs en cette période d'inflation galopante. Le champagne aurait enregistré en 2022 une hausse de 6,3% en un an, selon un site spécialisé.
Pour Christian Beyer, le succès du crémant d'Alsace est aussi lié à des habitudes de consommation qui se sont renouvelées. "Les gens reviennent vers ces vins-là, qu'il s'agisse du champagne et des crémants de Bourgogne, tous cartonnent."
Une bonne nouvelle pour le vignoble alsacien qui aura l'occasion le 13 janvier prochain d'honorer sa nouvelle égérie à l'occasion d'un dîner, concocté notamment par deux chefs étoilés alsaciens, Marc Haeberlin et Olivier Nasti. Une soirée à 250 euros agrémentée de différents crémants locaux. Les bénéfices seront reversés à l’association Antoine Alléno, le fils du célèbre chef Yannick Alléno, décédé en mai dernier après avoir été percuté par une voiture.