Alsace Nature cherche à faire interdire un herbicide, le S-métolachlore, en s'attaquant aux dérogations préfectorales qui autorisent la consommation d'eau, malgré une teneur en pesticides supérieure à la norme de qualité.
"On est dans une impasse et il est temps qu'on en sorte", s'agace Daniel Reininger, le président d'Alsace Nature. L'association de protection de l'environnement a annoncé, ce mercredi 28 septembre, avoir déposé plusieurs recours au tribunal administratif de Strasbourg. Ils visent des dérogations préfectorales autorisant la consommation d'eau présentant des taux de métolachlore (un pesticide) au-delà des seuils fixés par la loi.
"Nous en avons déposé huit, les semaines passées et d'autres vont encore arriver pour les dérogations du Haut-Rhin. Cela concerne près de 500.000 habitants", explique t-il. L'objectif ? Faire interdire l'utilisation du "S-métolachlore", un herbicide utilisé notamment pour le maïs.
Depuis plusieurs mois, les services de l’État de ces deux départements multiplient les arrêtés pour autoriser les communes à consommer l’eau du robinet, malgré des taux supérieurs à la norme de qualité fixée à 0,1μg/litre.
C’est le cas par exemple dans la Communauté de communes de la Basse-Zorn (Bas-Rhin). En juillet dernier, le taux de "Metholachlore NOA", un résidu du "S-méthalochlore", a dépassé ce seuil, atteignant 0,3 μg/litre.
Un taux qui reste toutefois inférieur à la valeur maximale autorisée par les autorités de 3 μg/litre. "Ces traces sont mesurées à des teneurs très inférieures aux seuils sanitaires et ne présentent pas de risques pour la santé des consommateurs. L’eau peut donc être consommée sans restriction" écrivait l’intercommunalité sur sa page Facebook, le 29 juillet, pour rassurer les habitants.
Des dérogations sans distinction de personnes
Ces propos ne convainquent pas Daniel Reininger : "Ces dérogations posent problème. Elles ne font aucune distinction entre les personnes. Or, on sait que l’organisme ne réagit pas de la même manière aux produits quand il s’agit d’un enfant, d’une femme enceinte ou d’un adulte en bonne santé", explique ce militant qui est par ailleurs 2e vice-président du Comité de bassin à l’Agence de l’eau Rhin-Meuse.
L’avocat d’Alsace Nature, François Zind, assure aussi de son côté que rien ne permet d’affirmer que l’eau est saine : "Par exemple, il n’y a aucune étude qui permet d’affirmer que le taux de "Métolachlore NOA" [un autre résidu du "S-métolachlore" ndlr] présent dans l’eau n’est pas dangereux pour la santé. Il n’existe même pas de seuil maximal. C’est quand même un gros souci", détaille-t-il.
Contactée, la préfecture du Bas-Rhin n’a pas répondu à nos sollicitations à l’heure où sont rédigées ces lignes.