Deux jours après avoir été validé par le tribunal administratif de Nancy, le chantier du contournement de Châtenois (Bas-Rhin) a redémarré ce 29 février. Selon le président de la CEA, Frédéric Bierry, les travaux devraient être terminés fin 2024.
Depuis ce jeudi 29 février 2024, les chenilles et les pelleteuses sont de retour sur le chantier du contournement de Châtenois, qui était à l'arrêt depuis le 12 mai 2023. À l’époque, les travaux, déjà largement engagés, avaient été suspendus par le tribunal administratif de Strasbourg suite à un recours d'Alsace Nature.
Entretemps, en décembre dernier, une médiation entre cette fédération d'associations environnementales, l'Etat et la CEA (Collectivité européenne d'Alsace) avait permis d'aboutir à un accord : Alsace Nature acceptait que les travaux reprennent, car la CEA s'engageait à lui octroyer 97 hectares de terrains compensatoires, contre les 60 prévus initialement, en échange des 20 hectares qu'occupera la route (dont 7 pris sur des zones humides).
Présent sur le site pour officialiser la reprise du chantier, Frédéric Bierry s'est dit "soulagé" par ce redémarrage. "Il y a 40 ans, on parlait déjà de la déviation de Châtenois, a-t-il lancé. Parce que c'est une route classée 'grande liaison d'aménagement du territoire' pour créer un axe Alsace-Vosges."
Et de rappeler que ces quelques kilomètres de contournement sont destinés à "éviter le trafic dans Châtenois", bon nombre de bouchons "dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines et dans le val de Villé", et à supprimer "une partie du trafic de camions dans les cols vosgiens."
Un satisfecit largement partagé par le maire de Châtenois, Luc Adoneth, qui affirme qu'aujourd'hui, ses "administrés sont heureux. Les gens sont vraiment soulagés, et j'ai eu un tas de messages de satisfaction quand la décision de la cour est tombée", s'exclame-t-il. "Ils voient le début d'un commencement d'une vie plus paisible et d'un déplacement, pour aller à leur travail, plus simple et plus rapide (…) Ces gens rajoutaient une heure de trajet à leur planning quotidien, matin et soir une demi-heure de bouchons."
Alsace Nature, contents mais prudents
Du côté d'Alsace Nature, les 37 hectares compensatoires supplémentaires obtenus satisfont son directeur, Stéphane Giraud. Sur le papier, l'accord trouvé lui semble correct.
"On a essayé d'améliorer ces compensations, à la fois sur le volet des zones humides mais aussi des espèces protégées. Donc on a augmenté le nombre de surfaces nécessaires à la prise en compte de ces espèces protégées" explique-t-il.
Toutefois, il reste prudent, en rappelant que "la biologie n'est jamais une science mathématique. On peut aménager le plus beau milieu du monde et ne pas avoir forcément les espèces qui viennent pour une multitude d'autres raisons." Alsace Nature suivra donc de très près la mise en œuvre de ces mesures compensatoires, et l'évolution de la faune et de la flore du secteur dans les années à venir.
Mais pour lui, la leçon principale à tirer du feuilleton de ce chantier, commencé dès la fin de l'été 2019, est l'importance "d'ouvrir de vrais espaces de dialogues en amont. Pas là où le projet est ficelé et où on nous demande juste de donner un avis."
Ceci permettrait de trouver, dès le départ d'un projet d'aménagement ou de construction, un consensus satisfaisant pour tous. Et éviter ainsi des délais et des dépenses inutiles, comme pour ce contournement de Châtenois, dont le coût s'est alourdi de 2 millions d'euros.