Pourquoi l'Alsace gaspille moins d'eau potable que le reste de la France

Faire la chasse aux fuites d’eau dans les réseaux est l’une des stratégies pour gérer la ressource en eau et économiser l’eau potable. En la matière, l’Alsace est plutôt bonne élève, grâce notamment au dépistage de fuites et à la modernisation des canalisations.

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Casque sur les oreilles, Jérôme Bedel écoute le trottoir. Ou plutôt ce qu’il se passe sous le trottoir. Il est chercheur de fuites au SDEA, le syndicat des eaux et de l’assainissement d’Alsace-Moselle. Ce jour-là, à Sélestat (Bas-Rhin), sa mission est de s’assurer qu’il n’y a pas de déperdition d’eau dans les canalisations.

Pour traquer les gouttes perdues, la ville alsacienne est équipée d’une centaine de sondes, réparties tous les kilomètres environ. Glissées dans les sous-sols, elles permettent de détecter les fuites et de déterminer le périmètre dans lesquelles les rechercher. "Ce sont des pré-localisateurs de fuites, explique Jérôme Bedel. Les sondes sont programmées pour entendre le son du réseau la nuit pour trouver des fuites. C’est comme un micro."

Les données enregistrées par ces sondes sont ensuite automatiquement transmises sur un serveur pour être analysées, afin de confirmer la présence d’éventuelles fuites à réparer. Chef de projet au SDEA, Hugo Baron nous montre un schéma attestant justement de la présence de fuites. "Quand il n’y a pas de problèmes, le bruit est très faible. Mais si on observe une hausse sensible et continue de ce bruit, cela peut être signe d’une fuite qui est apparue et qu’il va falloir traiter", décrypte-t-il.

En un an, ce système d’écoute préventive a permis à la ville de Sélestat de réduire le nombre de fuites et d’économiser 200 000 mètres cubes d’eau potable, soit l'équivalent du volume de 80 piscines olympiques.

Comme Sélestat, beaucoup de municipalités alsaciennes se sont saisies du problème. Avec des résultats efficaces : l’Alsace gaspille moins d'eau potable que l'ensemble de la moyenne nationale. Avec un rendement à 86%, le Bas-Rhin perd un peu moins d’eau que le Haut-Rhin dont le rendement s’établit à 81%, contre 81,9% à l’échelle de la France.

L’enjeu est de taille. En 2022, l’observatoire national des services d’eau estimait que le taux de fuite moyen dans les réseaux de distribution était de 20% : un litre d’eau sur cinq s’échappe donc des tuyaux et n’arrive pas à destination.

Des canalisations vieilles de 140 ans

Pour enrayer le problème, l’agglomération de Mulhouse, qui regroupe 34 communes, a entrepris de renouveler tout son réseau. Le chantier est en cours et il est pharaonique : il reste 700 kilomètres de tuyaux à renouveler. Des canalisations parmi les plus anciennes de France. En Alsace, les réseaux d’eau ont été posés par les Allemands à la fin du XIXe siècle. S’ils figurent parmi les plus vieux du territoire, ils ne sont pas pour autant les plus dégradés.

"À Mulhouse, certaines conduites toujours en place remontent à 1884 et tiennent encore très bien", constate le directeur adjoint de la régie de l’eau de l'agglomération mulhousienne M2A, Mickaël Freudenreich. Pour nous le prouver, il nous montre une ancienne conduite, longue de 4 kilomètres, retirée en 2022. Par endroits, elle présente de gros dégâts dus à la rouille. "Mais deux tiers de cette canalisation auraient pu durer encore 30 ans, observe Mickaël Freudenreich. Cela aurait poussé sa durée de service à 170 ans." 

Ces anciennes canalisations étaient en fonte grise, un matériau qui s’abîme sous l’effet de la corrosion, des vibrations ou des mouvements du sol, jusqu’à entraîner la rupture du métal. Les nouvelles installations sont conçues en fonte ductile, un matériau plus résistant qui se déforme au lieu de se casser en cas de défaut ou d’impact.

En évitant ainsi le gaspillage d’eau potable, ces travaux de rénovation permettent du coup d’envisager l’extension du réseau d’eau potable aux communes qui n'y sont pas raccordées. "Plus on arrivera à optimiser le pompage de l’eau, plus on pourra permettre à certains territoires d’avoir une eau de qualité, ce qui n’est pas encore le cas pour toutes les communes aujourd’hui", explique Florence Fuchs-Jesslen, directrice générale adjointe à la M2A chargée de la régie de l’eau.

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