A l’approche du printemps, les haies sont des lieux particulièrement sensibles. Véritable écosystème, elles abritent, entre autres, les nids de nombreuses espèces d’oiseaux. Mieux vaut garder le sécateur dans l’abri de jardin.
Douceur, soleil et piaillements d’oiseaux : pas de doute, ça sent le printemps. Période bénie pour les jardiniers qui retrouvent binettes et sécateurs, cette saison l’est aussi pour la faune locale qui niche, notamment, dans les haies.
Ces structures végétales associent bien souvent des arbres, des arbustes et des arbrisseaux. Certaines plantes indigènes y poussent également faisant de cet ensemble un véritable écosystème. Elles servent de brise-vent et de brise-vue. Elles maintiennent le sol grâce à leur système racinaire et assurent un climat propice par le soleil et l'ombre qu'elles laissent passer.
Pour la faune, les haies sont essentielles tout au long de l’année, et de manière plus beaucoup cruciale, au printemps et en été, époque de nidification et de reproduction.
Une interdiction légale dans les campagnes
C’est par arrêté préfectoral que la taille des haies est interdite dans les communes rurales à compter du 1er avril. En application d'un article du code rural et de la pêche maritime, la taille des haies et des arbres est interdite jusqu'au 31 juillet sous peine d'amende.
Cette législation concerne les agents communaux, les collectivités et les agriculteurs. "En revanche, pour les particuliers, rien n'est obligatoire", précise Cathy Zell, chargée de communication de la LPO d'Alsace, "c'est pour cela que nous faisons de la sensibilisation".
Gîtes et couverts
En Alsace, comme dans le reste de la France, les jardiniers remettent le nez dehors aux beaux jours. Rien d'anormal bien sûr sauf qu'en Alsace, explique Cathy Zell, "il y a une furieuse envie de faire propre dans le jardin". Or, elle le martèle : "à partir de la mi-mars, il faut laisser les sécateurs dans l'appentis de jardin!"
La raison de cette discipline se trouve dans les branchages ou au pied des arbustes : "Le printemps est une période nidification et de reproduction pour la faune locale".
Et il y a du monde à tous les étages : "Le rouge-gorge familier, le troglodyte mignon ou l'accenteur mouchet nichent près du sol. A mi-hauteur, on retrouve le merle noir, les fauvettes des jardins, à tête noire et babillarde, ou encore le verdier d’Europe. La grive litorne, elle, préfère la hauteur des arbres", détaille Cathy Zell.
Les haies servent aussi de sites de reproduction pour les mammifères : "les hérissons mettent souvent bas dans les branchages, au pied de ces haies", explique Cathy Zell.
Résister à la tentation du sécateur
Pour toutes ces raisons, Cathy Zell incite les jardiniers à la plus grande prudence : "Quand on sort dans son jardin a près l'hiver, le mieux est de ne pas sortir armé de son sécateur. Il faut prendre le temps de regarder son jardin, de l'observer pour y voir où il y a de la vie"
Pour celles et ceux qui ont une haie de tuya, autrement dit un désert biologique, il est bon de laisser un espace en marge pour permettre à la faune d'y trouver refuge.
"Trop souvent, on voit arriver des gens avec des larmes et des orvets coupés en deux ou des hérissons blessés par une tondeuse ou un coup de sécateur malheureux", raconte-t-elle, "mais c'est trop tard".
Moralité : "Pour bien faire, on ne touche plus les haies à partir du 15 mars et jusque fin août, idéalement septembre", assène-t-elle.
Mieux vaut prévenir que guérir : l'an dernier, la LPO d'Alsace a récupéré quelques 800 hérissons blessés, la plupart scalpés.