L'Alsace n'a pas échappé à cette vague de pièges installés par ceux qui veulent les exclure des forêts. La Mountain bikers foundation appelle les pratiquants à signer un manifeste pour pacifier les relations entre usagers des espaces naturels.
Le dernier incident remonte au mois de janvier : c'est cette fois une promeneuse qui, en forêt de Gries dans le Bas-Rhin, a marché sur un piège, constitué d'une planche cloutée. La cible, comme à de nombreuses reprises ces derniers mois : les VTT, que certains veulent voir interdits sur les sentiers forestiers.
En 2021, une pétition avait été lancée sur le massif vosgien suite à un grave accident impliquant un jeune cycliste piégé sur un sentier. Elle avait réuni plus de 10.000 signatures pour réclamer le droit à la pratique du VTT en toute sécurité et réaffirmer l'engagement des pratiquants à respecter la nature et tous ses usagers.
Alors que la fréquentation sur les sentiers va augmenter avec le printemps, c'est cette fois la Mountain bikers foundation qui lance un appel au bon usage partagé des espaces naturels, sous la forme d'un manifeste à signer partout en France. "Au-delà des pièges, qui ont beaucoup fait monter la tension, notre priorité est de prendre notre place dans les discussions autour du partage apaisé des sentiers, avec tous les acteurs qui pèsent, les chasseurs, le club vosgien pour la randonnée, l'ONF, les mairies", explique Ludovic Lechner, à la tête de la section régionale de la MBF.
Cette association nationale, regroupe les différents acteurs de la communauté VTT, les guides et moniteurs, les professionnels de la vente, de la location, et les pratiquants dans toute leur diversité, de ceux qui aiment aller rouler en forêt le dimanche en famille aux licenciés des clubs.
500.000 pratiquants dans le massif vosgien
"Dans le massif vosgien, il y a un potentiel de 500.000 vttistes, estime Ludovic Lechner. Et notre section est d'autant plus forte que ce territoire concentre beaucoup de ces problématiques de partage de l'espace. Les randonneurs, les chasseurs, les exploitants forestiers sont des lobbys importants.
A nous de prendre aussi notre place dans le débat et de nous faire entendre, car nous avons légalement autant accès aux sentiers que les autres usagers, contrairement à ce qui est régulièrement relayé. Le code de l'environnement est clair : nous ne sommes pas motorisés, nous avons accès aux sentiers existants! Historiquement, les messages étaient : les VTT sont tolérés. Mais c'est faux, légalement, nous sommes autorisés. Il n'y pas, comme en Allemagne ou en Autriche, de règlementation pour nous interdire l'accès à certains sentiers."
L'Alsace, laboratoire de solutions
Mais pour devenir un interlocuteur crédible et écouté, la communauté VTT doit aussi s'engager dans une pratique responsable. "Le manifeste est aussi un appel dans notre propre communauté, à respecter l'environnement et les autres usagers. Pour se faire entendre, il faut être irréprochable dans notre pratique. Cette campagne est donc autant un appel aux pouvoirs publics de nous prendre en compte, qu'à nos propres membres, pour qu'ils soient respectueux des bons usages."
En Alsace, si les tensions existent, des avancées doivent aussi être soulignées, insiste Ludovic Lechner. "Les chantiers d'entretien des sentiers par exemple se multiplient, en partenariat avec le club vosgien, parfois l'ONF... Sur certains territoires, nous arrivons à travailler tous ensemble." Le manifeste, s'il est largement signé, viendra comme un argument de plus pour intégrer le VTT dans le paysage plutôt que de vouloir l'en exclure.