RECIT. Violences familiales: on vous raconte le parcours d'une victime, de son arrivée au commissariat à son dépôt de plainte

C'est un parcours long et compliqué souvent. Arriver à pousser la porte d'un commissariat et porter plainte après avoir été victime de violences intrafamiliales. Nous vous expliquons comment se passe tout le processus et la prise en charge par les policiers.

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Une femme se présente au commissariat. Appelons-la Eva. Elle a réussi ce jour-là à s'extirper de l'emprise dont elle est victime, et elle pousse la porte de l'hôtel de police de Strasbourg. Eva n'existe pas mais on a choisi de vous raconter le parcours des victimes de violence.

Au commissariat de Strasbourg, les policiers sont maintenant tous formés. Les personnes victimes de violences intrafamiliales sont très majoritairement des femmes. La prise en charge doit être rapide et adaptée.

Discrétion et rapidité

Arrivée devant l'agent de police, Eva n'a pas besoin de parler. Si elle n'arrive pas à s'exprimer, si elle est intimidée ou si elle ne veut pas que tout le monde entende ce qu'elle a à dire, il lui suffit de montrer du doigt l'une des deux pastilles de couleur posées sur le comptoir.

Rouge si elle a subi un viol, une agression sexuelle ou des violences intrafamiliales. Bleue si elle est victime d'une autre infraction. L'officier de police de l'accueil rentre alors dans son ordinateur une alerte et immédiatement un autre policier vient la chercher pour la conduire dans une petite salle d'audition.

Elle peut alors commencer à raconter ce qu'elle a subi. Si elle ne souhaite pas porter plainte, le policier va quand même faire un compte-rendu d'audition détaillé. Finies les mains courantes rapides qui comportaient si peu d'éléments. Sa parole compte, et tout son récit sera retranscrit.

Libérer la parole

"On sait bien que les violences s'étendent sur des années", explique le brigadier Philippe Schwander, "donc on essaie de retracer en détail toute la problématique. On fait très attention aux mots qu'on utilise, on sait que c'est très difficile d'être là, en face de nous. Et c'est bien aussi d'avoir la psychologue sur place, elle nous aide à prendre ça en compte."

Depuis deux ans, tout nouveau policier muté au commissariat de Strasbourg est formé pendant deux jours aux violences intrafamiliales. Et actuellement, tous les policiers de Strasbourg ont suivi cette formation, soit en présentiel, soit à distance.

Mais Eva n'arrive pas à parler au brigadier, elle est en pleurs. Elle sera reçu d'abord par l'assistante sociale ou la psychologue. Toutes les deux ont leur bureau juste derrière les salles d'audition. Ce qui se dit dans leurs bureaux est confidentiel. Mais elles sauront trouver les mots pour soutenir Eva et l'aider à parler.

Réparer, et trouver des solutions aux problèmes matériels

C'est la première fois qu'elle met des mots sur ce qu'elle vit, alors c'est très compliqué et difficile. Céline Joubin est psychologue, elle la reçoit dans une petite salle chaleureuse, avec un grand sourire pour la mettre en confiance.

"Elles ont souvent vécu des traumatismes pendant des années", note Céline Joubin "donc il faudra qu'elles soient prises en charge pendant très longtemps, et ce ne sera pas forcément ici dans la durée. Elles n'ont pas toutes envie de revenir là où elles ont porté plainte. On travaille toujours avec la personne et en fonction de ses besoins." 

Céline Joubin conduit 750 entretiens par an, elle est la seule psychologue de la police présente dans le Bas-Rhin, elle se déplace aussi certains jours à Sélestat.

Eva se pose d'un coup beaucoup de questions : et où vais-je habiter ? et comment je vais faire avec les enfants ? et où je vais trouver de l'argent ? un logement ? comment faire pour me protéger de mon conjoint violent ? Eline Heinrich est l'une des deux assistantes sociales attachées au commissariat de Strasbourg. Elle est là pour trouver des solutions à tous les problèmes d'Eva.

"Toute seule dans mon bureau au commissariat, je ne serais pas d'une grande aide", lance Eline Heinrich, assistante sociale, salariée de Viaduq 67 avant, elle travaille avec les associations et tous les partenaires extérieurs qui peuvent aider les victimes de violences.

"Moi je les aide pour la suite, pour leur rétablissement après leur dépôt de plainte. J'ai une écoute active, je leur donne plein d'informations et des orientations adaptées. L'idée c'est de les adresser au bon endroit, en fonction de leurs besoins."

Pendant ce temps-là, les enfants

Pendant qu'Eva parle au brigadier, puis à la psychologue et l'assistante sociale, ses enfants sont accompagnés dans une salle de jeux. Un policier va s'occuper des enfants le temps qu'il faudra, c'est son rôle. Pour éviter qu'ils n'entendent le récit de leur mère. Ils pourront être éventuellement entendus eux aussi lors de la procédure pénale, en cas de plainte et selon le dossier. Cette fois ou une autre fois.

Les rendez-vous seront nombreux pour Eva. L'objectif c'est aussi d'éviter de lui faire raconter plusieurs fois son récit. Plus il est détaillé la première fois, mieux c'est par la suite, pour sa plainte et la procédure judiciaire. 

Si elle n'arrive pas à aller au commissariat, ou si elle habite trop loin et ne peut pas se déplacer, elle peut aussi s'entretenir par internet avec un policier, 24h sur 24, via le site service-public.fr. Par téléphone, le 3919 est joignable également 24h/24. Le site du gouvernement s'adresse aussi aux victimes, témoins ou professionnels. Une page explique également comment effacer son historique sur internet, après avoir consulté ces pages ou cet article. Au cas où la surveillance du conjoint est vraiment totale et met en danger la vie d'Eva.

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