Après plusieurs années marquées par des pénuries de conducteurs et des lignes réaménagées, voire supprimées, la Région se veut rassurante en cette fin de mois d'août. Les transports scolaires alsaciens devraient fonctionner normalement à la rentrée 2024.
C’est l’un des maillons d’une rentrée réussie. Le transport scolaire est au cœur des interrogations de nombreuses familles à quelques jours de reprendre le chemin des classes. Va-t-il y avoir des retards, voire des suppressions de dessertes ? La question est légitime au regard des années passées où les pénuries de conducteurs avaient impacté de nombreuses lignes de ramassage. 2021 restant dans les annales avec quelque 900 jeunes privés de bus scolaires et 60 personnels manquants pour les piloter.
En 2024, point de stress. "Ça s’annonce plutôt bien" assure Thibaud Philipps, vice-président de la région Grand Est délégué aux Transports. "On a quasiment résorbé la pénurie de chauffeurs que l’on avait sur la région".
Chiffres à l’appui. En 2022, encore 300 chauffeurs manquaient à l’appel au sein du Grand Est. 2023 avait connu une amélioration avec 170 places vacantes. Cette année, un point noir persiste du côté de la Moselle avec 47 personnes manquantes au volant. Un territoire soumis à la forte concurrence du Luxembourg où les salaires sont multipliés par trois.
36 conducteurs formés dans le Haut-Rhin
Pour le reste, à date, "on n’a pas eu d’alertes sur des situations délicates et on arrive à proposer une offre de transport à chaque élève à la rentrée", confirme l’élu qui veut y voir le fruit du "travail" porté depuis un an par ses équipes, en collaboration avec les 94 compagnies de transport officiant sur les routes régionales. L’accent étant porté sur la formation.
"Depuis janvier 2024, on a réussi à former 36 conducteurs dans le Haut-Rhin. 8 le seront d'ici à la rentrée. En travaillant toute l’année sur la formation, on arrive à en former de nouveaux. Même si certains partent en Allemagne ou en Suisse, on arrive à équilibrer les forces".
Équilibre confirmé par l'entreprise Keolis, l'un des acteurs principaux du secteur. "Nous n'avons plus de plans de transport adaptés et nous avons moins de tensions sur les effectifs", assure sa chargée marketing.
Avec 187 000 élèves en besoin de transports scolaires, dont près de 21 000 en Alsace, le Grand Est, titulaire de la compétence transports, doit s’organiser pour rester attractive. La rentrée dernière, la Région a lancé une opération expérimentale d’optimisation des transports scolaires dans le Sundgau (Haut-Rhin). Objectif : harmoniser les plannings de différents établissements pour faciliter et optimiser les rotations des cars.
De plus grandes amplitudes journalières
"Il y a eu la création d'une ligne supplémentaire et l'augmentation des amplitudes journalières de desserte", indique Marc Plawinski, directeur du collège Lucien-Herr à Altkirch. Ces changements étaient plus que bienvenus pour l'établissement qui est l'un des rares du secteur à disposer de classes Ulis et Segpa. "Ces classes spécialisées font venir des élèves qui viennent de loin. Certains se rendent au collège tous les jours depuis la Suisse, il fallait donc étendre les zones desservies."
Un an plus tard, le directeur a pu observer quelques complications liées à cette "expérimentation", notamment au niveau des horaires d'arrivée et de départ des élèves. "Le bus les déposait 45 minutes avant l'ouverture du collège, et les récupérait trop tard en fin de journée. Nous n'avions pas les moyens humains pour les accueillir le matin."
Ces désagréments ont été signalés à la société de transport, Fluo 68, qui a progressivement réajusté ses horaires de desserte. "On notera une nette amélioration pour la rentrée. De notre côté aussi, nous faisons en sorte d'offrir des solutions pour des élèves qui attendraient leur bus tard le soir pour ne pas les laisser seuls."
Le bilan est donc plutôt positif pour une initiative qui s’appliquera d'ici à quelques jours au Nord Alsace. Le lycée de Wissembourg basculera ses cours du samedi sur le mercredi. "Ça marche bien quand on arrive à travailler avec l’Éducation Nationale, les chefs d’établissements et les sociétés de transport", constate Thibaud Philipps.
"On verra bien"
Malgré le satisfecit et la perspective d’une rentrée fluide, les parents d’élèves demandent à voir. "On verra bien", répond dubitatif Michel Boyon, président de la fédération des parents d’élèves, FCPE 67. "On le sait très bien. Nous sommes dans une zone frontalière où les salaires ne sont pas les mêmes de chaque côté de la frontière. On sait que c’est très difficile de recruter des chauffeurs. Ça fait plusieurs années que nous connaissons des manques de conducteurs et des lignes impactées, mais on ne peut qu’espérer que ça va se modérer."
Le président reconnaît que pour l’instant aucun dysfonctionnement ne lui a été rapporté en vue des prochains jours. Verdict le 2 septembre.