Le groupe d'opposition de gauche Alsace écologiste, citoyenne et solidaire a quitté, le jeudi 13 avril, la séance plénière de la Collectivité européenne d'Alsace à Strasbourg. Les élus étaient invités à voter le lancement d'une contribution citoyenne concernant la sortie de l'Alsace du Grand Est.
"Nous refusons de participer à cette mascarade". C'est avec ces mots que les élus du groupe d'opposition Alsace écologiste, citoyenne et solidaire ont décidé de quitter l'hémicycle de la séance plénière de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA). En cause, le vote d'une initiative du président Frédéric Bierry et de sa majorité sur une grande contribution citoyenne en vue d'une possible sortie du Grand Est.
Les élus de gauche affirment, dans un communiqué, qu'ils refusent "que la question institutionnelle serve d'écran de fumée aux nombreuses insuffisances du projet politique de M.Bierry". Tout en n'étant pas opposé à une sortie de la grande région actuelle, ils assurent que l'urgence actuelle n'est pas là. "Nous pouvons parler d'Alsace [...], mais nous devons surtout agir pour les Alsaciens et les Alsaciennes", estiment-ils.
Ils indiquent ne pas avoir été consultés en amont de l'annonce de cette contribution. "On a appris que la majorité voulait faire cette contribution, il y a un peu plus d'une semaine seulement. On nous demande de voter le texte aujourd'hui sans même pouvoir en discuter au préalable.", indique Fleur Laronze, conseillère d'Alsace (PCF) dans le canton 2 à Strasbourg.
La CEA ne parvient pas à assumer ses compétences.
Fleur Laronze, élue PCF du canton de Strasbourg 2
En refusant de participer au vote de cette contribution, le groupe d'opposition espère recentrer le débat sur "les urgences" actuelles. "Près de 300 enfants sont en attente de placement en Alsace. Plusieurs collèges n'ont toujours pas de cantines, certainement pour faire des économies. La CEA ne parvient pas à assumer ses compétences sur ces sujets, comment vont-ils le faire lorsque l'Alsace sera sortie du Grand Est ?", ajoute l'élue communiste. De leurs côtés, les deux élus socialistes ont voté contre le texte.
Une contribution pour construire un projet futur
Après la consultation citoyenne initiée par la CEA en décembre 2022, Frédéric Bierry a annoncé, le mardi 11 avril, le lancement d'une grande contribution citoyenne, pour "connaître les attentes de la population" sur une possible région Alsace.
Une plateforme numérique nommée entre-vos-mains.alsace.eu est disponible depuis le 13 avril. Ils peuvent désormais participer à la définition d'un nouveau "projet territorial". Dès 17 avril, le magazine Toute l'Alsace sera distribué dans les boîtes aux lettres avec un bulletin de participation où chacun pourra écrire quelques lignes et le renvoyer par voie postale.
La population devra s'exprimer sur cinq grands thèmes : la solidarité et les soins, les transitions énergétiques et environnementales, l'attractivité économique et l'emploi, les services publics, et enfin la culture et l'éducation. L'objectif, pour Frédéric Bierry, est que cette initiative donne "de la force pour négocier une évolution institutionnelle".
En effet, selon lui, une loi de décentralisation voulue par Emmanuel Macron, avec une possible sortie de l'Alsace du Grand Est, pourrait être mise en œuvre dès 2024. La contribution citoyenne aboutira à un texte qui sera examiné le 18 décembre 2023 lors d'une séance plénière de la CEA.