Samedi 30 décembre est un jour à marquer d'une boule blanche. Le bowling de Strasbourg, véritable institution pour les habitants de la capitale alsacienne, a fermé ses portes après presque soixante ans d'existence. Il sera remplacé d'ici deux ans par un établissement plus beau, plus écologique aussi. Dernier tour de piste pour les nostalgiques.
Il était devenu, au même titre que le Parlement européen non loin, une institution strasbourgeoise. Et pour cause : le bowling, avec ses airs d'ovni rétro-futuriste posé au bord du lac de l'Orangerie a presque soixante ans.
Un bâtiment désuet, une passoire thermique qui a vu passer des générations de tireurs, de pointeurs, de panards protéiformes et de comptables compulsifs. Pas difficile me direz-vous c'était le seul de la ville. Toujours est-il que voilà c'est fini. Le fameux, l'unique bowling de Strasbourg, a fermé ses portes vendredi 30 décembre dernier. Non sans un dernier tour de pistes pour les plus nostalgiques.
Piste d'apprentissage
Dans la pénombre, éclairés seulement d'un néon bleu, les nostalgiques sont là. Nombreux. Les yeux perdus dans les quilles. Le score aujourd'hui n'a pas vraiment d'importance. Ils sont venus dire au revoir. Strike. Une sexagénaire se souvient "Pour moi, c'est un lieu important. C'est vraiment bien que je sois là le dernier jour. C'est là que j'ai appris à jouer au bowling, là où jeunes, on venait avec mes copains souvent pour s'amuser. Après, j'ai un peu décroché c'est vrai mais avec le grand âge, je m'y suis remise."
Un peu plus loin, la trentaine, une jeune femme tient le même discours, même si ses souvenirs sont un peu moins lointains. "C'était devenu comme un rendez-vous familial, moi aussi j'y ai appris à jouer au bowling, et ça fait des années. Ca me fait un petit pincement au cœur quand même. Même si je sais que ce n'est pas une fermeture définitive."
Nouveau départ
Car Richard Meyer, l'exploitant du bowling depuis vingt ans, propriétaire de deux autres établissements de ce genre en Alsace, a de grands projets. Faire de ce lieu vintage, The Place To Be d'ici 2024/2025. Une déconstruction-reconstruction. Oui messieurs dames. "Ca fait 20 ans, là c'est le dernier jour ça fait de la peine c'est vrai. Mais bon, là il est au bout , il est fini. Y a pas de vide sanitaire sous les dalles, c'est une passoire thermique, c'est invivable. Il faut un immeuble digne de 2025. "
Et pour cela, Richard Meyer va mettre la main à la poche. Huit à dix millions d’euros. Toit végétalisé, accès aux personnes à mobilité réduite, extension du sous sol et du nombre de pistes (24 à 32), le nouveau bowling pourrait ainsi accueillir les compétitions internationales.
Le projet signé Jean-Michel Wolfrom prévoit également une brasserie déplacée au sous-sol et une grande salle de restaurant au rez-de-chaussée, avec une ouverture maximale sur le parc, pour mieux s’y fondre. "Dans l'idée, je voudrais que l'immeuble devienne une cathédrale de bois et verre et que le parc rentre dans immeuble et l'immeuble sorte dans le parc. Tout devra être cohérent" explique Richard Meyer.
En comptant l'attente des dernières autorisations et une bonne année de travaux, le nouveau bowling de l'Orangerie devrait pouvoir rouvrir au public d'ici deux ans. Ce vendredi soir, vingt employés ont été licenciés. Emplois qui devraient à termes, eux aussi, être "reconstruits".