Obligatoire depuis ce lundi 9 août pour les trajets en TGV, le pass sanitaire intrigue et interroge nombre de voyageurs. A Strasbourg, des agents informent les passagers, d'autres sont chargés des contrôles. La SNCF mise sur la pédagogie, le temps que chacun prenne ses marques.
"Est-ce qu'on va être contrôlées avant d'entrer dans le train? Comment ça va se passer? Vous pensez qu'on va vraiment nous le demander ce pass?" Dans le hall central de la gare SNCF de Strasbourg, Aude et ses deux filles s'apprêtent à embarquer pour Paris en TGV. Elles ont leur pass sanitaire. C'est surtout l'aspect pratique de sa mise en application qui les laisse perplexes.
Il ne faudrait pas que ces contrôles créent des embouteillages
"C'est une contrainte supplémentaire je trouve, estime Jean-Xavier et son épouse, après quelques jours de vacances passés dans la capitale européenne. Les gares sont souvent encombrées, il ne faudrait que ça créé des embouteillages et qu'on manque notre train." Seuls les TGV Inoui et Oui Go ainsi que les Intercités sont concernés par l'entrée en vigueur ce lundi 9 août du pass sanitaire. A Strasbourg, cela représente chaque jour en semaine 41 liaisons, soit une minorité de lignes.
L'entreprise ferroviaire a rappelé les modalités de cette nouvelle réglementation ce 30 juillet sur son compte Twitter.
À partir du 9 août, le Pass Sanitaire sera obligatoire à bord de @TGVINOUI (domestiques & internationaux), @OUIGO,@INTERCITES.
— SNCF (@SNCF) July 30, 2021
?Tous vos voyages avant cette date ne sont pas concernés par l'obligation
?Vos billets sont échangeables & remboursables jusqu’à 3j avant le départ pic.twitter.com/VtBDrTakZ2
Entre atteinte à la liberté et responsabilité individuelle
Ce choix du gouvernement interroge. "Quelle est la cohérence de cette décision? se demande Boris, en partance vers Dijon. Je vais passer davantage de temps dans le TER, où le pass n'est pas exigé, que dans le TGV, ça ne me paraît donc pas logique comme mesure. D'autant plus que le système de ventilation est sans doute plus au point dans un TGV que dans des wagons plus anciens."
Sur le fond, les avis sont là encore partagés. "Je suis complètement vacciné mais je ne suis pas convaincu par le pass sanitaire dans les TGV, confie Henri, habitué à parcourir la France. Pour les gens qui ont besoin du train pour travailler et qui ne veulent pas du vaccin, c'est un bâton dans les roues." Une "atteinte à la liberté" que ce musicien met en balance avec la "responsabilité" de ne pas contaminer les autres. "Si ça fait ses preuves et que cela sauve des vies, tant mieux."
Pour cette première journée en tout cas, la SNCF mise sur la pédagogie. Les passagers sont filtrés avant de monter à bord: contrôle du pass par deux agents dédiés, puis vérification du titre de transports. Difficile donc de passer à travers les mailles... "C'était la même chose à Paris, fait remarquer Esmeralda, tout juste arrivée en Alsace. J'ai trouvé que c'était plutôt fluide." La tranquillité de ce mois d'août, où la verrière est quasi déserte par moments, ne sera toutefois pas celle de la rentrée de septembre.
Une trentaine d'agents supplémentaire pour répondre aux questions
En attendant, des agents supplémentaires, missionnés par un prestataire, tiennent un stand au centre de la gare et arpentent les allées. Impossible de les louper, ils portent un gilet bleu. Ils seront une trentaine à se relayer ces prochaines semaines. Pourtant, peu de questions sur le pass, plutôt des gens cherchant "les toilettes" ou à identifier le quai "de départ de leur train." Quelques jours seront nécessaire pour que chacun prennent le pli.
A noter que les masques restent obligatoires pendant les trajets et en gare. De plus, contrairement aux cafés, aux bars et aux restaurants, les contrôles ne seront pas systématiques mais aléatoires. Le ministre délégué chargé des transports Jean-Bpatiste Djebbari a assuré ce lundi 9 août depuis Paris qu'"un quart des trains seront contrôlés."
Ils seront effectués à quai ou à bord des trains par des contrôleurs SNCF ou des prestataires accompagnés d'agents de la police ferroviaire. Seuls ces derniers pourront verbaliser les passagers qui ne sont pas en règle. Pour rappel, l'amende encourue est de 135 euros en cas d'absence de pass sanitaire valide.
Pour simplifier la vie des usagers et éviter l'écueil de la multiplication des contrôles, la SNCF développe en outre une application mobile, dans quelle les voyageurs pourront télécharger leur billet et le QR code de leur pass sanitaire. Un deux en un qui pourrait s'avérer pratique, et qui devrait être disponible à la mi-août.