Etourdir les homards avant de les plonger dans l’eau bouillante, interdire les dispositifs qui empêchent les chiens d’aboyer, la Suisse veut améliorer le sort des animaux avec plusieurs ordonnances adoptées hier par le Conseil fédéral.
Le Conseil fédéral suisse a adopté plusieurs ordonnances mercredi 10 janvier pour réduire la maltraitance envers les animaux, dans le cadre d’une révision des lois relatives à la protection des animaux qui entrera en vigueur le 1er mars prochain.
Homards étourdis avant d’être cuits
« La pratique consistant à plonger les homards vivants dans l’eau bouillante, commune dans les restaurants, ne sera plus autorisée », annonce le gouvernement fédéral via l’une de ses ordonnances. Le conseil fédéral se base sur une étude récente menée par l’Association suisse des vétérinaires cantonaux (ASVC) portant sur la pêche, le transport, la détention et la mise à mort de homards destinés à être consommés.« D’après les connaissances actuelles, ces crustacés solitaires disposent d’un système nerveux complexe et sont sensibles à la douleur. Ils sont attrapés par milliers, plusieurs mois avant d’être consommés, et sont ensuite stockés provisoirement dans des entrepôts frigorifiques, sans eau ni nourriture. Confinés dans des espaces étroits, ils sont condamnés à souffrir sans pouvoir bouger. Leur vie connaît ensuite une fin atroce dans un bain d’eau bouillante », précise le texte de loi.
Les homards « devront désormais être étourdis avant d’être mis à mort », et seuls les chocs électriques ou « la destruction mécanique du cerveau » seront autorisés.
Leur transport sur des lits de glaces ou dans de l’eau glacée est aussi remis en question : le texte oblige poissonniers et importateurs à transporter les homards dans leur « environnement naturel » désormais.
Cette ordonnance est un compromis entre les amateurs de homards et les défenseurs de la cause animale, qui souhaitaient l’arrêt pur et simple de l’importation de homards.
Contrôle renforcé de la vente de chiens
Autre nouveauté : pour passer une annonce en ligne ou dans un journal pour vendre un chien, il faudra désormais obligatoirement mentionner l’adresse du vendeur et la provenance de l'animal, ainsi que le pays d'élevage. Les fournisseurs d’accès à internet et les éditeurs des publications devront s'assurer que les données sont complètes. Ces mesures sont là pour renforcer la traçabilité des chiens importés et éviter les trafics et la maltraitance animale qui en découle.Enfin, les dispositifs visant à empêcher un chien d'aboyer seront interdits, même ceux qui émettent un jet d’eau ou de l’air comprimé.
« Mise à mort correcte »
Une des ordonnances sur la protection des animaux définit aussi les critères d'une "mise à mort correcte" lorsqu'un animal malade ou accidenté ne peut être soigné, ou uniquement au prix de grandes souffrances.Pas de loi contre l'importation de foie gras
Reste le débat, relancé chaque année, sur l'interdiction ou non de l'importation du foie gras en Suisse. Cette année, les sénateurs ont refusé d'interdire son importation. Défenseur de la cause animale versus traditions culinaires. Le canard et l'oie peuvent encore subir le gavage à l'extérieur de la Suisse, et leurs foies importés dans la confédération helvétique.Pour aller plus loin
Article du Washington Post (en anglais) qui fait état de la recherche sur la perception de la douleur chez les invertébrésArticle du Huffington Post (en français) qui fait le point sur la recherche
Article de la Tribune de Genève (en français) sur le refus des sénateurs hélvètes d'interdire l'importation de foie gras en Suisse