Le surdiagnostic et le traitement excessif de la maladie de Lyme s'aggravent, selon une étude

Chez des patients consultant pour suspicion de maladie de Lyme, le diagnostic a été confirmé dans moins de 10% des cas, selon une étude pilotée par le professeur Erice Caumes du service des maladies infectieuses de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris, AP-HP).

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Chez des patients consultant pour suspicion de maladie de Lyme, le diagnostic a été confirmé dans moins de 10% des cas, et plus de 80% des antibiothérapies qui leur avaient été prescrites avaient échoué, selon une étude de spécialistes de maladies infectieuses.
 
La maladie de Lyme, due à une bactérie, transmise par des tiques infectées, est suspectée chez un grand nombre de patients souffrant de symptômes chroniques inexpliqués, comme la fatigue, des problèmes de concentration et de mémoire, des maux de tête, des douleurs articulaires ou musculaires.
 

Etude sur plus de 300 patients

L'étude, pilotée par le professeur Erice Caumes du service des maladies infectieuses de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris, AP-HP) a porté sur plus de 300 patients qui ont consulté entre janvier 2014 et décembre 2017 pour une suspicion de maladie de Lyme.

Dans la grande majorité des cas, les patients étaient considérés comme atteints de la maladie de Lyme s'ils réunissaient quatre critères:
  • une exposition à une tique
  • des signes cliniques caractéristiques de cette pathologie,
  • des tests sanguins positifs
  • une guérison après l'administration d'un traitement antibiotique adapté.
Une approche globale dite "holistique" a été utilisée pour tenir compte de caractéristiques variables selon les patients (âge, sexe, historique de la maladie, signes cliniques, symptômes, antibiotiques reçus, résultats des tests, dont les tests sérologiques pour la maladie de Lyme...) 

Au final, le diagnostic de la maladie de Lyme a été confirmé chez 9,6% des patients et jugé possible pour 2,9%.

Une autre maladie a été diagnostiquée chez 80% des patients : il s'agit principalement de problèmes psychologiques (31,2%), de maladies rhumatologiques ou musculaires (19%), de maladies neurologiques (15,2%) ou d'autres maladies (33,7%) dont un nombre non négligeable de syndrome d'apnée du sommeil, ajoute l'Assistance publique des hôpitaux de Paris dans un communiqué. Les patients avec d'autres maladies que celle de Lyme étaient significativement plus jeunes, avaient plus de symptômes, moins de signes physiques (objectifs), une plus longue durée d'évolution et moins souvent des tests sanguins Lyme positifs.

Le surdiagnostic et le traitement excessif de la maladie de Lyme s'aggravent


De surcroit, dès la première consultation, la moitié des patients avaient déjà reçu des antibiotiques voire d'autres anti-infectieux (antiparasitaires, antifongiques, antiviraux) pour rien, à raison d'un à vingt-deux traitements différents par patient, et sur une durée allant de 28 jours à 730 jours (médiane 34 jours). 

"Le surdiagnostic et le traitement excessif de la maladie de Lyme s'aggravent et les autorités sanitaires devraient enquêter sur ce phénomène", écrivent les auteurs de ce travail AP-HP/Inserm/ Sorbonne Université dans un article récemment paru dans la revue spécialisée Clinical Infectious Diseases.
 
De telles prescriptions, à l'heure de l'ultra-résistance d'agents pathogènes aux antibiotiques, sont peu admissibles car elles n'ont "aucune justification", note l'AP-HP. "L'ensemble des études ayant cherché à évaluer correctement l'intérêt d'une antibiothérapie prolongée dans la maladie de Lyme n'ayant montré aucun bénéfice pour les malades", ajoute-t-elle.

 
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