Le nouveau ministre délégué aux Transports, François Durovray, participe au congrès européen des mobilités organisé à Strasbourg du 1ᵉʳ au 3 octobre 2024 à Strasbourg (Bas-Rhin). Il a prévu une rencontre avec le président de la Collectivité européenne d’Alsace concernant les modalités de mise en place du R-pass, la future taxe poids lourds.
"Un poids lourd use 10 000 à 100 000 fois plus la route qu’une voiture", observe François Durovray, le nouveau ministre délégué aux Transports, de passage – quelques jours seulement après sa nomination au gouvernement de Michel Barnier – au congrès européen des mobilités de Strasbourg. Un ministre sensible à la situation sur les routes alsaciennes : "nous avons sur ces axes routiers beaucoup de poids lourds. Des camions qui devraient circuler en Allemagne, mais qui, compte tenu de la gratuité des axes côté français, fréquentent de façon massive et abîment les infrastructures alsaciennes."
La Collectivité européenne d’Alsace (CEA) estime que le trafic de transit dans la région représente 51% du trafic de camions sur les autoroutes A35 et A36, la traversée nord sud de l’Alsace via l’A35 coûtant 50 euros moins cher que le même trajet outre-Rhin.
Interrogé sur le R-pass par nos confrères de France Bleu, la future taxe poids lourds que veut instituer la CEA, François Durovray s’y dit favorable. "La loi a permis aux collectivités de générer des recettes sur certains de ses axes de passage. C’est le choix qu’a fait la CEA", et le ministre se dit prêt à accompagner la collectivité.
"J’ai prévu de profiter de mon passage à Strasbourg pour rencontrer le président de la CEA, pour discuter des conditions de mise en œuvre de cette taxe, car j’entends aussi les inquiétudes des transporteurs", ajoute François Durovray.
Les transporteurs locaux sont en effet vent debout contre le dispositif. Dans un communiqué, la fédération des transporteurs d’Alsace parle de "trahison" et d'"extermination économique" pour les entreprises locales du secteur. Elle dénonce une taxe inutile parce qu'inférieure au montant de la taxe allemande (la LKW Maut) et alerte sur la répercussion en termes de coûts pour les consommateurs.
"Frédéric Bierry [le président de la CEA] a sollicité un certain nombre d’exonérations qui ne sont pas prévues par la loi, mais que j’espère pouvoir porter dans le cadre du projet de loi de finances 2025", cherche à rassurer François Durovray, "car je crois que même ces transporteurs partagent le constat d’un besoin d’une meilleure régulation du trafic sur les axes alsaciens."
Des transporteurs déterminés pour l’heure à exprimer leur colère, ce qu’ils comptent faire le lundi 7 octobre. À cette date doivent être rendues les observations sur l’étude d’impact économique du R-Pass. Les routiers alsaciens entendent converger vers Colmar, au siège de la CEA où des négociations doivent avoir lieu entre la collectivité, les entreprises locales de transport et les chambres consulaires (CCI-Alsace, chambre des métiers et chambre d’agriculture), elles aussi opposées au dispositif.
La mise en œuvre du R-Pass doit être soumise au vote des conseillers alsaciens le 21 octobre prochain. L’entrée en vigueur est prévue début 2027.
Sans annoncer l’extension du dispositif à toute la France, François Durovray encourage les autres collectivités locales à observer l’exemple alsacien. "D’une façon générale, ce qui se passe en Alsace préfigure de ce qui peut se passer dans le reste du pays", conclut le ministre.