Coronavirus : des conséquences très inquiétantes pour le secteur du tourisme dans le Grand Est

L'Agence régionale du tourisme Grand Est a lancé une vaste enquête auprès des acteurs du secteur pour connaître l'étendue des dégâts. Des chiffres sans appel : -73% de fréquentation et 3 entreprises sur 10 craignent de mettre la clé sous la porte. Témoignages.

"C'est vide depuis le 15 mars. Habituellement à cette époque de l'année, ça commence avec les groupes de touristes, ça circule toute la journée. Et là, je ne viens plus que deux fois par semaine pour arroser les plantes et voir si tout va bien", se désole Estelle Wehrey en arpentant les allées et les couloirs vides de la maison du fromage. Elle a repris avec sa soeur cet établissement de Gunsbach en 2018. Musée, fromagerie et restaurant, une activité qui repose évidemment uniquement sur le tourisme. 

"On a beaucoup de groupes qui viennent de l'étranger, des Allemands, des Suisses, des Belges alors évidemment on a perdu 90% de notre clientèle, on fait encore un peu de chiffre avec la boutique qui fonctionne avec notre clientèle locale. Mais le pire c'est quand même de voir les étals de fromages vides."
 
 

3 entreprises sur 10 craignent de mettre la clé sous la porte

Une situation qui préoccupe depuis le début l'Agence régionale du tourisme du Grand Est. L'institution a lancé une vaste enquête parmi les professionnels du tourisme et le résultat est sans appel. Près de 2.000 professionnels ont répondu au questionnaire. En moyenne, la fréquentation a baissé de plus de 70 % en mars et surtout près de 3 entreprises sur 10 craignent pour leur pérennité.

"Il y aura des faillites, regrette Jackie Helfgott, président de la commission tourisme à la région Grand Est, on fera tout pour les éviter, on a d'ailleurs mis en place des soutiens à tous les niveaux pour essayer de pallier, il y a notamment l'accompagement du prêt rebond, la région met aussi en place un soutien avec BPI France et il y a les banques avec des emprunts garantis par l'Etat. Il y a également ce soutien qui s'appelle résistance avec des fonds tout de suite disponibles. Mais il suffit de ne pas avoir de trésorerie pour être extremement fragile, et de conclure "on cherche encore des réponses juridiques et financières parce qu'on sait qu'on en pourra pas parler de reprise d'activité même pendant les grandes vacances".
 

Demande de compensations financières

Dans cette étude, quasi la totalité des personnes interrogées reconnaissent avoir mis fin à un ou plusieurs contrats et presque la moitié a recours au chômage partiel. Et sans surprise, tous demandent prioritairement des aides et des compensations financières. "Il faut une annulation des charges sinon il y a un paquet de confrères qui vont rester sur le carreau, j'en connais déjà qui n'ont pas pu payer les salaires en mars, moi je peux tenir encore deux ou trois mois mais si ça continue je vais à la catastrophe, explique Bertrand Gelly, propriétaire du Caveau d'Eguisheim. Eguisheim, village préféré des Français en 2013 est complètement vide, inimaginable en cette saison, les touristes devraient se bousculer dans les rues, les boutiques et les hôtels. "Ca fait peur quand on sort, c'est désolant de voir ça, ajoute encore Bertrand Gelly, jusqu'à présent tout ce qu'on a réussi à obtenir comme aide, c'est le prêt BPI mais sinon aucune indemnité n'est tombée, j'ai 20 salariés, on gratte les fonds de tiroir mais ça va être dur", soupire-t-il. 
 

Pas de date pour la reprise de l'activité

D'autant que pour l'heure personne n'est en mesure de dire quand reprendra l'activité touristique. Et quand ce sera le cas, les gens oseront-ils retourner tout de suite au restaurant ou dans les hôtels? Et dans quelles conditions? Autant de questions qui assombrissent encore un peu plus l'avenir déjà incertain des acteurs du tourisme. Pour Jackie Helfgott, il s'agit de promouvoir le tourisme régional au moment du déconfinement, "la réflexion c'est d'amener une politique de soutien au tourisme endogène pour cet été, avec pour objectif de maintenir les gens du Grand Est sur leur propre territoire, des vacances de proximité en quelque sorte. Comme ça, le bilan carbone est bon et on fait marcher le tourisme local, on consomme sur place, on a tout ce qu'il faut pour réussir! De leur côté, les gens risquent d'être sensibles au label propreté autrement dit à la désinfection, à la capacité d'accueil aussi. Sans doute, les petites structures seront-elle privilégiées, nous ne pouvons pas parler de reprise pour cet été, c'est certain", conclut-il.



 
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