Le Parquet national financier a requis jeudi six mois de prison avec sursis à l'encontre d'un jeune Alsacien jugé à Paris pour avoir tenté de corrompre un joueur de tennis français sur de petites compétitions afin d'en tirer des gains sur des paris.
Ce jeune homme, âgé de 21 ans et toujours lycéen, n'était ni présent, ni représenté devant le tribunal correctionnel, et donc jugé pour "corruption sportive" par défaut. Décrit par ses proches comme accro aux jeux, il avait été interpellé en février dans la banlieue de Strasbourg. Entre septembre et octobre 2017, il avait contacté le jeune joueur de tennis Dan Added sur les réseaux sociaux, lui proposant, par écrit, de perdre un set 6-0 contre une somme de 1.000 euros sur deux tournois "Future", à Mulhouse et Nevers.
Ces matches n'étaient pas autorisés aux paris en France mais sur des sites à l'étranger. Le joueur avait eu le "bon réflexe" de signaler ces agissements, a souligné à l'audience le procureur du Parquet national financier (PNF), Jean-Yves Lourgouilloux. L'information était remontée à l'Autorité de régulation des Jeux en ligne (Arjel) via la Fédération française de tennis (FFT). Au cours de l'enquête, menée par le Service central des courses et jeux et le PNF, le jeune accro aux jeux avait contesté avoir voulu corrompre le joueur, assurant qu'il cherchait juste à se "rendre intéressant" auprès de ses amis.
Ce cas "peut paraître presque anecdotique" au regard du crime organisé bien présent dans le trucage de matchs dans le monde entier, a commenté le procureur. Il a demandé contre le jeune homme six mois de prison avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve avec obligation de soins. Selon les experts de la lutte contre la corruption sportive, l'autorisation des paris sur de petites compétitions facilite les manipulations, car les joueurs sont plus vulnérables, même si on leur propose de petites sommes. En retour, parier sur le bon score d'un set peut permettre de remporter entre 10 et 15 fois sa mise selon les sites.
Le tennis est "un sport particulièrement à risques" concernant les paris, car il aisé pour un joueur de "lâcher un set" sur commande, puis de "donner le change en gagnant le reste", a souligné le procureur. La FFT s'est constituée partie civile. Dan Added n'était pas représenté à l'audience.
Décision le 12 juillet.