Initialement prévu pour le 1er janvier 2024, le tri des déchets alimentaires ne concernera pas encore l'ensemble des habitants de l'Eurométropole. La moitié des bornes de collecte a été installée, le reste le sera en 2024 et 2025.
C'était dans les tuyaux depuis la loi anti-gaspillage de 2020, et déjà prévu dans le droit européen : à partir du 1er janvier prochain, chaque Français, particulier comme professionnel, était censé trier ses bio-déchets.
Mais que les habitants de l'Eurométropole qui n'en ont même pas encore entendu parler se rassurent. Les bornes de collecte ne sont pas encore mises en place partout, loin de là. Et chacun aura le temps de bien s'approprier ces nouveaux éco-gestes, bons pour la planète et pour notre environnement immédiat.
Pourtant, l'Eurométropole n'était pas à la traîne. Les premières bornes y ont été installées dès 2022. "On a d'abord commencé dans des communes test" explique Fabienne Baas, vice-présidente de l'Eurométropole en charge de la collecte, la gestion et la valorisation des déchets ménagers et verts. Principalement 24 communes de moins de 10 000 habitants.
En 2023, l'implantation s'est poursuivie par Mundolsheim, Reichstett, Schiltigheim, ainsi que dans une bonne demi-douzaine de quartiers strasbourgeois. En cette fin d'année, la moitié des bornes prévues, soit 900, est en place. "Plus de 250 000 habitants ont déjà la possibilité d'y déposer leurs bio-déchets, précise Fabienne Baas. Nous sommes l'une des métropoles françaises les plus en avance" dans ce domaine.
Les bio-déchets, c'est quoi ?
Les néophytes confondent parfois bio-déchets et compost, et craignent de se tromper en faisant le tri. En effet, le compostage qui, bien sûr, restera toujours prioritaire pour les personnes bénéficiant d'un jardin, obéit à certaines règles indispensables pour que les vers de terre puissent ensuite bien faire leur travail : pas de pelures d'agrumes ou d'ail, pas de viande ni d'os, etc…
Mais pas d'inquiétude pour trier ses bio-déchets, car c'est encore plus facile. Là, aucune restriction, il s'agit vraiment de tous les déchets de nos aliments. "Coquilles d'huitres, carcasse de poulet, arêtes de poissons, restes de pain, croûtes de fromage, détaille l'élue, on peut vraiment tout y mettre."
Des résultats prometteurs
Les risques d'erreurs sont donc infimes, contrairement à celles constatées dans les poubelles jaunes. Dans les nouvelles bornes de bio-déchets, "on retrouve parfois un épluche-légumes, un couteau ou un sachet plastique" mais c'est tout.
En outre, selon Fabienne Baas, les résultats de ces deux premières années sont plus qu'encourageants : "On s'attendait à récolter 12 kilos de bio-déchets par an et par habitant. Mais dans les bornes installées, on en est déjà à une moyenne de 15, et dans certains quartiers de Strasbourg, presque à 18 ou 19 kilos."
"C'est donc vraiment plébiscité, assure-t-elle. Et les utilisateurs avec lesquels j'ai eu l'occasion d'en discuter trouvent que c'est fantastique, parce que leur poubelle ne pue plus."
1800 bornes installées jusqu'à fin 2025
Le déploiement des 900 bornes de collecte supplémentaires se poursuivra dans l'Eurométropole ces deux prochaines années. Les villes de Bischheim et de Hoenheim, ainsi que six autres quartiers de Strasbourg (Esplanade, Grande-Ile, Neudorf, Musau, Robertsau et Bourse-Krutenau) sont concernés pour 2024. L'opération s'achèvera en 2025 avec les quartiers strasbourgeois de l'Elsau, de la Meinau, du Neuhof et de la Montagne-Verte, ainsi que les communes d'Illkirch-Graffenstaden, de Lingolsheim et d'Ostwald, dont Fabienne Baas est maire.
"On ne pouvait pas installer 1 800 bornes en un an, ce n'était pas possible, lance l'élue. A chaque fois, ce sont des discussions avec les communes, ou les adjoints des quartiers à Strasbourg. Ce n'est pas aussi simple."
A chaque fois, aussi, avant d'installer une borne, il s'agit de déterminer un emplacement adéquat, "accessible au camion qui viendra vider le bac intérieur" deux fois par semaine.
Tous les habitants seront informés
Dès qu'une nouvelle borne est opérationnelle, les habitants sont informés personnellement par du porte-à-porte. "On leur remet une plaquette d'information, un bio-seau et un paquet de sachets en papier kraft compostables" dans lesquels ils pourront transporter leurs bio-déchets jusqu'à la borne.
"Normalement, on donne suffisamment de sachets pour une année, précise Fabienne Baas. Par la suite, ils seront mis à disposition dans les mairies. Mais on peut aussi utiliser les sachets de légumes compostables reçus dans les supermarchés." La seule contrainte, bien entendu, est d'éviter de jeter des contenants en plastique dans le bac de collecte.
Les bio-déchets deviennent du bio-gaz
Récupérés deux fois par semaine en camion par la société Suez, les bio-déchets "partent d'abord au port du Rhin" où ils sont broyés et triés par l'entreprise Valorest, afin d'écarter les objets, emballages ou couverts, qui n'ont rien à y faire.
Puis ils sont emmenés à Oberschaeffolsheim (Bas-Rhin), dans le méthaniseur de l'entreprise Lingenheld Environnement "qui en fait du biogaz, réinjecté dans le réseau de gaz naturel." Les résidus, eux, sont utilisés par les agriculteurs du secteur pour nourrir le sol. "Ça part de la terre, et ça revient à la terre" résume Fabienne Baas.
Depuis l'installation des premières bornes de collecte en 2022, "on a collecté 2 800 tonnes de déchets alimentaires, qui ne sont donc pas parties à l'incinérateur" se réjouit Fabienne Baas. C'est un bon début. Mais sachant qu'en moyenne, chaque habitant jette par an 51 kilos de déchets alimentaires, il reste encore une belle marge de progression : potentiellement, plus de 25 000 tonnes de matière qui pourrait être revalorisée par la collecte de biodéchets et le compostage. A l'horizon 2030, l'objectif de l'Eurométropole serait ainsi de réduire de moitié le volume de déchets de nos poubelles bleues.