Un service de remplacement permet aux agriculteurs de souffler le temps d'une réunion, d'une formation, d'un arrêt maladie ou de vacances. L'outil existe depuis longtemps, mais les jeunes générations s'en emparent enfin.
"Je fais de tout, je m'occupe des moutons, des vaches, des chevaux, comme ici chez Jean Walter. Je remplace aussi un maraîcher, il faut donc réussir à s'adapter à tous les domaines", détaille Anaïs, 22 ans, agent de remplacement agricole depuis le printemps 2023.
Son métier est peu ou mal connu, il représente pourtant une réelle soupape pour les exploitants agricoles : elle remplace ponctuellement des agriculteurs et éleveurs bas-rhinois, dans les travaux de leur ferme.
Chez Jean Walter, à Lobsann (Bas-Rhin), c'est de chevaux dont elle va s'occuper, car l'éleveur doit s'absenter quelques heures pour participer à une réunion professionnelle. "Faire confiance la première fois, c'est dur", reconnaît l'éleveur. Mais depuis octobre 2023, ce trentenaire s'est lancé dans l'expérience du remplacement et il est très satisfait.
Respirer, souffler devient possible
Dans sa famille, Jean est la quatrième génération d'agriculteurs. Avant lui, se faire remplacer sur la ferme semblait inconcevable. "Mes parents n'allaient quasiment jamais en vacances. Les seules vacances consistaient à partir acheter un cheval, un chien, deux trois jours, mais c'est tout."
En cas de nécessité, les agriculteurs faisaient appel à des voisins du même métier, ou à de la famille pour les dépanner.
Mais Jean a trente ans, il fait partie d'une génération qui ne veut pas que son travail l'occupe 24h sur 24 et 365 jours par an. "Alors, savoir que l'on peut une fois de temps en temps confier le travail à un remplaçant et partir sereinement quelques heures ou un week-end, c'est super agréable."
Pour ses cinquante hectares de blé, d'orge, de maïs et de prairies, pour les chevaux dont il a la garde, Jean Walter a fait appel au service de remplacement du Bas-Rhin, à plusieurs reprises. Car, surtout avec des animaux, s'absenter, même pour quelques heures est compliqué. "Cette entreprise-là est un peu mon bébé, reconnaît-il. Mais ils avaient quelqu'un à me proposer qui avait déjà travaillé dans les chevaux, alors ça s'est très bien passé."
Le service départemental qui gère ces remplacements dispose de cinq salariés permanents, embauchés en CDI et de 60 à 65 agents pour des missions plus ponctuelles. Le responsable du service Christophe Haas, lui-même exploitant agricole, incite les agriculteurs à faire leurs demandes le plus tôt possible, afin de trouver les bons intervenants pour les postes à remplacer. Il leur demande d'anticiper au maximum les absences prévisibles, comme les formations par exemple.
"Il ne faut pas hésiter à faire appel à notre service. On ne va pas envoyer quelqu'un qui n'a pas les connaissances requises. Les remplaçants sont formés."
Christophe Haas, responsable du service de remplacement du Bas-Rhin
Seize mille agents remplaçants soulagent des exploitants agricoles dans toute la France. Le coût de la journée qui s'élève à 168 euros est partiellement pris en charge par des organismes sociaux, en fonction du motif de remplacement ; accident, maladie, congé parental ou vacances. Et chacun s'y retrouve. L'agriculture a le droit de faire autre chose que seulement travailler et les agents ont un emploi.
Anaïs, elle, voit même dans ces interventions ponctuelles l'occasion d'apprendre et de retenir le meilleur, pour le jour où elle s'installera à son tour. Il arrive même déjà qu'elle puisse donner des conseils à un autre agriculteur grâce à son expérience.