Marcel Schultz construit toutes sortes d'engins à vapeur dans son garage. Une passion qui l'anime depuis plus de 40 ans. Il a eu le coup de foudre lorsqu'il a vu des locomotives sur un circuit et s'est lancé le défi d'en faire rouler lui aussi.
Un jour, Marcel Schultz a vu des locomotives à vapeur et leurs wagons à échelle réduite sur un circuit. Il a admiré le spectacle, heureux comme un gamin. Et s'est mis en tête de fabriquer lui aussi ces drôles de machines. C'était en 1981 et depuis, la fièvre ne l'a pas quitté. Il est comme ça, Marcel, plus le pari est osé, plus il aime.
Le serrurier de formation, à la retraite depuis trois ans, a tout appris sur le tas. Souder, tourner, peindre, travailler le bois - "à la fin, il faut même installer les conduites de vapeur et donc jouer les tuyauteurs", sourit-il - entre autres. Il part de simples morceaux de tôle pour aboutir à des véhicules impressionnants, de toutes les tailles et tous les types.
En un peu plus de 40 ans, il a construit seize locomotives. D'abord, une Orenstein & Koppel 020 à deux essieux pour son fils aîné, puis "une Américaine" au style cow-boy comme lui avait commandé son second fils. Il y a aussi une Decauville, comme celles que l'on peut apercevoir sur le site touristique d'Abreschviller.
Jusqu'à 1.500 heures de travail sur un engin
Plus impressionnant encore, un modèle Tinkerbell, "une locomotive 7 pouces, très agréable à conduire. On ne s'assoit pas sur un wagon comme pour les autres, mais directement au poste du conducteur et on se sent comme dans une vraie locomotive. Il y a des vibrations, ça chauffe, on accède facilement aux différents robinets. On peut ravitailler en charbon devant soi. C’est vraiment une machine très agréable à piloter."
À chaque fois, plusieurs centaines d'heures de travail. 1500, même, pour son tracteur à vapeur de 630 kilos, sa machine la plus complexe.
900 heures pour son camion à l'échelle 2/5e, 800 pour sa locomobile qu'il a reproduite comme à l'origine, en 1898. La voiture peut rouler jusqu'à 45 km/h avec 30 kilomètres d'autonomie. "J’ai démarré cette voiture en octobre 2015 et en un hiver, je l’avais terminée. En un hiver !", assure-t-il.
Marcel Schultz fonctionne au coup de cœur. Dès qu'un engin lui tape dans l'œil, il décide de le construire. Il fouine sur l'internet pour dénicher des plans et schémas, quand ils existent.
Et en fin connaisseur, il vise la meilleure version des machines. Sur la locomobile, il a ainsi fait quelques modifications : "à la base, le brûleur de la chaudière fonctionnait à l’essence. Mais beaucoup de voitures ont flambé, donc j’ai préféré mettre une chaudière à fioul."
Un titre de meilleur ouvrier de France en autodidacte
Rien ne l'effraie. En 2007, il a obtenu le titre de meilleur ouvrier de France dans la catégorie "métier de l'industrie - maquettes industrielles". Le sujet : "Un boogie de métro sur pneu". Il s'est préparé en autodidacte, en parallèle de son métier, juste pour le loisir de se mesurer à la concurrence. Il a finalement terminé premier de sa promotion.
Le bricoleur touche-à-tout, également pilote d'ULM, prend autant de plaisir à travailler sur ses machines à vapeur qu'à les voir rouler ensuite.
Il affirme avoir l'impression de "rajeunir de 40, même 50 ans" à peine monté à bord. Avec son association, Le Tortillard, il entretient un circuit à Plaine. Le plus grand de France, avec 2300 mètres de rails. L'occasion de tester ses locomotives et de les présenter au public lors de journées portes ouvertes, trois week-ends par an environ. Une "grande fierté" pour Marcel, toujours tourné vers de nouveaux défis, à 63 ans.