VIDEO. Le whisky d'Alsace, un pari en passe d'être réussi

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Sujet Rund Um en alsacien sous-titré ©France Télévisions

Il y a tout juste 20 ans, la distillerie Bertrand a misé sur la production de whisky à Uberach (Bas-Rhin). Une manière de se réinventer alors que les ventes de schnaps étaient en baisse. Aujourd'hui, son audace semble payer, comme ailleurs en Alsace.

À côté des gros producteurs de whisky - Écosse, Irlande et plus récemment États-Unis et Japon - la France tente de se faire une petite place. Et l'Alsace n'est pas en reste. Dans la régionne, une dizaine d'entreprises se sont lancées.

"Nous étions les premiers dans le Bas-Rhin, se souvient Jean Metzger, responsable du développement de la distillerie Bertrand à Uberach. Quand on a démarré, personne n'y croyait, et vingt ans plus tard, plus personne ne se pose de question. D'autres s'y sont intéressés et ont suivi". 

Les producteurs tablent sur leur "whisky d'Alsace" pour tenter de se démarquer. Depuis 2015, ils bénéficient d'une indication géographique qui reconnaît leur savoir-faire. Le whisky d'Alsace doit être produit à partir d'orge maltée, concassée, brassée, fermentée, distillée, vieillie et finie sur le territoire. Les matières premières utilisées sont exclusivement l’orge maltée, l’eau et la levure. 

Le minutieux choix des barriques

"Ce n'est pas encore gagné, nous sommes toujours relativement novices dans le monde du whisky. Il reste des choses à apprendre, mais nous avons déjà nos clients", affirme Jean Metzger, qui va encore plus loin pour se distinguer. Les barriques qu'il utilise pour vieillir son whisky sont soigneusement choisies, en France, et même de plus en plus essentiellement en Alsace pour un spiritueux 100 % local, de l'orge au fût. 

"Chaque barrique a une histoire particulière à raconter. Elle transmet sa mémoire au whisky pour lui donner une identité"

Jean Metzger

Responsable du développement de la distillerie Bertrand

Toutes ont déjà accueilli des vins d'exception. Une sélection minutieuse car c'est là que se joue la qualité du produit final. "Chaque barrique a une histoire particulière à raconter. Elle transmet sa mémoire au whisky pour lui donner une identité", assure l'éleveur, qui compare l'élaboration de cette boisson à une création musicale. Il compose et accorde chaque eau-de-vie de malt d’orge distillée avec une barrique et un terroir bien spécifiques.

"Ces barriques viennent du Jura, explique-t-il en montrant deux des centaines de tonneaux couchés dans le chai de la distillerie. Elles contenaient auparavant du vin de paille, un vin plutôt sucré. Cela donnera quelque chose de très intéressant". Un peu plus loin, des barriques qui abritaient un vin du grand cru Rangen. "Là, on aura des arômes complètement différents."

Pour conserver l’empreinte de l’alcool contenu auparavant dans une barrique, Jean Metzger va la chercher le jour même où l’alcool est retiré du fût pour la remplir d’eau-de-vie de malt.

L'éloge de la lenteur et des créations originales

Sa philosophie : faire l'éloge de la lenteur. Il laisse son whisky vieillir longtemps, bien au-delà des trois ans obligatoires pour laisser aux parfums le temps de se développer. 

Laurent Osswald, le distillateur de la maison Bertrand, distille environ 100.000 litres de bière chaque année, pour 6.000 litres de whisky. Une petite production, artisanale. Seules trois personnes travaillent à la distillerie, qui appartient depuis quelque temps au groupe Wolfberger. Mais le whisky représente déjà 80 % de l'activité. "Cela nous amène de nouveaux clients et nous permet de continuer à exister, y compris dans le schnaps, pour lequel la demande est en baisse", confie encore Jean Metzger, passionné de vins et de spiritueux, qui semble donc avoir réussi son pari.

Et il ne compte pas s'arrêter là. En 2013, dix ans après le démarrage du whisky, il a imaginé un biersky, mariage entre eau-de-vie de bière et eau-de-vie de malt, deux alcools typiquement alsaciens.

Depuis 2020, il embouteille également chaque 21 octobre, jour de la Saint Wendelin, un whisky-hommage au saint patron d'Uberach. Des innovations pour se faire un nom. La distillerie Bertrand commence d'ailleurs à exporter ses produits.

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