Jacky Forrler collectionne les costumes traditionnels alsaciens, à Obermodern, dans le Bas-Rhin. Au fil des ans, il a accumulé plus de cent tenues dont il connaît tous les secrets et restaure, coud, brode... certaines pièces uniques.
Dire que Jacky Forrler est un grand amateur des traditions alsaciennes est un euphémisme. Sa passion est omniprésente dans sa vie. Le pâtissier de métier préside le groupe folklorique de son village, Obermodern, depuis 2003. Il collectionne également les costumes alsaciens.
Pénétrer dans son corps de ferme, c'est faire un bond dans le temps. Partout, des antiquités alsaciennes qu'il a chinées. On vient lui remettre spontanément des tenues traditionnelles dont on ne veut plus, parfois retrouvées dans des greniers. De quoi étoffer encore un arsenal déjà conséquent : plus de cent costumes amassés en une trentaine d'années.
Car il existe une énorme diversité de ces habits. Rien que pour la coiffe, on recense presque autant de variantes que de villages, en plus de la noire classique : coiffe à bec, à barbes ou à brides, bonnet en cotonnade, en soie, en brocart, rebrodé ou non de fils de soie ou de cannetille, de paillettes, de chenillettes, de verroterie et même de fils d’or et d’argent.
Le costume renseigne sur la situation maritale, la religion ou le statut social
Jacky Forrler a appris à les nouer selon un pliage bien précis chez une vieille dame de son village. Depuis, il enseigne cet art lors d’ateliers. Il sait redonner aux costumes un coup de jeunesse et une seconde vie, à force de restaurer, coudre et broder pour reproduire des pièces parfois uniques.
Comme ce foulard, appelé "joie et peine", qu'il a conçu en reprenant des motifs traditionnels : "il peut se porter à deux occasions, face colorée en évidence les jours de fête, ou côté noir et blanc pour afficher le deuil."
Ce qui le passionne tout particulièrement, c'est la mine d'informations qui se cache derrière chaque détail, chaque couleur de la tenue. "Les verroteries et les clinquants de la coiffe sont un signe de prospérité, explique-t-il devant un costume de mariés du pays de Hanau. Et plus il y a de boutons sur le gilet du jeune homme, plus il est riche."
Des tenues traditionnelles bien vivantes au sein de son groupe folklorique
Si on sait le déchiffrer, le costume alsacien renseigne sur la situation maritale, la religion ou le statut social de celui qui le porte. Il varie selon les régions d'Alsace. Tout un tas d'anecdotes y sont associées : "Autrefois on racontait qu’en allant à l’église le dimanche, les femmes plaçaient un peu de romarin derrière le plastron pour ne pas s’endormir et piquer du nez si le prêche durait trop longtemps. Le romarin les revigorait."
Jacky Forrler se bat pour sortir ces histoires des placards et les transmettre aux jeunes générations. Les tenues traditionnelles ne se conjuguent pas qu'au passé : avec son groupe folklorique, il les rend plus vivantes que jamais.