À l'occasion du centenaire de l'armistice de la Première Guerre mondiale, nous vous proposons une série de reportages consacrée au retour de l'Alsace à la France. Un épisode complexe, entre euphorie et malaise, joie et douleur.
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En novembre 1918, à l'issue de la Première Guerre mondiale, l'Alsace et la Moselle reviennent à la France. Une restitution officialisée le 28 juin 1919 par le traité de Versailles. Ces territoires avaient été annexés par l'Allemagne en 1871, à l'issue de la guerre franco-prussienne de 1870. Près de cinquante ans plus tard, leur retour à la France est loin d'être un long fleuve tranquille. Les archives de la Ville de Strasbourg et de l'Eurométropole, et le Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration, consacrent une exposition à cette histoire complexe.
De l’euphorie au malaise
Quand à la mi-novembre 1918, les troupes françaises pénètrent sur le territoire des provinces perdues (Bas-Rhin, Haut-Rhin, Moselle), les même scènes de liesse se répètent un peu partout. Mais l'Alsace libérée va passer de l'euphorie de la fin de la guerre au malaise suscité par les décisions d'un gouvernement central bien
trop pressé de franciser une région qui vient de passer un demi-siècle sous autorité allemande.
Un triage arbitraire
A l'automne 1918, l'Alsace se vide de ses «anciens Allemands», les indésirables, arrivés à partir de
l'annexion. Les habitants doivent
justifier de leur identité et tous ceux jugés suspects, un peu trop germanophiles, sont contraints de quitter le pays. Des expulsions massives sont réalisées dans un climat délétère de dénonciation. Très vite, toute la population est triée selon ses origines, mais aussi ses opinions politiques. Les Alsaciens jugés germanophiles sont sanctionnés. Personne n'est épargné, de nombreuses erreurs sont commises. Elles marqueront profondément les esprits dans la région.
Les coups de crayon d'Hansi
Avant la guerre,
Hansi, le dessinateur caricaturiste alsacien,
dénonce l'occupation allemande. Il passe la guerre au sein des troupes française et revient en Alsace en libérateur. En 1918, le soldat Hansi défile avec les troupes françaises. Un moment qu'il appelle de ses voeux depuis plusieurs années, qu'il a dessiné dès la libération des premiers villages, et auquel il a activement participé, en quittant l'Alsace pour s'engager
au 15-2, alors basé de l'autre côté des Vosges, d'abord comme traducteur, puis au sein des services de propagande. Il accompagne la libération de son coup de crayon inimitable, jusqu'au malaise alsacien, qui le pousse à se retirer du débat politique.
La francisation
En quarante-huit ans d'occupation, deux générations d'Alsaciens ont vu le jour et parlent officiellement l'allemand, et
l'alsacien demeure leur langue de cœur. Les retrouvailles avec Paris vont rapidement se crisper autour de la politique de francisation engagée par le gouvernement Poincaré. Si l'administration restera bilingue pendant toute l'entre-deux-guerres pour permettre aux agents germanophones, comme aux administrés, de se faire comprendre, le français devient la langue de l'école. Désormais dans les classes de primaires, plus aucun mot d'allemand, ni d'alsacien n'est toléré.
Marie Hart, l'Alsacienne amère
C'est l'histoire complexe d'une identité malmenée. A la fin de la Première Guerre mondiale, Marie Hart, femme écrivain, née à Bouxwiller, rendue célèbre par ses livres et ses nouvelles en dialecte, a dû s'exiler en Forêt-Noire. Chassée par la haine de ses concitoyens, pour la simple raison qu'elle avait épousé un Allemand, elle est un témoin de première main du climat de suspicion et de haine qui régnait en Alsace en 1918-19.
La bataille du concordat
Passée la joie du retour à la France des provinces perdues, vient le principe de réalité. L'assimilation ne va pas se faire sans heurts et va se heurter aux réalités locales, une complexité législative, linguistique et religieuse dont il va falloir tenir compte. La République va devoir composer avec cette histoire et c'est ainsi que va naître le fameux
droit local.