Alors que les vendanges ont débuté en Alsace, c'est l'occasion de parler de la progressive montée en gamme des vins depuis les années 90. S'ils ont longtemps connu un déficit de notoriété par rapport à leurs voisins, notamment ceux de Bordeaux et de Bourgogne, ils sont en train de se faire une place de choix.
Depuis les années 90, on assiste à une incontestable montée en gamme des vins d'Alsace : "Dans la région, nous sommes encore loin d'un vignoble spéculatif comme en Bourgogne et dans le Bordelais, explique Philippe Schilik, caviste à Weitbruch. Mais une chose est sûre : il existe une nette progression des vins d'Alsace sur le marché, et les prix montent. Aujourd'hui, il n'est pas rare, même si ça n'est pas la norme, de trouver des cuvées spécifiques à 30 ou 40 euros."
Certes, en termes de prestige, les vins de la région ont toujours du mal à concurrencer les Bordeaux et les Bourgognes. Un exemple très parlant : la comparaison des bouteilles les plus chères dans ces régions viticoles. En Alsace, si l'on écarte les cuvées en vendanges tardives les plus rares et presque introuvables, c'est le clos Sainte-Une qui détient la médaille d'or. Issu d'un vignoble appartenant à la famille Trimbach depuis 200 ans, à Ribeauvillé, ce riesling est vendu 277 euros la bouteille.
Côté bordelais, le vin le plus cher est le Liber Pater, qui coûte 4126 euros. Et en Bourgogne, où l'on trouve le vin le plus cher de France, c'est la cuvée Musigny Grand Cru qui remporte la mise : 41 600 euros la bouteille. Niveau prix, donc, les vins d'Alsace ont du mal à concurrencer leurs prestigieux voisins français.
Il n'empêche : "Dans les prochaines années, il est possible que certains vignobles deviennent spéculatifs, même si nous n'en sommes pas encore tout à fait là, poursuit Philippe Schilik. En revanche, cette montée en gamme progresse lentement mais sûrement." Il y a aujourd'hui 51 grands crus en Alsace, soit 4% du vignoble.
Les vins bio en Alsace : un record français
De plus en plus de viticulteurs ont fait des choix auxquels ils se tiennent sur le long terme : ils décident de produire moins mais des vins de meilleure qualité, la vigne est plus suivie, les sols aussi. On note une expansion impressionnante des parcelles dédiées au vin biologique ou en biodynamie. Cela représente aujourd'hui un tiers du vignoble alsacien. C'est un record français.
En résumé : le client consomme moins mais mieux. Dans 90% des cas, ce que les professionnels appellent le "cœur de gamme", les amateurs achètent des bouteilles entre 7 et 15 euros. 140 millions de bouteilles de vin d'Alsace sont commercialisées chaque année. Elles sont aujourd'hui exportées dans 130 pays, les trois quarts dans l'Union européenne.