Jordane Meyer, viticultrice à Rosenwiller sera la femme du mois de septembre, sur le calendrier national « Belles des Prés » 2021, du photographe toulousain Johann Baxt. Une façon pour elle de soutenir sa filière, de dire que les femmes y ont bien leur place et que son village mérite le détour.
Pour Jordane Meyer, l'idée de faire une telle photo est née en 2018, en voyant sur un post Facebook, une viticultrice poser en porte-jarretelle, devant un tonneau de vin. Quand elle a rencontré par hasard le viticulteur chez lequel la photo avait été prise, celui-ci lui a proposé de postuler auprès du photographe à l'origine du projet, Johann Baxt. Un an après, la voilà sur le calendrier "Belles des prés" 2021.
"Au départ, l'idée du photographe était que je fasse le mois de décembre, avec la décoration alsacienne qui s'y rattache, bredele, maenele etc" raconte Jordane Meyer. Je lui ai dit : "C'est très bien, mais ce n'est pas moi. Je suis viticultrice, autant promouvoir ma région". Je lui ai proposé des lieux dans le vignoble à Rosenwiller, deux-trois robes, et quelques paires de chaussures. Pour la décoration, comme nous vendons du vin en vrac, je voulais montrer une bouteille comme symbole du vin d'Alsace, puis on a rajouté une table, un bretzel, un mini kougelopf et voilà."
Des photos faites entre les deux confinements
"On a fait les photos fin juillet, dans les vignes. J’étais impressionnée, c’est quand-même un calendrier national. Je m'étais mis la pression, mais tout s'est passé très vite. On a dû faire dix photos en tout et le photographe m'a dit : "c'est bon, j'ai ce qu'il faut". Il me les a montrées et je trouvais qu'elles étaient effectivement bien. Je suis plutôt contente du résultat. Ça m'a même rendue assez fière. Je trouve ça élégant, sans être trash. Je suis surtout fière de faire connaître mon village, qui n'est pas sur la route du vin. "Mettre les femmes du monde agricole en lumière
Issu du milieu agricole, sans jamais y avoir travaillé lui-même, Johann Baxt a toujours pensé que les femmes de ces métiers étaient invisibles. En 2015, il a eu l'idée de faire un calendrier avec douze femmes du milieu agricole. "Au départ, c'était un calendrier local" explique Johann Baxt au bout du fil, depuis son village près de Toulouse, "et en 2018, j'ai eu l'idée de représenter des femmes du monde agricole, de toute la France. J'ai lancé un appel sur Facebook et j'ai eu de plus en plus de candidatures. Il a fallu faire une sélection. J'ai choisi d'en prendre de tous les coins de France, Alsace, Normandie Bretagne...et de profils différents. Elles sont donc agricultrices, viticultrices, femmes d’agriculteurs, commerciales en génétique bovine, éleveuses etc. Ensuite il fallait qu'elles puissent me proposer un cadre, elles m'exposaient leurs idées. Je n'ai pas choisi en fonction de leur physique, mais à partir de tous ces éléments et de nos échanges."Dans la foulée, une association d'aide aux femmes du monde agricole est née
Une belle histoire d'amour et une association sont nées de cette tournée du photographe. "J'ai rencontré ma compagne pendant un de ces shooting, en Normandie. Elle m'a accompagné pour m'assister et au fil des rencontres avec les agricultrices, on s'est rendu compte que certaines vivaient dans des conditions assez difficiles. Elle a décidé de créer une association pour leur apporter une petite aide financière dans leurs projets." Mais cette association va par exemple aussi donner un petit coup de pouce à une jeune alsacienne du secteur de Sélestat, Virginie Ebner, dont la bergerie a été détruite par un incendie, début novembre.
Ce genre de coup de pouce se fait grâce au bouche à oreille, et au lien que les gens font avec le calendrier "Belles des Prés" et l'association. Dans ce cas, un agriculteur a contacté l'association pour parler du drame arrivé à cette agricultrice. Tout naturellement, l'association a voulu donner un petit coup de pouce à cette éleveuse et se prépare à lui envoyer un chèque d'un montant de 200€.
Avis aux candidates pour le calendrier 2022
Le photographe fait son casting en janvier, février. Au printemps, il commence à imaginer les scènes, à convenir des dates avec les candidates retenues. Puis quand tout est prêt, il entreprend ses tournées de shooting. En général, il en fait deux de quinze jours. Une en mars-avril, la seconde en mai. Le calendrier "Belles des prés", vendu pour 18,90 euros, connait un succès grandissant et au fil des ans, la demande augmente.Désormais, le photographe consacre tout son temps à ce calendrier. Grâce à lui, ces femmes, longtemps dans l'ombre du monde agricole, sont mises en lumière: "Un quart des exploitations agricoles françaises sont dirigées par des femmes en 2019. Celles-ci n’étaient que 8 % en 1970." indique l'association petit coup de pouce sur son site internet. Pour l'Alsacienne Jordane Meyer, c'était une bonne expérience. "J'ai eu beaucoup de félicitations des habitants du village." dit-elle, "j'ai plein de demandes pour un calendrier, j'en ai carrément commander une vingtaine, ça évite aux gens de devoir le faire chacun à son tour. On fait une commande groupée." Bien sûr, deux ou trois seront déposés comme cadeau, sous le sapin, à Noël.