Les bonnes affaires et trouvailles attirent chaque année des milliers de personnes sur les marchés aux puces en Alsace. Avec le printemps, les stands refleurissent dans les villages, créant cette ambiance inégalée de bric à brac et de foule qui lézarde dans le fumet des saucisses grillées.
Aux premières lueurs de l’aube, les vendeurs prennent possession de la place qui leur est attribuée pour la journée. Les coffres de voitures, chargés à ras-bord, sont déballés, parfois encore à la lumière des lampes de poche. Les tables de camping se déploient, de longues planches sont posées sur des tréteaux, calés au mieux, selon la route ou le bout de prairie où chacun échoit.
A peine installés, les stands sont ouverts. D’office. Car les acheteurs professionnels sont déjà là et ne veulent pas rater les bonnes affaires. Leur œil averti balaie les marchandises et s’arrête presque immanquablement sur l’objet de valeur. C'est souvent là que les plus gros billets s'échangent.
Puis viennent les chineurs, les villageois, les badauds et les promeneurs du dimanche. Les premiers sont équipés. Ils tirent derrière eux un charriot à roulettes. "On les fait quasiment tous" reconnait une dame à la brocante d'Epfig, ce lundi de Pâques. Pour les autres, c'est à la bonne franquette. Selon l'occasion qui se présente et l'envie acheteuse du moment.
Vases et chopes de bière en grès beige, abat-jour à franges, vaisselle ébréchée ou épargnée malgré les ans, sacs en similicuir, fleurs ou cerfs brodés sur canevas ...et pourtant, on n'est jamais à l'abri d'une belle surprise. Un livre dédicacé par l'auteur, un tableau de maître passé inaperçu, un timbre rare, un samovar ou une fontaine à thé impeccable, comme vous n'osiez en rêver, peut n'attendre que vous.
Le marché aux puces, c'est une ambiance. Des places et des rues de villages animées, des terrains de foot couverts de stands et de promeneurs. Certains s'appliquent pour présenter au mieux leurs marchandises, tout droit sorties du grenier ou de la cave. Tout bien épousseté. Ou pas.
Les vide-greniers, une aubaine pour le porte-monnaie
Selon Marie-France, venue de Sélestat, les gens achètent moins : "Ils ont moins d’argent à cause de la crise." D'autres viennent justement pour cela et les vendeurs le savent. Mylène, venue elle aussi de Sélestat, à une douzaine de kilomètres, vend des vêtements de son bébé, à 1 euros :"Forcément ça marche, et quelqu’un d'autre en profite."
Une jeune maman s'est déplacée depuis Schirmeck, à plus de 40 kilomètres: "Je recherche des jouets pour mon enfant et des Pokémons pour son papa. On a un budget de 50 euros."
Les négociations sont parfois rudes. Pas questions de payer le prix fort ici, comme dans les magasins. "Si ce c'est pas une bonne affaire, je laisse tomber." Pour elle, une bonne affaire, c'est des habits et de la vaisselle, à deux-trois euros. Pour d'autres, c'est plus le plaisir de tomber sur un objet inattendu, comme cette dame qui vient surtout parce qu'elle collectionne les poupées mais vient de s'offrir un sac à main qui la ravit.
"Ils essaient de casser les prix, pour certains trucs on peut, pour d'autres pas."
Alain, particulier venu de Sarrebourg, pour tenir un stand à Epfig
Lieu de rencontres et d'échanges, occasion de sortir de son canapé, de faire du rangement par le vide (avant un déménagement ou simplement parce que ce n'était plus possible de garder tout ça), les vide-greniers sont des lieux de vie, comme hors du temps.
Ce lundi de Pâques, il y en avait pour tous les goûts et tous les âges au marché aux puces, organisé par le club de foot d'Epfig. Et puis surtout, il y avait le beau temps. Et rien ne vaut le soleil pour motiver les foules un jour férié.