Ardennes : la campagne d'été des Restos du Coeur ouverte

Les beaux jours reviennent, les températures se réchauffent. Mais pour les bénéficiaires des Restos du Coeur, la précarité ne s'arrête pas même s'il fait beau dehors. Dans les Ardennes, l'association a lancé sa campagne d'été en avril. Deux-tiers des bénéficiaires viennent toute l'année.

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Dans les Ardennes, la campagne d'été des Restos du Cœur a débuté le 13 avril dernier. Pour la 2ème année seulement, les 18 centres ardennais sont ouverts hors période hivernale.

En été, ils sont 2300 à venir à l'association, soit environ 70% du nombre total de bénéficiaires à l'année. 

A Bourg-Fidèle, ils gagnent tous moins de 516 euros par mois, le barème fixé pour cette campagne d'été. 


Tampons et serviettes : des produits de luxe


Quand on n'est pas confronté à la précarité, on n'imagine pas forcément que pour certaines personnes, les serviettes hygiéniques coûtent cher. Encore taboue, en France, on appelle cela : " la précarité menstruelle". 

Face à l'ampleur du phénomène, depuis le 1er avril, une mutuelle étudiante propose à ses adhérents de rembourser jusqu'à 25 euros par an de protections hygiéniques sur présentation du ticket d'achat. Une première en France.

Habituellement présente dans les pays en voie de développement, cette forme de précarité existe aussi dans les pays riches, comme en France, en Angleterre, en Ecosse...

Beaucoup de filles ont honte et n'osent pas aller voir l'assistante sociale car on est dans quelque chose qui touche à l'intime, de privé, que l'on veut garder secret


Infirmière dans un lycée de Seine-Saint-Denis, en banlieue parisienne, Claire en a fait le constat: "Il y a quelques années, j'étais en poste dans un lycée en plein coeur de Paris et je n'avais quasiment aucune demande de serviettes hygiéniques. Aujourd'hui, j'ai près de 400 demandes par an. A cette échelle, ça pose un problème de budget, je ne peux plus gérer."

Selon elle, "beaucoup de filles ont honte et n'osent pas aller voir l'assistante sociale car on est dans quelque chose qui touche à l'intime, de privé, que l'on veut garder secret".

Cette "barrière symbolique", qui empêche ces femmes de parler de leur situation, Brigitte Miché, coordinatrice des missions sociales aux Restos du coeur à Paris, en a été témoin.

Dans les centres où affluent les bénéficiaires de l'aide alimentaire, elle raconte avoir vu des femmes rebrousser chemin lorsque les bénévoles n'étaient que des hommes. Il y a aussi ces mères de famille qui lui chuchotent "vous reste-t-il des serviettes?".

Les Restos du Coeur, une des rares associations alimentaires à distribuer des serviettes hygiéniques

Les Restos font partie des rares associations alimentaires à distribuer des protections périodiques. "Nous en demandons lors des collectes mais très peu de gens ont le réflexe d'acheter un paquet de serviettes car c'est le produit tabou qu'on ne va pas oser acheter et donner", souligne-t-elle.

D'autres associations comme les Banques alimentaires refusent d'en distribuer, arguant se limiter à la collecte de denrées alimentaires, alors que 70% de leurs bénéficiaires sont des femmes.

En France, le débat autour des protections hygiéniques avait défrayé la chronique en 2015, au moment des discussions sur le taux de TVA qui leur était appliqué. Grâce à la mobilisation de collectifs féministes, il avait été ramené à 5,5%.

Pourtant, observe Tara Heuzé, "la baisse de la TVA n'a pas été répercutée sur les prix", qui n'ont donc pas diminué. "Finalement, c'est un cadeau que l'on a fait aux marques", qui règnent sur un marché estimé à plusieurs milliards de dollars.
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