Grenouilles et crapauds sont en pleine effervescence depuis quelques jours. Sur une petite route à proximité du village de Tournavaux, ils sortent en nombre de la forêt où ils ont hiverné pour rejoindre les points d’eaux où ils se reproduiront. Une traversée à très hauts risques.
Parmi les nombreuses espèces animales victimes de la circulation routière, les amphibiens ne sont pas épargnés.
Pour atténuer l’impact de ce phénomène, le Parc Naturel Régional des Ardennes (PNR), les élèves du lycée agricole de Saint-Laurent et les habitants de la commune installent le long des routes, des barrières et des seaux aux endroits les plus sensibles afin d'empêcher les animaux de traverser. Grenouilles et crapauds sont ensuite relâchés de l’autre côté de la route sur leurs sites de reproduction.
Lors de leur migration saisonnière, à la fin de l’hiver, les amphibiens cherchent à rejoindre les points d’eau pour se reproduire. Traversant les routes qui se trouvent sur leur axe migratoire en grand nombre, ils sont écrasés en masse. Ce qui peut entraîner à terme une extinction des populations locales.
Mise en place d’un crapaudrome
Depuis ce lundi matin, chaussées de bottes, une quinzaine de personnes ont répondu à l’appel du Parc Naturel des Ardennes. Une pelle dans une main, un seau de l’autre, ils sont prêts pour l’opération crapaud. Leur objectif, implanter 600 mètres de filet en tissu le long de la route. "Nous avons une population conséquente sur ce secteur, cet aménagement a pour intérêt de capturer les amphibiens avant leurs déplacements vers les points d’eaux, lieu où ils se reproduisent", explique Coralie, chargée de mission amphibien au PNR.Les crapauds et grenouilles sont donc piégés dans des seaux enterrés tous les 10 mètres et récupérés par les bénévoles tous les matins. Un dispositif installé à partir d’aujourd’hui qui restera en place jusqu’à la fin de la période de reproduction, c'est-à-dire vers mi-avril.
Nous allons en récupérer plusieurs centaines durant la période de reproduction, le but est d’assurer leur survie.
-Victoria, élève en seconde année de BTS
Suivie de la population
L’idée est aussi de suivre l’évolution de ces batraciens et de les compter, grâce au relevage tous les matins, ils pourront ainsi faire une cartographie globale des populations vivant sur ces zones humides.De nombreuses espèces d’amphibiens sont à la base de la chaine alimentaire beaucoup d’oiseaux, de reptiles se nourrissent des grenouilles comme le héron. Aujourd’hui, avec cette opération réalisée avec les autorisations de déplacement d’espèces protégées, elle constitue un véritable socle de protection environnemental pour la survie de ces espèces.
"Ces espèces ont énormément souffert de la disparition et de la dégradation des zones humides, et le constat est sans appel, les populations diminuent d’année en année, et aujourd’hui toutes ces espèces sont protégées, il est primordial d’agir pour leur conservation", constate Coralie Thuiller.
Les étudiants en BTS mobilisés
Ce lundi matin, une dizaine de lycées participent a l’opération crapaudrome, une mission qui rentre dans leur programme d’étude au sein du lycée agricole de Saint-Laurent. Une mobilisation importante à leurs yeux."C’est intéressant en tant qu’étudiante de participer à ce type de chantier, les populations sont en danger aujourd’hui, cela fait parti de notre rôle que de tenter de les préserver", explique Victoria en seconde année de BTS Gestion et protection de la nature.