Affaire Estelle Mouzin : arrêt des fouilles au château du Sautou dans les Ardennes

Pour la troisième fois, les fouilles menées au château du Sautou dans les Ardennes pour retrouver le corps d'Estelle Mouzin, ont échoué. Il a été décidé d'arrêter les recherches dans l'ancienne propriété de Michel Fourniret, ce jeudi 10 décembre au soir, avec une journée d'avance. 

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On attendait beaucoup de cette nouvelle semaine de fouilles au château du Sautou dans les Adennes, mais comme les deux précédentes, elles n'ont pas révélé de secret. Elles ont été stoppées ce jeudi 10 décembre 2020. Depuis lundi 7 décembre, d'importants moyens étaient déployés pour retrouver le corps de la petite Estelle Mouzin, disparue le 9 janvier 2003 à Guermantes, en Seine-et-Marne. En ce 4e jour de recherche, "ces nouvelles fouilles n'ont pas permis de retrouver le corps de la fillette dans cette propriété très vaste" (pas moins de 15 hectares) a annoncé à France 3 Paris Ile-de-France Me Didier Seban, l'avocat d'Eric Mouzin, le père de la victime. Après des séries de fouilles réalisées en juin et octobre 2020 en présence de Michel Fourniret et de Monique Olivier, les auteurs présumés de la mort de la petite Estelle, de nouvelles recherches avaient en tout cas débuté ce lundi 7 décembre dans les Ardennes.

D'importants moyens ont été mobilisés. Deux pelleteuses de vingt tonnes et, côté humain, des militaires, des experts en identification criminelle, un anthropologue et un archéologue sont présents. Une fois la terre de surface retournée par les engins, le travail de ce dernier consiste à déterminer si la terre a été retournée précédemment dans les couches plus en profondeur, pour y enterrrer un corps. Un travail qui nécessite de travailler à la lumière du jour. En prévision des fouilles, un hectare et demi de terrain a été déboisé dans les jours précédents.

Jour 3 : "il faut garder espoir"

Les recherches se sont poursuivies ce mercredi 9 décembre, toujours sans nouveaux élements pour l'instant. Lors du traditionnel arrêt de fin de journée pour tenir informer les journalistes, tenus à l'écart à plus d'un kilomètre du château du Sautou, l'un d'eux ose poser la question présente dans toute les têtes à Corinne Herrmann, avocate du père d'Estelle Mouzin : "est-ce que ce n'est pas difficile de garder espoir?"

"Vous savez, cela fait quinze ans que l'on a espoir de retrouver Estelle donc on n'est pas à quelques jours près, déjà pour commencer, répond-t-elle après un bref moment de silence. Il faut garder espoir, quand bien même elle ne serait pas ici on gardera espoir de la trouver. Cet emplacement est intéressant, il faut aller au bout maintenant est-ce qu'on aura fait le tour de tout, est ce qu'on reviendra ici fouiller, pour l'instant ce n'est pas encore la question."
 

Jour 2 : "on n'est pas au bout de ces fouilles pour l'instant"

Les recherches ont repris ce mardi 8 décembre. Les voitures des experts de l'identificaton sont arrivées sur le site vers 9h, suivies, moins d'une heure plus tard, par celles des avocats du père d'Estelle Mouzin. Le tout dans une ambiance froide et humide, sous une pluie fine transperçante.
 
Peu après 16h, les deux avocats sont repartis sans pouvoir annoncer de nouvelle avancée mais avec un espoir apparemment intacte. "Quand on regarde ce qu'il reste à faire, la motivation est toujours là. Tranche de terre par tranche de terre, on espère, on regarde, on attend mais on n'est pas au bout de ces fouilles pour l'instant", positivise Corinne Herrmann.
 

Jour 1 : "ça avance pas à pas"

Les opérations se sont achevées aux alentours de 18h, lundi 7 décembre, peu après la nuit tombée. Sans découverte pour l'instant. "C'est un travail très méthodique et très sérieux qui est mené par la gendarmerie et par l'armée et donc ça avance pas à pas, indique Didier Seban, l'avocat du père d'Estelle Mouzin. Aujourd'hui, il n'y a pas eu de découverte significative mais les recherches sont prévues pour toute la semaine donc on peut encore espérer puisqu'il y a des endroits très caractéristiques qui n'ont pas encore été travaillés."
 

Corinne Herrmann et Didier Seban, les avocats du père d'Estelle Mouzin, au soir du premier jour des fouilles, lundi 7 décembre 2020 / © Sébastien Valente/France Télévisions

 

Une nouvelle manipulation de Fourniret ?

Lors des deux dernières séries de fouilles, en juin et en octobre, de nombreux endroits avaient été visités par les enquêteurs, la juge d'instruction Sabine Khéris suivant les indications de Michel Fourniret et de Monique Olivier, présents sur place. L'objectif étant de raviver la mémoire du tueur en série âgé de 78 ans. Si les enquêteurs sont à chaque fois repartis bredouilles, il semble que l'Ogre des Ardennes ait tout de même indiqué plus précisément son ancienne demeure du château du Sautou comme pouvant être l'endroit où il aurait enterré sa victime.

Des révélations lâchées à la fin des recherches au mois d'octobre, d'où la nécessité de revenir une nouvelle fois dans les Ardennes. Nouvelle manoeuvre du tueur en série pour jouer avec les enquêteurs ou véritable indication? Impossible à dire.


Au Sautou, déjà deux corps retrouvés

Michel Fourniret et Monique Olivier ont vécu au château du Sautou de 1989 à 1991 après l’avoir acheté pour 1,2 millions de francs, soit 183.000 euros. Une somme qui provenait d’un trésor caché par une bande de braqueurs et volé par Michel Fourniret à la fin des années 1980.

En juillet 2004, sur les indications du tueurs en série, deux de ses victimes ont déjà été retrouvées enterrées sur le domaine de la propriété. Élisabeth Brichet, enlevée près de Namur en Belgique alors qu’elle avait 12 ans, et Jeanne-Marie Desramault, une étudiante française tuée en 1989 à 22 ans. 

Richard Delgenes, avocat de Monique Olivier dit quant à lui "avoir de l'espoir" quant aux recherches en cours depuis ce lundi 7 décembre. Pour le cas Estelle Mouzin voire au-delà de cette affaire. "Michel Fourniret avait déclaré en 2005-2006 qu'il avait tué trente jeunes filles", rappelle-t-il. Des victimes donc loin d'être toutes identifiées rendant plausible la découverte d'autres corps.
 

Michel Fourniret toujours hospitalisé

Contrairement aux autres fouilles, ni Michel Fourniret ni Monique Oliver ne sont présents sur place. Le 20 novembre, l'Ogre des Ardennes était retrouvé au sol après avoir fait un malaise dans sa cellule de la prison de Fresnes et conduit au service de réanimation du centre hospitalier Henri Mondor de Créteil. Son état stabilisé, il l'a quitté vendredi 4 décembre pour être transféré à l'unité hospitalière sécurisée interrégionale (UHSI) de Paris. Il ne serait cependant pas en état de subir un quelconque transport.

En novembre 2019, le tueur en série avait été mis en examen pour la mort d’Estelle Mouzin. Il n'était formellement passé aux aveux pour ce crime que plusieurs mois plus tard, en mars 2020. Son ex-femme, Monique Olivier, a été mise en examen pour complicité dans cette même affaire.


Course contre la montre

Si le rythme des recherches s'intensifie, c'est aussi que c'est une course contre la montre qui est en train de se jouer face à une mémoire de Michel Fourniret qui ne cesse de décliner. "A certains moments il est absent, à d'autres il est lucide. Il donne parfois l'impression d'être en dehors du temps, comme une personne âgée. On le traite comme tel, mais en étant conscient qu'il peut manipuler. Il faut être vigilant avec lui", confiait ainsi un enquêteur à franceinfo.

Le 12 novembre 2020, la gendarmerie nationale a lancé un appel à témoins dans l'espoir d'obtenir de nouvelles informations sur des "enquêtes judiciaires en cours" pouvant impliquer le tueur en série Michel Fourniret et son ex-épouse Monique Olivier. Les personnes qui les ont vus ou pensent les avoir vus, "ensemble ou séparément", et qui sont "en mesure de situer le lieu et la période" sont invitées à livrer leurs témoignages sur une adresse mail : infos-fourniret@gendarmerie.interieur.gouv.fr ou par courrier : INFOS-FOURNIRET BP, 40000 95026 CERGY PONTOISE CEDEX).

Michel Fourniret a été déclaré coupable en 2008 des meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001 et condamné à la perpétuité incompressible, avant d'être à nouveau condamné en 2018 pour un assassinat crapuleux. Il est également mis en examen pour les disparitions et la mort de Marie-Angèle Domece et Joanna Parrish, qu'il a avouées devant la juge Khéris.

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