Animaux maltraités : Gérald Darmanin annonce plus de moyens humains, la Lisa des Ardennes réagit

Le ministre de l'Intérieur a annoncé plus de moyens pour lutter contre les violences faites aux animaux. France 3 Champagne-Ardenne a contacté Sabrina, présidente de l'association Lisa à Charleville-Mézières (Ardennes) pour avoir son ressenti.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a annoncé "renforcer les moyens" pour lutter contre la maltraitance des animaux. Une "division nationale d'enquête dédiée à la lutte" contre ces violences a été créée au début du mois de janvier 2023.
De plus, dans "chaque commissariat et brigade de gendarmerie, un référent sera nommé pour prendre les plaintes et enquêter". Les effectifs représenteraient 4.000 personnes sur tout le territoire.
Le ministre a tenu à rappeler que la loi prévoyait 75.000 euros d'amende et cinq ans d'emprisonnement pour actes de cruauté sur les animaux. Il s'agit de l'application de l'article L521-1 du code pénal mais seulement dans le cas où l'animal meurt à cause des cruautés. La peine commune constitue "juste" 45.000 euros d'amende et trois ans de prison.

Le précédent Bob

Sabrina, la présidente de la Ligue dans l'intérêt de la société et de l'animal (Lisa) de Charleville-Mézières (Ardennes) verrait ces nouveaux référents d'un bon oeil. "Ça serait mieux. Surtout s'ils connaissent bien les lois." Car ce n'est hélas pas toujours le cas, notamment en ce qui concerne les catégories de chiens dits dangereux.
"Ça fait longtemps que j'en parlais : qu'on ait un gendarme ou policier pour nous accompagner dans les enquêtes. Ce serait plus facile, s'il était formé uniquement pour ça. J'ai des centaines de dossiers sur mon bureau tellement on en a... On ne porte plainte que pour les cas les plus urgents." Sans plainte, par de présence policière pour les enquêtes.
Ce qui a eu une incidence lors de l'affaire Bob le yorkshire. Enfermé toute sa vie dans une cave et nageant dans ses excréments, la justice a jugé que son sort ne constituait pas un acte de cruauté car il était nourri. La forte sanction citée par le ministre, même dans sa version commune, ne s'appliquait donc pas. Il s'agissait d'un mauvais traitement, une simple contravention de 750 euros d'amende au maximum, selon l'article R654-1 du code pénal.

Des référents seraient utiles

Ce qui a indigné Sabrina de la Lisa (il n'y a pas eu de pourvoi en cassation). "Quatre ans de tribunal pour ça..." Selon elle, l'absence des forces de l'ordre lors de la venue de l'association chez la maîtresse du chien a été un argument utilisé par son avocate. "Mais on ne peut pas demander à la police de nous accompagner tous les jours, ou presque... Nous, on est deux nanas : c'est autre chose avec quelqu'un en uniforme. On va plus nous écouter."
Surtout quand "avant, on nous recevait avec des insultes. Maintenant, c'est avec des couteaux ou des fusils. C'est de pire en pire, il faut vraiment qu'on soit accompagné." Actuellement, Sabrina est souvent en lien avec le commissariat de police de Charleville. "Ça va tout seul si c'est une bonne équipe, qui aime les animaux, qui connaît bien les lois."

Ça va tout seul si c'est une équipe qui aime les animaux, qui connaît bien les lois.

Sabrina, présidente de la Lisa

"Mais si d'autres fois, on tombe sur une équipe qui n'en a rien à faire..." Elle se souvient, "il y a très longtemps", avoir pleuré lors d'une enquête où elle avait retrouvé un cadavre de chien accroché à un radiateur. Le policier indélicat lui avait dit qu'il ne fallait pas s'en faire car c'était "juste un chien".
Mais "maintenant, on travaille depuis plusieurs années avec la police de Charleville. On a souvent des dossiers ensemble, c'est régulier : ils nous épaulent. Et on est connu : ça fait 30 ans depuis ce mois de janvier."  (voir la publication Facebook ci-dessous)

"Pour la gendarmerie, ça dépend. Il faut tomber sur le bon gendarme, et qu'il aime les animaux. Pour qu'il comprenne bien la chose." 

Il faudrait appliquer les peines

Sabrina reste marquée par la faible peine obtenue par la maîtresse de Bob le yorkshire. Si ce n'est que 550 euros d'amende, il y a au moins eu une sanction financière. Ce qui n'est pas toujours le cas. "Combien de fois, quand on était au tribunal, les personnes n'étaient pas solvables et n'étaient donc pas condamnées ? Qu'on leur fasse faire des travaux d'intérêt général, qu'on leur prenne sur leurs allocations..."
"Et qu'on leur interdise définitivement d'avoir un animal : ce n'est même pas à vie actuellement, juste cinq ans maximum."
D'où l'intérêt, selon elle, d'appliquer vraiment les peines prévues par les lois existantes (surtout quand on propose "de nouvelles lois pour alourdir" lesdites peines). 

Trop de chiens, pas assez d'argent

Et les choses empirent concernant les abandons (dénués de maltraitance donc, même si sanctionnés théoriquement par l'article du code pénal concernant les cruautés). "Je n'ai jamais vu ça en 30 ans, on en est à dix abandons par jour." L'obtention d'un nouveau local pour accueillir plus de chiens et chats n'y change rien : il affiche déjà presque complet en un seul trimestre. 
Le pire, c'est que la plupart des chiens présents et recueillis au sein du refuge sont le résultat d'enquêtes pour maltraitance, pas que d'abandons. "On vient encore de saisir deux American Bully avec le commissariat..." Jusqu'à "devoir réduire les enquêtes : la moitié du temps, il faut saisir les chiens". Et pas des petits : un molosse reste hébergé en moyenne trois ans avant son adoption.
"On les met où, si je n'ai plus de place? J'ai aussi une enquête sur deux malinois sur les bras, de vrais squelettes." Ça lui crève le coeur, mais elle ne pourra pas se déplacer pour eux tant qu'elle ne sera pas sûre de pouvoir les accueillir.

On nous demande d'intervenir pour toutes les communes des Ardennes, mais les mairies tiquent pour payer.

Sabrina, présidente de la Lisa

"Il faudrait aussi qu'on soit plus soutenu." Financièrement parlant. "Le parquet vient d'ordonner la saisie d'une chienne à Monthermé, la gendarmerie doit me l'amener, mais à un moment donné : qui paye ? On nous demande d'intervenir pour toutes les communes des Ardennes, mais les mairies tiquent pour payer. Déjà que mes deux employés pour les chiens sont à 20 heures, mais que tout le monde en fait 40..."
L'association vit "des dons, et de petites subventions de mairie : 100 euros à gauche, 200 euros à droite". Une solution serait "de demander un euro par habitant à chaque commune qui nous amène des chiens, soit leur demander tant par chien". Mais elle paraît difficilement réalisable.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité