Ardennes : l'autopsie confirme que le corps retrouvé est celui de Valentin Gomes, l'étudiant de Polytech'Lille disparu en week-end d'intégration à Signy-l'Abbaye, mais sa mort reste inexpliquée

Le corps retrouvé à Signy-l'Abbaye (Ardennes) est bien celui de Valentin Gomes, a annoncé le procureur de la République de Charleville-Mézières (Ardennes) tard le mercredi 6 octobre. Les causes de la mort de l'étudiant à Polytech'Lille (Nord) restent inexpliquées pour le moment.

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Les gendarmes avaient été catégoriques, mais pas encore Laurent de Caigny, le procureur de la République de Charleville-Mézières. Ce dernier a finalement annoncé, dans la soirée du mercredi 6 octobre 2021, la triste confirmation aux proches de Valentin Gomes.

Le doute n'est maintenant plus permis. Le corps retrouvé à cinq kilomètres au nord de Signy-l'Abbaye (Ardennes) le mardi 5 octobre est bien celui de Valentin, cet étudiant lillois disparu le soir du samedi 2 octobre.

La disparition a eu lieu au cours d'un week-end d'intégration (WEI) organisé par le bureau des étudiants (BDE) de Polytech'Lille (Nord). Le terme préféré par ce BDE et la direction de l'école est "week-end de cohésion".

 

"Cohésion", mais "aucun bizutage"

La présence conjointe d'un service d'ordre et du directeur de l'école, Guy Reumont, au cours du week-end devait empêcher tout problème. Le bizutage y est d'ailleurs strictement interdit. Ce type d'actes ne s'inscrit pas dans l'esprit de Polytech'Lille et il n'y en a donc pas eu, ont répété à de nombreuses reprises plusieurs élèves sur les réseaux sociaux. Du reste, Valentin se trouvait en cinquième année d'études et était un ancien membre du BDE : il ne pouvait donc pas être bizuté.

Le drame est survenu au domaine de la Vénerie, un camping de Signy-l'Abbaye habitué à recevoir des week-ends d'intégration. Le secteur (notamment Signy-l'Abbaye, Signy-le-Petit, etc.) est d'ailleurs une destination privilégiée - et jusqu'ici sans histoire - de ces évènements festifs (à voir sur la carte ci-dessous).


Les conclusions de l'autopsie réalisée dans l'après-midi du mercredi 6 octobre sont formelles, mais seulement en ce qui concerne l'identité du corps retrouvé. Dans un communiqué, le procureur a annoncé le bilan de l'autopsie et surtout de "la vérification techniques d'empreintes décadactylaires" (c'est à dire les empreintes digitales).

Important dispositif de recherches

Ces empreintes ont permis de confirmer qu'il s'agissait bien de Valentin (une information déjà confirmée le mardi 5 octobre à France 3 Champagne-Ardenne par les gendarmes). Depuis le dimanche 3 octobre, ses camarades, son directeur, la population de Signy, et même sa famille et ses proches de Bretagne (d'où il était originaire) avaient remué ciel et terre pour le retrouver. 

Des appels à témoins avaient été relayés des milliers de fois sur les réseaux sociaux, notamment par des proches de Valentin, les réseaux universitaires de Lille (Nord), et la gendarmerie ardennaise (voir la publication Facebook ci-dessous).


Il a été difficile de retrouver Valentin tout de suite car il n'avait pas emporté son téléphone portable, le rendant impossible à géolocaliser. L'étudiant avait également laissé sur place ses cartes d'identité et bancaire.

Les moyens mis en place par ces gendarmes ont donc été fort conséquents. Outre les battues dans les bois bordant le camping, un hélicoptère avait été déployé, de même qu'une équipe cynophile et un drone.

La mort demeure inexpliquée, enquête criminelle maintenue

Suite à ces conclusions préliminaires du légiste, la dépouille de Valentin a pu être restituée à sa famille et sa petite amie. Néanmoins, l'autopsie pratiquée à Reims (Marne) n'a pas encore livré toutes ses conclusions.

"À ce stade, elle ne permet pas de déterminer la cause de la mort", a indiqué le procureur. Ni de confirmer, ou infirmer, l'intervention d'un tiers dans la mort de Valentin. L'enquête criminelle est donc maintenue. 

Les analyses ont tout de même pu confirmer que Valentin est mort à l'endroit où il a été découvert par un couple d'agriculteurs dans son champ, à cinq kilomètres du camping. Son corps n'a donc pas été déplacé puis abandonné.


D'abord décrites comme "de possibles traces de violences sur le corps", ce sont "des éraflures" qui ont été constatées lors de l'autopsie. Ces "blessures superficielles" pourraient s'expliquer comme étant des "écorchures résultant du frottement accidentel sur une végétation épineuse, voire sur un fil de fer barbelé de type clôture de champ".

Un "désordre vestimentaire" a également été constaté. Il pourrait s'agir d'une conséquence de
 "gestes désordonnés survenant parfois lors d'une phase agonique"

À ce stade, l'enquête reste criminelle : rien n'exclue cette hypothèse.

Laurent de Caigny, procureur de la République de Charleville-Mézières

Communiqué de presse du parquet en date du mercredi 6 octobre 2021

La cause de la mort ne pourra être déterminée avec certitude qu'à l'issue de l'analyse de prélèvements effectués sur le corps lors de l'autopsie. L'enquête devra aussi démontrer ce qu'il s'est passé le soir du 2 octobre, et comment un vêtement de l'étudiant s'est retrouvé perdu dans un hameau à un kilomètre au nord du camping...

Rien n'explique pour le moment comment Valentin a parcouru au total cinq kilomètres en tenue légère, dans le froid (une douzaine de degrés), la pluie, l'obscurité, et la forêt. Ni pourquoi... Peut-être que la réponse est connue d'un, ou une des 400 élèves qui participaient à ce week-end d'intégration.

Des auditions compliquées à supporter pour les proches

Des auditions ont lieu pour trouver la réponse à ces interrogations, et également savoir comment le jeune homme de 23 ans ("en colère") a quitté le camping surveillé par le service d'ordre. "C'était bien structuré : ils n'ont pas voulu lui resservir à boire car il avait bu avant", a indiqué Barbara Macra (la gérante du camping) à France 3 Champagne-Ardenne.

Pour les proches de Valentin subissant ces interrogatoires, il s'agit d'une nouvelle épreuve. Une cellule psychologique a été mise à leur disposition (voir la publication Facebook ci-dessous). 


La date du résultat des analyses complémentaires n'a pas été communiquée. La famille et les proches de Valentin vont donc - encore - devoir attendre.

Deuil et registre de condoléances à l'université de Lille

Déjà très éprouvée, la communauté étudiante et enseignante de l'université de Lille a appris la nouvelle "avec une grande émotion et une profonde tristesse", indique un communiqué universitaire. "Nos pensées vont à sa famille, à ses proches, et à toutes celles et tous ceux qui l'ont apprécié, côtoyé et accompagné."

En conséquence, "les évènements festifs organisés par les associations étudiantes des composantes de l'université de Lille sont ajournés". Il faut donc comprendre que par précaution, tous les week-ends d'intégration ou de cohésion encore prévus n'auront pas lieu.


Une délégation de l'université assistera aux funérailles de Valentin, dont on ne connaît pas encore le lieu et la date. Dans l'intervalle, deux livres de condoléances ont été mis en place devant Polytech'Lille (accès par l'avenue Henri Poincaré, à Villeneuve-d'Ascq en banlieue de Lille).

Ils se trouvent dans le hall de l'établissement et devant l'entrée, pour permettre aux élèves, à la communauté enseignante, et aux personnes extérieures de se recueillir et de laisser un message. Il est aussi possible d'en envoyer un par courriel, à l'adresse hommage-valentin@polytech-lille.fr si vous ne pouvez pas vous déplacer.

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