Ardennes : "le permis de conduire à 17 ans, j'imagine pas"

Alors qu'une réforme du permis de conduire se profile, nous avons interrogé gérants d'auto-écoles et élèves à Charleville-Mézières dans les Ardennes. Des avis parfois très différents.   
 

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Dylan est au volant de sa voiture d'apprentissage. Le jeune Ardennais a fêté ses 18 ans il y a quelques jours seulement. Il peut donc officiellement passer son permis de conduire. Dylan n'est pas un homme pressé pour autant. Quand on l'interroge sur le projet de passer son permis à 17 ans et 6 mois, il n'hésite pas longtemps. 

A 18 ans, c'est déjà dur, alors le permis de conduire à 17… J'imagine pas ! (…) A 17 ans, je ne me serais pas senti prêt

Rendre plus simple et plus accessible le permis de conduire, c'est un engagement du Président de la République et du gouvernement. La députée LREM du Gard, Françoise Dumas, a remis un rapport de 95 pages au Premier ministre. Elle y propose un permis anticipé pour les candidats qui suivent la conduite accompagnée.

Du côté des moniteurs et gérants d'auto-écoles, les avis sont mitigés. "Pour moi, ça peut être un peu jeune", affirme Hervé Prique, gérant de l'auto-école Dunant à Charleville-Mézières.

Il faut savoir que les 18-25 ans représentent ¼ des tués sur la route. Si on met en plus des jeunes de 17 ans… Certains ne sont pas encore matures

Rémi Bidault, lui, gère une autre école de Charleville-Mézières, l'auto-école Bazin. "Chaque élève est différent", nuance-t-il. "Certains sont prêts à 17 ans. Ce sont des cas bien précis". Lui s'inquiète plutôt d'un certain "laisser-aller", de problèmes de concentration de plus en plus fréquents chez les jeunes conducteurs, Il s'interroge par ailleurs :

Pourquoi pas le permis à 17 ans ? D'autres pays le font… mais il va falloir penser à l'aspect assureur. A 17 ans, l'élève est mineur. On peut penser à un accident, même grave. Quelle sera la responsabilité ?

Dans le rapport Dumas, un autre aspect pose questions : le passage de l'agrément local à l'agrément national. Dans le premier cas, l'obligation d'avoir un local pour enseigner et donc des charges fixes. Dans le second, la porte ouverte à une dématérialisation du marché et au développement des plateformes numériques. "C'est fait pour tuer les écoles classiques !", s'insurge Hervé Prique. Il regrette surtout la fin de la petite auto-école de proximité.

Mon élève actuel, c'est la 5ème personne de la famille que je forme. On connaît tout le monde dans le quartier. Dans les milieux ruraux, des auto-écoles vont disparaître.

Sans être en contradiction, son confrère de l'école Bazin a un avis un peu plus nuancé.    

Il faut aussi que les auto-écoles se remettent en cause. Elles doivent évoluer. Dans ce rapport, tout n'est pas à prendre, mais je pense qu'il y a de bons éléments

Quelques jours après une manifestation des auto-écoles à Paris, le débat est ouvert et promet d'être houleux. Avec 1,51 millions de candidats en 2017, le permis de conduire est le premier examen de France en nombre d'inscrits.
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