Depuis le samedi 12 septembre, Danielle Peyrot des Gachons retrouve des dizaines de pigeons morts dans son jardin de Poix-Terron (Ardennes). Cette référente de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) dénonce un empoisonnement.

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"En voilà un encore en train d'agonir..." (sic) La scène est devenue banale, à Poix-Terron (Ardennes). "En quelques heures, il va être mort, le pauvre... Y a rien à faire." Bernard Ulrich ramasse un malheureux pigeon, battant faiblement des ailes, alors qu'il décrit l'état du volatile. Il palpe ses pattes, son ventre, pour savoir ce qui lui arrive. C'est au moins le cinquantième depuis le samedi 12 septembre 2020. Le verdict est sans appel.

"Il fait son poids normal, mais il ne se débat plus. Il est sous l'effet du poison. Il est paralysé et va mettre deux jours à mourir sur place, comme ça." L'ami des oiseaux repose le pigeon, peiné. "Ça a beau être un pigeon, c'est dégoûtant de laisser des bêtes mourir comme ça." Ce responsable du Centre d’assistance et d’information sur les oiseaux dans les Ardennes (CAIOA) ne peut que constater la situation en compagnie de Danielle Peyrot des Gachons, référente locale de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). C'est dans le jardin de cette dernière, traversé par la Vence (voir carte ci-dessous) que l'hécatombe se produit.
 
La colonie de pigeons est spécifiquement visée, mais ce sont tous les autres oiseaux qui subissent les effets délétères de cet acharnement. "Toute la petite faune sauvage et les oiseaux de la nature vont crever aussi", reprend Bernard Ulrich. "On ne les retrouve pas. On dit que les oiseaux se cachent pour mourir. Chacun dans son coin." Les tourterelles et mésanges sont donc en danger, elles aussi.

Dans son jardin fleuri, Danielle Peyrot des Gachons accueille de nombreux volatiles. Dans sa mare, les canards et les cygnes batifolent avec allégresse. Mais dans sa voix, nulle trace de joie. "Ça dure depuis neuf jours, j'ai appelé la mairie... J'ai beaucoup de tristesse. Je peux comprendre que les gens pensent qu'il y en a trop, on en trouve sur les toits ou dans les gouttières, et ça fait des fientes... Mais les empoisonner ? C'est grave. Et c'est méchant : c'est des bêtes, c'est pas parce qu'il y en a beaucoup qu'il faut..."
 

D'autant que cet empoisonnement met en danger tous les autres petits pensionnaires à plumes de l'amie des oiseaux. C'est leur refuge. "On nous amène des oiseaux de toute la région. Si on peut les soigner, on les garde. Sinon, on les amène à Bernard Ulrich, car il est plus compétent. On fait beaucoup de navettes, et de nombreux kilomètres pour ça. Empoisonner les pigeons, c'est dangereux pour les autres oiseaux."
 
Ces oiseaux malades, blessés, handicapés, ou encore maltraités peuvent trouver, dans ce refuge, la possibilité de recevoir des soins avant d'être relâchés dans leur milieu naturel. Certes, le pigeon diffère un peu : c'est une espèce semi-domestique, et classée nuisible qui plus est. On est loin d'un hibou ou d'une cigogne. Mais pour Bernard Ulrich, c'est anormal de les tuer. "Les pigeons sont secondaires pour nous, c'est pas péjoratif, c'est juste qu'on vise la faune sauvage, les oiseaux du ciel... Mais on récupère les pigeons pareil, c'est des oiseaux. Mais ils sont diabolisés."
 

Une diabolisation aux terribles effets, donc : les pigeons ne méritent pas ça. Contactée, la LPO ne rapporte pas de cas similaire ailleurs dans le département. Et le commandant en second Marc Revenel, de la compagnie de gendarmerie de Sedan (Ardennes), ne signale aucune plainte ou intervention des gendarmes à ce jour à Poix-Terron. Pour le moment, en tout cas.
 
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