Sortez vos calculatrices ou vos porte-monnaies à triple fond : le Cabaret Vert, c'est aussi l'occasion de parler finances, l'une des grandes thématiques de ce dimanche à l'IDéal. Les monnaies complémentaires pullullent... Le Bayard, sur le festival, et les 13 000 autres, à l'extérieur.
Je peux vous régler en Marcassol ?
Il y a l'euro, et puis il y a les autres. Ces monnaies qui portent un bébé sanglier en étendard, qui osent des couleurs improbables, celles qui sont portées par une poignée de gens un peu excédés. Des bénévoles, pour la plupart, des groupes de citoyens qui n'en peuvent plus de constater que seuls 3% des mouvements financiers sont destinés aux échanges de biens et de services. Autrement dit, que seuls 3% des mouvements financiers servent l'économie réelle...13 000 monnaies locales avaient donc vu le jour en 2013 dans le monde, et des dizaines et des dizaines en France sont installées ou sont en route. Le Marcassol en fait partie : une monnaie complémentaire locale ardennaise, qui sera mise en circulation à la mi-septembre sur le territoire -pour le moment- d'Ardenne Métropole, avec un objectif : favoriser les circuits courts et créer de la richesse sur le territoire. Exemple : le consommateur paie sa baguette avec un Marcassol, le boulanger paie le Moulin avec des Marcassols, le Moulin paie l'agriculteur avec en Marcassols, l'agriculteur paie son coiffeur avec des Marcassols... Et ainsi de suite jusqu'à revenir à la baguette.
Et à l'issue de l'atelier-conférence sur le sujet à l'IDéal ce dimanche, certain(e)s ont signé tout de suite !
La Reinette et le SEL, une histoire d'échanges de trucs et astuces.
Un peu plus loin, toujours à l'IDéal, on trouve la Reinette. Là, ils s'agit moins de créer de la richesse (et encore, tout dépend de ce qu'on entend par "richesse") que de favoriser les échanges entre les gens : les échanges de conseils, de services, de coups de main ou de coups de pinceau, de fous-rires ou de confidences.
Voilà 5 ans que la Reinette est en service en Thiérache. Une monnaie qui ne sert qu'à échanger des services entre membres d'une même communauté sur un territoire bien défini. La Reinette et l'association qui la porte, font d'ailleurs partie du réseau national SEL (Système d'échanges local), qui part du principe que chaque "être humain possède des compétences, des moyens et du temps dont il dispose pour échanger avec les autres". Et cet échange au sein d'une même communauté territoriale est primordiale : "Il faut toujours du temps pour que les gens apprennent à se connaître, et qu'ils osent au final faire appel à leur voisin pour un service...", nous confie Denis, membre du Sel de Thiérache depuis 5 ans.
Le Bayard, monnaie complémentaire... éphémère.
Du côté du festival qui nous intéresse, chaque année à la fin août à Charleville-Mézières, c'est la même course qui recommence : il faut trouver des Bayards. Le Bayard, c'est la monnaie officielle du Cabaret Vert. Jeton de plastique rouge, il nous fait les poches un peu plus volumineuses au début, mais il part dans les boissons et autres petites restaurations à la vitesse de l'éclair... D'ailleurs, l'année dernière 1 346 000 Bayards ont été dépensés sur les quatre jours de Cabaret.L'objectif premier du Bayard, c'est d'éviter que les euros circulent, question de sécurité. Avoir trop d'argent liquide sur soi en festival, c'est prendre le risque d'attiser les convoitises et se de faire voler, qu'il s'agisse des festivaliers ou des commerçants. Avec la monnaie du Cabaret, le risque est moindre : impossible de le dépenser à l'extérieur du festival, il est donc moins intéressant à dérober.
L'autre intérêt est de limiter les moyens de paiement et donc, de limiter les files d'attente aux espaces restauration : pas de billet à chercher, à trier, pas de carte bleue à sortir, de terminal à aller chercher... Chacun paie avec des jetons rouges ou verts, cela va plus vite et les ventres sont plus promptement rassasiés.
"Il y a le côté humain, aussi, de l'échange de pièces bien concrètes entre les festivaliers et les commerçants : c'est plus personnel, l'argent qui passe de la main à la main", nous assurent les vendeurs-bénévoles de Bayards répartis sur les deux bureaux de change du festival. Des vendeurs-bénévoles particulièrement ravis, d'ailleurs de leur Cabaret 2017 : ils n'ont cessé de louer la gentillesse, la patience et la politesse des festivaliers, qu'ils servent toute la journée.
Bonne ambiance, les monnaies complémentaires, qu'on vous dit ! Même si c'est un peu compliqué au début, ça peut faire du bien : du sourire des bénévoles, des festivaliers, aux échanges entre voisins qui apprennent à s'entraider, en passant bien sûr, par l'emploi ou les emplois qui finissent un jour par être créés...