Coronavirus : dans les Ardennes, on achète de la nourriture et on stocke en cas d'évolution de l'épidémie

Avec 212 cas confirmés positifs au virus, et quatre personnes décédées en France à ce jour, la propagation de l'épidémie de Coronavirus incite de plus en plus de personnes à prévoir des réserves alimentaires stockées chez elles. Dans les Ardennes, les magasins confirment cette tendance. 

En traversant en voiture Charleville-Mézières ce mercredi 4 mars, je fais la tournée de plusieurs hypermarchés et magasins du secteur. La radio diffuse en boucle les derniers chiffres de l'avancée de la contamination du Coronavirus dans notre pays. Pas très rassurant encore ces dernières nouvelles, la progression est malheureusement régulière, et ce, malgré les mesures d'hygiène rappelées sans cesse.

"Tout est sous contrôle !"nous jure-t-on néanmoins entre deux journaux. Pas sûr que le message soit reçu 5 sur 5, ce matin, devant le magasin Lidl  à Warcq, près de Charleville-Mézières. Sur le grand parking, les clients remplissent leur coffre, et l'affluence semble plus importante qu'à l'habitude.

Corine, assistante maternelle, fait partie des premiers clients de la journée. Pour elle, pas d'hésitation : il fallait refaire le plein de provisions au plus vite. "Moi, j'ai beaucoup d'enfants à faire manger!" me lance-t-elle en terminant de charger ses courses dans le coffre de sa voiture. " Je fais des réserves sur du non-périssable, parce que je suis assistante maternelle. Je ne sais pas du tout la suite des évènements, alors, je fais du stock, sans tomber dans la psychose. Je fais un peu de provisions de pâtes, de riz, de semoule, de harricots verts, de petits pois carottes et de sauce tomate". 


En rangeant minutieusement ses boîtes de conserve dans les sacs elle nous confie :

C'est quelques choses que je n'avais jamais fait auparavant, mais quand on entend à la télévision les infos en boucle, à la radio c'est pareil, on se dit que si les accès aux magasins sont limités ou avec des restrictions importantes, moi, j'ai un métier où je suis coincée à la maison, alors, il me faut un peu de stock pour les enfants.
- Corine , assistante maternelle prévoyante .

 
Je reprends ma voiture pour rejoindre le grand hypermarché de la zone de Villers-Semeuse. Les infos à la radio annoncent  dix cas de plus à Mulhouse. Sale temps pour les paquets de pâtes! Comme me le rappelle un retraité devant la grande enseigne: " C'est pas la guerre tout de même, c'est pas pire que la grippe , non?"
 

Des palettes de pâtes hautes d'1,60 mètre

Pour Jérôme Soblet, le directeur de l'hypermarché Cora à Villers Semeuse, il faut rester calme. " En France, on est autonome pour la production alimentaire" m'assure-t-il en faisant de grands pas dans les allées du magasin. 

" On constate depuis jeudi dernier une évolution dans la vente des produits de première nécessité.On a une consommation qui a monté, la vente en drive a augmenté de 20%, ainsi que la livraison chez le client".

Les gens ne souhaitent pas venir au milieu du public, au magasin, et ils profitent alors du drive qui voit son activité augmenter.
Mais on est très bien approvisionné. Sur les pâtes, on a entre 15% et 20% de vente en plus en ce moment. On a dû passer plus de commandes sur l'eau, le lait, les oeufs, l'huile.
- Jérôme Soblet, directeur hypermarché Cora Villers Semeuse. Ardennes


L'achat en gros volume, les promotions de dernières minutes et le choix, sont mis en avant en cette période de crise sanitaire chez les professionnels de la distribution.

" On vit ce genre de situation, ces évènements forts, comme durant l'époque de la grippe aviaire il y a quelques années !" poursuit le directeur de l'hypermarché. "Ça déséquilibre notre organisation, mais il ne faut pas s'inquiéter, on a ce qu'il faut, on a la marchandise". 

La marchandise, Lyecine en connait tout un rayon. Depuis ce matin, il recharge son secteur "pâtes et riz", et comble les produits manquants sur les étagères. Son chariot rempli de pâtes ne suffira pas à la manoeuvre.

Accroupis dans son rayon il m'explique :

Je n'ai jamais vu ça ! A mon retour de congé, j'ai vu un gros trou dans mon rayon. Je reçois trois palettes de pâtes par jour hautes d'1,60 mètre, et elles disparaissent dans la journée! Il n'y a pas de remballe, tout ce qui est mis en rayon est vendu.
-Lyecine Maandi, approvisionneur, achemineur, Cora Villers Semeuse

 

Mon stock, c'est mon jardin

A quelques kilomètres de Villers-Semeuse, il y en a un qui n'a même pas peur derrière son caddie. Jean-Pierre Doudoux, en habit de chasseur, sort de la galerie marchande de l'Intermarché de Mohon, près de Charleville-Mézières. Son chariot est presque vide, et pour cause : il ne stocke rien de plus en ce moment.

" Moi, je n'ai pas peur, j'achète normalement, au fur et à mesure des besoins" me confirme-t-il en montrant le fond de son caddie. Je fais juste des réserves pour mes bêtes, mes chats et mes chiens".

Je fais de l'élevage de lapins, de poules, alors j'ai des oeufs. J'ai deux grands jardins, alors je produis  trois tonnes de bettraves  fourragères pour les lapins et on a 900 pieds de pommes de terre en pleine saison.
On stocke tout ça dans de grandes caves à la maison. Les seules conserves, ce sont des boîtes de fruits pour les enfants.
- Jean Pierre Doudoux, jardinier amateur Charleville-Mézières

"Des pâtes, des pâtes, oui mais..."

Si dans le département des Ardennes, pour l'instant, on peut faire ses courses tranquillement, dans le Val-de-Marne et en région parisienne les supermarchés sont pris d'assaut. La peur de manquer est plus présente dans les esprits autour de la capitale et les rayons se vident. Des internautes commencent à partager leurs moments de doutes sur le web.
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