Avec plus de 2600 morts en Chine en ce 24 février, six décès en Italie et des mesures de confinement stricts mises en place, les voyages en Asie cèdent la place à d’autres destinations plus rassurantes dans les agences de voyages.
En descendant la rue Jean Jaurès à Charleville-Mézières ce lundi 24 février maussade, on cherche le soleil entre les arbres encore dénudés. C’est vrai que l’on aurait presque « des envies d’ailleurs » comme l’écrivait le célèbre poète Arthur Rimbaud, roi de la cité.
Partir, quitter la région, s’échapper du quotidien, c’est quelquefois le choix de certaines personnes en mal de vacances. De là à pousser la porte d’une agence de voyages, il n’y a qu’un pas.
A travers la vitrine de l'agence du coin de la rue, c'est une déco tout en palmiers tropicaux qui vous invite à la rêverie. Au milieu des belles photos de destinations paradisiaques, les cinq employées de Monde actuel sont au travail.
Pour Nadège Alexandre, la directrice de l'agence, les mauvaises nouvelles de la propagation du coronavirus aux actualités n'ont pas beaucoup d'impacts sur les projets de ses clients. "Nos clients partent sans la boule au ventre, ils sont sereins!, confirme-t-elle en consultant ses écrans de réservations. En ce moment, on a des clients au Vietnam, en Thaïlande et tout va bien."
"Les personnes rentrent même contentes car il y a moins de monde sur place. Pour l'heure, on est plus sur de la réservation familliale sur le bassin méditerranéen, donc, par rapport au coronavirus, on n'est pas trop impacté actuellement. A cette époque, c'est beaucoup des demandes pour la Grèce, l'Espagne, Les Baléares, mais, effectivement, on a moins de réservations pour l'Asie".
Chez nous, un seul client pour l'instant, n'a pas voulu partir pour l'Asie et ce n'était pourtant pas la Chine.
- Nadège Alexandre, directrice agence Monde actuel voyage Charleville-Mézières
Y aller ou pas, c'est l'Etat qui décide
Entre deux consignes données à ses collègues en pleine saisie informatique, la directrice poursuit: " Après, oui, il y a des questions. Il y a le téléphone qui sonne et on nous demande ce que préconise l'OMS, (l'Organisation Mondiale pour la Santé), pour une destination par exemple. Pour l'instant, à part la Chine, aucun pays n'est contre-indiqué pour la vente. Nos clients savent très bien que si on les fait partir, on a des sécurisations qui sont faites avant".Par contre, si c'est le vacancier qui décide d'annuler parce qu'il a peur, le voyage ne peut pas être remboursé.De toute façon, on dépend du Quai d'Orsay qui donne les infos, relayé par les tours opérators ensuite. Si une contre-indication de voyage est faite, la personne peut annuler son voyage sans frais car, là, c'est le gouvernement qui décide de ne plus faire partir ses ressortissants.
-Nadège Alexandre, directrice agence Monde actuel, Charleville-Mézières
En Algérie, on n'a pas peur
Une jeune fille entre à pas feutrés avec son petit frère tout sourire. C'est Kindra, une habituée des voyages. Pour elle, le retour en Algérie, son pays de cœur, ne l'inquiète nullement.Assise devant sa conseillère du jour elle se confie. " En Algérie, le coronavirus, ça va! On n'est pas inquiet. Moi, j'y retourne tous les deux ans mais, s'il y avait eu des cas, on aurait regardé un peu, on ne serait pas parti. Nous, ce sont des vacances familiales."
Trouver d'autres ailleurs
En faisant le tour de mon quartier, un premier voyage à l'abri de tous virus pour l'instant, je remonte le Cours Briand et m'arrête sur de magnifiques paysages de l'île de la Réunion. Une autre agence de voyage, Navitour, toute aussi colorée, promet elle aussi, de vous faire faire oublier pour quelques semaines la grisaille des Ardennes en cette fin d'hiver.De la Norvège au fond de l'Océan indien, les destinations sont variées et ensoleillées. Qui s'en plaindrait? Pas Laurence Derue, la responsable d'agence. Pour elle, la propagation du coronavirus n'a pas fait baisser son chiffre d'affaire. Les personnes ont juste modifié leurs habitudes et changer leurs destinations.
En terminant d'ouvrir son commerce et pendant que l'ordinateur se configure, elle nous avoue : "Toute la partie asiatique a été mise de côté suite à cela. Pour la Chine, les gens se réorientent vers d'autres lieux. Par contre, en ce moment, les gens partent au ski, au soleil, aux Antilles, aux Caraïbes, en République Dominicaine, en Laponie".
Quand on lui demande si les voyages en Italie sont boudés en ce moment elle poursuit: -" Ce n'est, de toute façon, pas l'époque où les gens vont en Italie. C'est plutôt en avril ou en mai. On n'a pas le ressenti sur cette destination-là. Il faudra voir comment ça va évoluer en Europe et en France dans les prochaines semaines".
S'assurer pour se rassurer
Le coronavirus est dans toutes les conversations en ce début de semaine. Les chaînes infos réactualisent en direct les tristes chiffres de la propagation du fléau dans plusieurs pays. 77000 cas en Chine, 2600 décès, 160 cas en Italie, avec six morts à cette heure et d'autres signalements en cours.Covid-19 : du mystère du patient zéro aux contrôles à la frontière, 7 questions pas si bêtes sur la multiplication des cas en Italiehttps://t.co/5lWp392mKK pic.twitter.com/4GBgYS0EO3
— franceinfo (@franceinfo) February 24, 2020
Quel conseil peut-on donner aujourd'hui à une personne qui décide de partir en voyage? " On leur conseille des assurances, surtout quand on part à l'étranger", répond Laurence Derue.
"Il faut savoir que le Ministère des Affaires Etrangères stopperait de toute façon le voyage dans les zones à risques" conclue la responsable d'agence Carolomacérienne.Il faut, au moins, avoir une garantie assistance rapatriement qui prend en charge les frais médicaux qui peuvent être couteux dans certains pays.
-Laurence Durue, responsable de l'agence Navitour, à Charleville-Mézières
Chine: attendre que la mousson passe
En Chine, les saisons sont inversées en quelques sortes par rapport aux nôtres. La belle période se termine en mars-avril pour laisser place à la mousson et aux météos capricieuses en Asie.La Chine redevient ainsi, chaque année, une destination plutôt demandée en novembre, lorsqu'on est au départ de l'Europe. En attendant que le virus soit emporté loin de toutes inquiétudes et disparaisse de l'actualité, c'est peut-être, simplement, notre petit bout de terre natale, notre région, notre paradis du moment, qui peut encore nous faire rêver de voyages sans nuages.