Déconfinement : "Et maintenant, que vais-je faire..." Ardennais voici vos priorités du 11 mai

Aux portes du grand déconfinement prévu lundi 11 mai 2020 et après deux mois de restrictions, les ardennais prévoient, (ou pas), le programme des premières choses qu'ils vont enfin pouvoir faire en zone rouge et à moins de 100 km de leur domicile. Portraits dans la rue.

Il y a plus de questions que de certitudes pour l'instant sur les premiers jours de déconfinement au terme d'une longue attente. On a coché des cases sur le calendrier, on a rêvé de balades, on s'est promis de se revoir au plus vite, chacun planifie son lundi 11 mai avec attention.


Dans les rues encore vides en ce dimanche matin 10 mai à Charleville-Mézières, les avis sont tous aussi variés et surprenants que cette météo capricieuse.
Loin de l'engouement d'un premier jour de soldes, cette nouvelle ère de l'An 1 après le virus inspire plutôt la prudence.

Tout change, rien ne change

Pour Aline, mère de deux jeunes garçons et préparatrice en pharmacie, la semaine prochaine sera un test. En sortant de sa voiture un masque sur le visage, elle me confie son analyse du moment : " Demain, lundi, je ne change rien ! Je continue de faire attention pendant au moins 15 jours à trois semaines après le confinement. Certains disent qu'il y aura une deuxième vague de virus, d'autres disent que non. Moi, j'ai peur."
 

Ce qui va changer, c'est que je n'aurai plus de papier à remplir pour aller faire une balade avec mes enfants en rentrant du boulot.
- Aline, déconfinée prudente

" J'espère qu'il fera beau la semaine qui vient pour qu'on puisse sortir au moins deux petites heures le soir.
Je ne laisse pas les enfants retourner à l'école. Ils sont au collège, mais j'espère qu'ils continueront les visios dans un premier temps. Ma vision évoluera au fil des semaines qui vont passer, si vraiment les cas diminuent ou, s'il y a une reprise ".

 
La remise en route du pays sera progressive, nous rappellent les hautes autorités. Certains commerces, (hors marchés en plein air, bars, restautants), pourront ouvrir dès demain en respectant les règles sanitaires et organisationnelles. Les forêts seront accessibles désormais, le déplacement, sans attestation horaire dans l'espace public, et dans un rayon de 100 km sera possible. Les transports vont s'adapter aux mesures sanitaires, les sports individuels à l'extérieur retrouveront du souffle.
En sortant de la boulangerie, Xavier, 39 ans, habitant du quartier Ronde-Couture à Charleville-Mézières, s'arrête pour livrer, lui aussi, ses prochaines priorités.
" Demain, je vais faire mes courses comme d'habitude ! " me confirme-t-il avec assurance.
" Je ne suis pas tenté d'aller en ville, je vais plutôt rester chez moi, il y a encore des morts. Je ne suis pas pressé. Je vais voir un peu plus mes parents, boire le café et manger avec eux. Pendant le confinement, je n'y allais pas souvent ".

Se revoir physiquement, sans écran

La sortie pour les achats de première nécessité aura au moins permis de découvrir, le temps d'un virus, que le primeur de votre rue est formidable. C'est certainement ce que pensent aussi la dizaine de personnes en file indienne dans la rue Victor Hugo ce matin.
Jocelyne, son sac de courses à la main, attend son tour à un mètre de distance.
Pour elle, les visios de ses proches par écran interposé ne remplace pas leur présence à ses côtés.
" J'attends de revoir mon petit-fils que je n'ai pas vu depuis deux mois !" me confie-t-elle la voix serrée.
" Il a eu un an dimanche dernier et c'est uniquement en visio que j'ai pu fêter son anniversaire. Il habite Nouzonville et c'est lui qui va venir me voir avec ses parents ".

Et en fin de semaine, j'irai chez le coiffeur, parce que c'est devenu une nécessité. Pendant ce temps, je vais rester tranquillement dans mon jardin , on a une maison quartier du Theux à Charleville-Mézières. 
Jocelyne, retraitée à Charleville-Mézières

Confiné dans 20 mètres carrés

Dimitri, 43 ans, traverse péniblement la grande place du marché à Ronde Couture, avec ses deux béquilles. Il y a encore quelques semaines, c'était le roi de la trottinette électrique dans le quartier, mais, elle en a décidé autrement. Désormais, il marche, enfin il boîte. 
Le confinement, il connaît, et pour cause, son appartement est plutôt modeste.

" J'habite dans un studio d'à peine 20 mètres carrés ! " m'indique-t-il en montrant la direction avec sa canne.
" Je n'ai même pas de balcon, alors moi, pour le coup, je suis confiné en permanence. Je serai content de ne plus avoir de papier pour sortir, d'avoir l'esprit libre.
Nous, on est une famille recomposée, alors, je rêve de revoir les enfants de ma compagne.
Ils ont 7, 10 et 12 ans. Je ne voulais pas les contaminer, j'ai fait les gestes barrière.
Ma mère qui habite à Mouzon, à 40 km d'ici, pourra, elle aussi, revenir me voir ".

Lundi, au boulot !

Il y a de l'agitation dans le jardin d'une petite maison dans le quartier de Mohon à Charleville-Mézières. Michael, en mode jardinier, s'active au milieu de la végétation. Pour lui, l'heure n'est pas à la balade, mais au travail. Pour demain lundi, il a déjà tout prévu.

Lundi, je dois tailler des haies, faire de la pelouse et évacuer des matériaux en déchetterie. J'avais pris rendez-vous, alors, je vais y aller. C'est ce que j'ai prévu sur mon planning. Deux mois, c'est très long, il y en a marre.
Mais au travail, moi, je me protège avec un masque, la santé avant tout. 
Michael R, jardinier espace vert à Charleville-Mézières

 

Le jour d'après

A 30 km de la cité de Rimbaud, dans les méandres de la vallée de la Meuse, à Monthermé, Elodie pense au lendemain.
Pour cette maman de trois enfants, le confinement à la campagne a été un peu plus supportable. Les grands espaces verdoyants avec vue sur les collines ne sont vraiment pas une punition en ce début mai. Au contraire.
" Moi, je ne veux pas prendre de risques " m'explique-t-elle en réagissant sur l'après-confinement.

Personnellement, je vais continuer un peu le confinement. Je préfère être encore un peu isolée de ma famille et les revoir petit à petit. Ma maman de 61 ans et mon beau-père de 64 ans sont fragiles. Le confinement à la campagne, c'est plus facile, on a un grand terrain et de l'occupation
Elodie Payon, habitante de Monthermé. Ardennes.


A quelques heures de la fin de certaines restrictions et d'un assouplissement de notre quotidien après deux mois de confinement, chacun se réjouit d'une certaine liberté retrouvée, tout en gardant un oeil dans le rétroviseur. Le Coronavirus n'a pas disparu et interroge plus qu'il ne rassure.
 
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