Pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale, Amélie Maillard, une jeune femme alors âgée de dix huit ans, a tenu un journal pour relater le quotidien de son village à Faissault dans les Ardennes. La municipalité souhaite le faire publier.
Du premier jour de mobilisation générale, le 1er août 1914 au 1er juillet 1919, Amélie Maillard a couché dans un grand livre de comptes, au nez et à la barbe des occupants allemands, toutes ses observations et ses impressions sur la vie de son village des Ardennes.
Jacky Patoureaux est en quelque sorte l'héritier par alliance de ce manuscrit plus que centenaire. Amélie Maillard était la grande tante de feu son épouse Annick. C'est le deuxième fils d'Amélie, Adrien, qui, avant de mourir, a confié le récit de sa mère aux époux Patoureaux.
De son écriture penchée et régulière, à l'encre noire ou violette, la jeune femme décrit le quotidien d’un village occupé par les soldats allemands. Le département des Ardennes est sous commandement allemand pendant toute la durée de la Grande Guerre.
Tout n'est que réquisition
Pendant quatre ans, il faudra vivre sous le joug de l'occupant. Les habitants du village, essentiellement des femmes puisque les hommes ont été mobilisés et sont partis à la guerre, doivent travailler dur. Les Allemands commandaient de la nourriture, fruits, légumes, lait, beurre, viande… mais ne payaient jamais. Dans son récit, "on sent que la vie est dure" résume Jacky Patoureaux "mais Amélie ne laisse pas transparaitre la peur".
Pourtant, si les Allemands étaient tombés sur ce journal, elle aurait pu être emprisonnée et accusée d'espionnage. "Si les habitants ne collaboraient pas assez, ils les emprisonnaient", poursuit Jacky Patoureaux. Le père d'Amelie est désigné d'office maire du village, puisqu'il est le seul homme resté dans la commune. Cela explique aussi pourquoi la jeune fille a accès à certaines informations et pourquoi elle a conservé les ordres écrits de la kommandantur.
Ce manuscrit est d'une grande richesse. Il sera confié aux archives départementales pour une seconde vie. Mais le récit doit être aujourd'hui partagé. Le maire de la commune de Faissault, Lionel Vuibert a proposé une subvention pour faire éditer, dans un premier temps, 200 exemplaires de l'ouvrage. Une décision votée à l'unanimité du conseil municipal.