Placées en vigilance orange depuis le mardi 2 janvier, les Ardennes font face à de nombreuses inondations qui mobilisent fortement les pompiers et services départementaux. Si la situation risque de durer encore quelques jours, le temps n'est pas à la catastrophe, mais plutôt à la gestion, malgré quelques dégâts matériels.

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La situation ne s'améliore pas dans les Ardennes. Ou peu. Depuis le mardi 2 janvier, les pompiers et services départementaux multiplient les interventions pour faire face aux différentes inondations qui touchent le département. Ce mardi, près de 150 interventions ont été réalisées par les agents d'astreinte du département, qui ont récidivé 43 fois le lendemain. Sur ses réseaux sociaux, le département liste 13 routes départementales barrées, et 33 à risque.

"Nous avons 36 agents d'astreinte constamment répartis sur l'ensemble du territoire. Ils sont appelés à vérifier l'état des lieux. Sur place, ils prennent la décision d'au moins signaler un potentiel danger ou de fermer la route départementale si c'est trop dangereux pour la sécurité des usagers de la route", détaille le département.

Aucun blessé déploré

De leur côté, les pompiers des Ardennes, aussi largement sollicités avec 85 interventions depuis mardi, ne déplorent aucun blessé. "On fait beaucoup d'interventions suite à la montée des eaux ou aux fortes précipitations qui ont amené des infiltrations dans les sous-sols ou les caves", détaille l'adjudant-chef Arnauld Gorguet.

"On a fait quelques mises en sécurité sur des gens qui se sont aventurés sur des axes routiers malgré les panneaux d'avertissement, mais il n'y a pas eu de victime ou de blessé", poursuit le lieutenant-colonel Jérémy Pierlot.

Si le nombre d'interventions se stabilise et revient peu à peu à la normale, la situation pourrait encore durer quelques jours, en raison des réactions dues aux précipitations de mardi et mercredi. "Le placement du département en vigilance orange était surtout par rapport à la crue, mais la montée des eaux n'est pas terminée. L'inertie de la crue est plus difficile à mesurer", souligne le lieutenant-colonel.

Limiter les déplacements et surveiller son voisinage

Alors, quelques conseils sont de mise. "Ce qu'on recommande, c'est de ne pas circuler sur les routes qui sont exposées aux montées d'eau. Il ne faut pas aller outre les signalisations de danger. Il est important de se rappeler que 30 centimètres d'eau peuvent suffire à noyer un moteur. Nous conseillons aussi de limiter les déplacements. Tout ce qui est un peu accessoire et qui peut être reporté, autant ne pas le faire", commence Jérémy Pierlot.

"Chez soi, on conseille de ne pas prendre de risques inutiles. Soit l'eau n'est pas encore là et il est possible d'anticiper : mettre à l'abri les objets de valeur, remonter le congélateur sur des briques ou des parpaings... Soit l'eau est installée, et il vaut mieux attendre qu'elle baisse avant de toucher quoi que ce soit, pour ne pas prendre le risque d'une glissade, d'une chute, ou d'une blessure à cause d'un objet sous l'eau, notamment pour les personnes âgées", poursuit-il, avant de mettre l'accent sur la solidarité.

"Il ne faut pas hésiter à prendre des nouvelles de ses voisins. S'assurer que personne n'est en danger ou dans le besoin, surtout s'il y a des personnes âgées ou handicapées dans le voisinage. Jeter un coup d'œil pour s'assurer que tout va bien, ça ne coûte rien", conclut le pompier.

"La mission jusqu'à la fin de la semaine, c'est la gestion des crues"

Malgré la situation, le temps n'est pas à la panique chez les Ardennais, presque habitués à ce genre de situations. À Bogny-sur-Meuse, Kévin Gengoux, maire de la commune, garde son calme face à la situation : "On a tendance à dire que la crue s'est stabilisée. Depuis quelques heures, on n'a pas vraiment d'augmentation du niveau de la Meuse. On a sûrement pris entre 50 et 70 centimètres aujourd'hui. On a eu deux ou trois maisons qui ont été un peu bloquées par les eaux, mais il n'y a pas eu d'eau à l'intérieur, juste un peu dans les caves. De façon préventive, on a amené des parpaings pour que les gens puissent surélever leur matériel. On a fait l'installation des passerelles, gardé contact avec les gens et mis en place un numéro de téléphone pour qu'ils puissent nous appeler au cas où et fait différentes tournées de contrôle sur neuf points critiques". 

Cette gestion assez sereine n'aurait toutefois pas été possible sans quelques chantiers au préalable : "Les travaux sur les différents barrages nous ont épargnés, en comparaison avec ce que la commune a connu quelques décennies en arrière. Mais bon, on reste quand même vigilants, contre la nature on ne peut pas faire grand-chose. Si la Meuse monte, à part évacuer des gens, surélever des meubles et mettre en place des passerelles, on ne peut pas faire grand-chose", admet le maire. Alors, "la mission jusqu'à la fin de la semaine, c'est la gestion des crues".

Malheureusement, à l'image des nombreuses caves infiltrées, impossible d'éviter certains dégâts matériels. Pour les moins chanceux, ces crues ont déjà d'importantes répercussions. Julie Andry, coordinatrice technique de la structure API à Charleville-Mézières, ne peut pas encore tirer de bilan sur les dégâts au sein du local de la structure : "On ne sait pas exactement ce que ça va nous coûter, cela peut aller du simple au triple. Tout va dépendre de l'état des machines. Là, on a entre 20 et 30 salariés au chômage technique sur 170. Certains sont repartis en pleurs hier".

Pour les plus épargnés, il est toujours temps de prendre les précautions nécessaires, puisque l'eau pourrait continuer de monter et que le département restera en vigilance orange ce vendredi 5 janvier.

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