Après la mort du jeune Nahel à Nanterre, des violences ont éclaté dans plusieurs villes de Champagne-Ardenne dans la nuit de mercredi à jeudi 29 juin. Des poubelles et du mobilier urbain ont notamment été incendiés à Charleville-Mézières et Châlons-en-Champagne.
La nuit a été agitée à Charleville-Mézières, deux jours après la mort à Nanterre du jeune Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier après un refus d’obtempérer. De violents affrontements ont éclaté dans le quartier de la Ronde-Couture. Des barricades de poubelles ont notamment été installées sur la voie publique et incendiées.
Des tensions palpables dès 22h30 et qui se sont amplifiées pendant la nuit. Les forces de l'ordre ont essuyé des tirs de mortier et d'autres projectiles et sont intervenues jusqu'à 2h30 du matin. Selon la préfecture, deux policiers ont été blessés au cours de cette intervention.
Des violences aussi à Reims et Châlons-en-Champagne
Dans la Marne, des violences similaires ont également éclaté à Reims et Châlons-en-Champagne. "On a effectivement eu des phénomènes de violences urbaines, limitées sur certains secteurs, les quartiers Europe et Barthou. Mais ce sont des faits sporadiques, il n'y a pas eu d'embrasement général", détaille Nicolas Roche, le directeur de la police municipale de Reims. Des tensions qui ont été largement relayées sur les réseaux sociaux.
À Châlons-en-Champagne, c'est le quartier Schmit qui a été le théâtre d'affrontements. Plusieurs bennes à ordure ont été incendiées, ainsi que du mobilier urbain et des voitures. "Au départ, on n'a pas vraiment eu peur, il y a souvent des feux d'artifice ici, le soir. Mais c'est vers 2 heures du matin qu'on s'est rendu compte qu'il y avait des feux dans le quartier, des barricades qui étaient posées, confie Magali, l'une des habitantes du quartier. Avec une amie, on a commencé à paniquer, à regrouper nos enfants et à essayer de les rassurer."
Des échauffourées qui se seraient poursuivies jusqu'au petit matin, les derniers brasiers ayant été allumés vers 5 heures. La police et les sapeurs-pompiers ont multiplié les allers et retours dans le quartier, notamment autour des rues Schmit, Lavoisier, Charcot et Marcellin-Berthelot. Une enquête a été ouverte pour "participation à des attroupements armés et dégradation par moyens dangereux".
"Je pense que tout ça va continuer"
Au petit matin, le quartier avait retrouvé son calme mais beaucoup d'habitants, à l'image de Magali, s'interrogent : "Je comprends plus ou moins ces violences, on comprend que la vidéo de la mort de Nahel qu'ils ont vue en boucle sur les réseaux sociaux les a mis en colère. Mais d'un autre côté, je me pose la question : qu'est-ce qu'on apprend à nos enfants avec ces violences ? Qu'est-ce qu'on va leur faire comprendre, qu'est-ce qu'ils vont retenir de tout ça ?"
La propreté urbaine était à pied d'œuvre dès l'aube pour déblayer la chaussée, après l'extinction par les pompiers des derniers points chauds. Malgré ces interventions, ce matin, les routes portaient encore les stigmates de cette nuit agitée. Mais pour Magali ces tensions sont loin d'être apaisées : "Il y a des bruits qui courent dans le quartier, je pense que tout ça va continuer dans les nuits à venir, ce n'est pas rassurant", conclut-elle, inquiète.