À Charleville-Mézières, un supporter du club de basket de l’Etoile était jugé ce lundi 3 juillet pour injure raciste et provocation à la haine dans une enceinte sportive. Le procureur a requis trois mois de prison avec sursis à son encontre et trois ans d’interdiction de pénétrer dans une enceinte sportive. La décision sera rendue le 24 août.
L'insulte avait secoué tout le monde du basket et du sport. Le 29 janvier dernier, les basketteurs carolo du club de l'Etoile reçoivent Metz à l'Arena de Charleville-Mézières pour la 15ème journée du championnat de Nationale 2. Le score joue en faveur des Messins quand Loïc Akono tente d'intercepter le ballon. Le joueur lorrain chute et des gradins, une insulte fuse : "relève-toi bonobo". Le match continue mais Loïc Akono quittera le terrain quelques minutes plus tard, choqué par l'agression verbale. Il finira par porter plainte.
Ce lundi 3 juillet, s'ouvrait donc le procès du supporter soupçonné d'être à l'origine de l'invective raciste. Claude N. a 74 ans, il est un fidèle supporter du club ardennais de l'Etoile. Il encourait 1 an d'emprisonnement mais le Procureur aura finalement requis 3 mois de prison avec sursis à son encontre ainsi que 3 ans d'interdiction d'entrer dans une enceinte sportive. Au sortir du procès, le basketteur Loïc Akono s'est dit soulagé : "j'étais très stressé car c'est la première fois que je me retrouve dans ce genre de situation. Mais tout le monde a pu entendre ce que j'avais à dire." explique-t-il au micro de notre journaliste sur place.
Du côté de la défense, le supporter mis en cause ne nie pas avoir employé le mot 'bonobo" mais dans une autre phrase que celle principalement retenue pour ce procès. Selon Claude N., ancien directeur technique du bailleur social Espace Habitat, il aurait dit "t'as fait faute bonobo" sans pour autant connaître la définition du mot. Pour le prévenu, il aurait confondu le nom de famille du joueur ("Akono") et le mot "bonobo". Impensable selon l'avocat de la victime.
Ça a entaché la fin de ma carrière et ça m'a fait beaucoup de mal
Loïc Akono, basketteur du club de Metz
Six mois après les faits, cette affaire résonne encore dans la tête du joueur messin. "La page sera dure à tourner car ce que j'ai vécu n'est pas facile. Ça a entaché la fin de ma carrière et ça m'a fait beaucoup de mal" déplore Loïc Akono. Malgré tout, le joueur a bénéficié de nombreux soutiens. À l'audience de ce lundi 3 juillet, le président du club des Canonniers, Bruno Blin a tenu à être présent : "Ça fait longtemps que je suis président et c'est la première fois que j'ai ce genre d'affaire à traiter et j'espère qu'il n'y en aura pas d'autres. Ça me tenait cœur. Le club le soutient et on a fait ça aussi pour le futur et pour que ça ne se reproduise pas" conclut-il.
Car, selon le basketteur lorrain, il aurait reçu une centaine de messages de sportifs qui n'auraient pas osé porter plainte comme lui. Les injures racistes dans le sport ne seraient pas rares mais la démarche de Loïc Akono si. "Mon client a été dans une démarche courageuse qui n'est pas une démarche égoïste ou personnelle. C'est pour que ça ait valeur d'exemple pour les autres joueurs quels que soient les sports concernés" explique son avocat Maître Xavier Iochum au sortir de l'audience. "Il n'y a pas que moi qui subis du racisme que ce soit dans la vie de tous les jours ou le sport donc si ça peut permettre à d'autres de mener un combat, tant mieux." conclut Loïc Akono.
Ce lundi 3 juillet, le procureur a donc requis trois mois de prison avec sursis et trois ans d'interdiction de pénétrer dans une enceinte sportive. L'avocat de Loïc Akono et du club de basket de Metz a demandé 5000€ au titre du préjudice moral subi par le joueur lorrain, 1€ symbolique pour son club et 1000€ destinés à la Ligue Internationale contre le racisme et l'antisémitisme.
Claude N. sera fixé sur sa peine le 24 août prochain.