Le conseil municipal de Givet dans la pointe des Ardennes lance une campagne de stérilisation des chats errants nombreux dans les quartiers. Une association de bien-être animal se charge des captures et les confie aux bons soins du vétérinaire local.
Le centre-ville de Givet, tout au nord du département des Ardennes, est bien calme ce mercredi 24 février. La douceur exceptionnelle de cette fin d'hiver invite les rares promeneurs à déambuler dans les petites rues inondées de soleil. Les touristes belges habitués des lieux ne sont pas nombreux. En pleine pandémie de Covid-19, tout le monde attend la reprise complète des activités.
Une expression courante pourrait se justifier : " Il n'y a pas un chat! ". Mais à Givet, ce n'est vraiment pas le cas, des chats, il y en a, et beaucoup trop apparemment.
La municipalité a entendu les observations de certains habitants concernant la prolifération de chats errants dans leur rue et leur quartier. La décision d'en réduire le nombre par la stérilisation a été votée dernièrement, et la chasse aux petits minous va pouvoir commencer dans quelques jours.
Pour le maire, Robert Itucci, (SE), il faut intervenir au plus vite pour la santé des animaux et la nuisance qu'ils commencent à générer en cette période d'accouplement. Il explique la situation en ces termes :
" On avait beaucoup de givetois qui se plaignaient de cette prolifération de chats errants. Nous, on n'est pas équipé pour les capturer et les héberger, et nos services techniques sont très occupés. Quand l'association pour le bien-être animal de Givet (l'ABEA) nous a contacté, on s'est dit que c'était une belle occasion, et on a passé une convention avec eux et la vétérinaire de la ville Mme Van Der Sloten."
L'idée, c'est de capturer les chats. On les emmène chez le vétérinaire, elle regarde s'ils sont déjà marqués, mais ils ne le sont pas en général car ils sont sauvages. Elle les marque, les stérilise et ensuite, l'association les remet dans la nature à l'endroit où ils ont été capturés pour qu'ils retrouvent leurs habitudes.
Le maire ajoute : " Le but de l'opération, c'est qu'ils ne se reproduisent plus. On a budgétisé 2.000 euros pour une série d'interventions, mais on adaptera s'il y a plus de chats à stériliser."
On voit des chats partout
Dans le quartier Mon Bijou à la sortie de la ville, la valse des chats est l'attraction du moment. Dans les petites rues et derrière quelques immeubles, les chats sans domicile fixe se croisent, occupent les allées, les pas de portes et les jardins. Du haut des balcons, les habitants les surveillent, sourire en coin. Certains ont de bonnes têtes, d'autres sont maigres et malades et tous sont peureux.
Cet après-midi, c'est avec Claudine Hurrreau la présidente de l'Association pour le bien-être animal et quelques-uns des membres les plus actifs que le repérage commence. Sur un parking au pied des immeubles, les félins passent d'un buisson à l'autre, et se faufilent entre les voitures. Penchées sous les véhicules, les bénévoles tentent d'amadouer les animaux avec des friandises et des petits appels rassurants.
" L'heure de pointe, c'est vraiment le soir vers 20 h!" Nous avoue un voisin, "quand certaines personnes les nourrissent."
Entre deux traversées de chats, Philippe, un habitant du secteur qui répare sa voiture dans un coin, revient sur cette cohabitation difficile avec ces félins : "Moi, ce qui me dérange c'est qu'ils montent sur les voitures et après on en a pour une peinture. C'est répétitif. Il y a une personne qui leur donne à manger, moi, je ne les chasse pas, je sais ce que c'est d'avoir des animaux."
La nuit, quand ils sont en chaleur, ça hurle, ça crie, on croiraient des enfants qui se battent. Ici, il y a toutes sortes de chats, j'en ai compté une bonne quinzaine réunis le soir, ça fait beaucoup.
" Un chat ça va, deux chats ..."
Après les petits moments d'attendrissement devant les bouilles craquantes de certains de ces fugitifs, la réalité du terrain reprend le dessus pour les membres de l'association. Claudine Hurreau, la présidente, mesure déjà la difficulté prochaine pour attraper les spécimens choisis. Une simple approche à quelques mètres demande beaucoup de patience. Elle admet qu'il va falloir s'organiser pour les captures. L'indépendance de l'animal ne va pas faciliter le contact.
En scrutant le bas des jardins voisins, elle précise : " Des chats errants, il y en a une vingtaine. C'est une grosse nuisance pour le voisinage, ils font un peu des dégâts, ils vont dans les poubelles. Tant qu'ils ne seront pas stérilisés, ce sera difficile."
L'avantage de la stérilisation, c'est que l'urine sent moins, ils détériorent moins, et ne courent plus les femelles.
Elle ajoute en désignant le bout de la rue : "Avec cette convention passée avec la mairie, on va s'occuper du quartier Mon Bijou, quai du moulin, rue Roguin, Moulin Boreux. On ne pourra pas tous les attraper, car la mairie ne nous a octroyé que 2.000 euros, mais c'est déjà bien. Cette somme va nous aider, car nos finances étaient très basses. Dans un premier temps, on va essayer d'attraper cinq ou six femelles en priorité, afin d'être tranquille.
On commence la semaine prochaine et les habitants seront prévenus. Certains ont déjà peur qu'on prenne leur chat, mais toutes actions sera annoncées bien avant."
Une opération pour éviter une multiplication
Dans le cabinet vétérinaire du docteur Van Der Sloten à Givet, ce sont déjà les grandes manœuvres. À quelques semaines du printemps, les premières chattes domestiques sont opérées en attendant l'arrivée des femelles sauvages. Si la pratique est bien maîtrisée, cela reste une véritable petite opération chirurgicale, avec toute la sécurité sanitaire nécessaire.
À côté du champ opératoire, la vétérinaire nous explique :
"Le but, c'est d'empêcher d'avoir des petits, mais aussi des chaleurs. Nous, on ne fait pas de ligatures de trompes comme chez les humains, on enlève les ovaires pour limiter la circulation d'hormones et les naissances de chatons.
On fait tout pour que ça ne soit pas douloureux. Il y a déjà un anti-douleur dans le protocole anesthésique et après, pour le réveil, il y a des anti-douleurs pour les jours suivants."
Quand on lui demande des détails sur la prolifération rapide des chats, la professionnelle de santé argumente : -" S'ils ne sont pas nourris par des humains, il y a moins de naissances, ils sont en moins bonne santé, ils font moins de petits. Mais si quelqu'un s'occupe d'eux, ils ont plus facilement des portées. Une chatte peut faire des petits deux fois par an avec quatre chatons en moyenne. Les deux petites femelles qui vont naître peuvent faire, elles aussi, quatre petits et ainsi de suite. Ça peut faire une vingtaine de chats par an, c'est une multiplication exponentielle.
Bien sûr, il y a des décès, mais ça peut très vite faire beaucoup de chats. C'est invasif et la plupart de ces chats sont en mauvaise santé. C'est triste pour eux et pour les chats domestiques qui les fréquentent. Les matous vont uriner sur les maisons, ils sont dans la rue et attrapent du Coriza, des puces, la gale des oreilles et on ne peut pas contrôler leur santé."
La ville de Givet a donc confié la mission à l'association de repérer les endroits où se trouvent les chats errants, et les signaler en mairie afin que la ville lui établisse des bons de captures. Les habitants peuvent également signaler les félins sauvages en divagation directement à l' ABEA au 06.46.25.85.16. Pour ces chats soignés, marqués et remis en forme, la structure cherche des familles d'accueil pour faciliter à terme les adoptions.