Après la ré autorisation pour dix ans supplémentaires du glyphosate par la Commission européenne ce 16 novembre, Christophe Dumont, conseiller régional du Grand Est et membre du groupe Les Écologistes, dénonce "une véritable catastrophe pour les générations futures."
Le glyphosate va pouvoir être utilisé au sein de l'Union européenne pour dix ans supplémentaires. La Commission européenne a annoncé dans un communiqué ce jeudi 16 novembre qu'elle allait renouveler l'autorisation de ce puissant herbicide "sous réserve de certaines nouvelles conditions et restrictions".
L'autorisation actuelle du glyphosate dans l'UE, renouvelée en 2017 pour cinq ans puis étendue d'une année supplémentaire, expire le 15 décembre. En l'absence de majorité au sein des 27, il revenait à la Commission de trancher.
"La prolongation pour dix ans de l'autorisation du glyphosate constitue une véritable catastrophe pour les générations futures", dénonce Christophe Dumont, conseiller régional du Grand Est, membre du groupe Les Écologistes, joint ce 16 novembre 2023. "Cette molécule et ses métabolites sont retrouvés dans l'air, dans l'eau, dans les aliments que nous ingérons".
Il rappelle qu'Emmanuel Macron s'était engagé en 2017 à une interdiction dans la substance dans les trois ans. "Il est aujourd'hui complètement sourd aux demandes des citoyens et juste à l'écoute des lobbys de l'agrochimie."
"C'est une très mauvaise nouvelle pour les citoyens de notre région."
Christophe Dumont, conseiller régional écologiste
La Commission prévoit quelques garde-fous et interdit l'usage de cette substance pour la dessiccation (épandage pour sécher une culture avant récolte). Elle justifie sa décision en mettant en avant le rapport d'un régulateur européen estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d'interdire le glyphosate.
"Ce qui est grave, c'est que la réautorisation se fonde sur des avis d'agences européennes, qui elles-mêmes se fondent sur les seules études fournies par les firmes de l'agrochimie. Donc ces avis sont biaisés puisqu'ils se fondent seulement sur les études produites par les fabricants de ce dangereux herbicide", affirme l'élu ardennais.
"La Champagne-Ardenne est spécialement menacée par la prolongation de l'autorisation du glyphosate. La Marne et l'Aube comptent parmi les départements français où l'herbicide est le plus vendu" , ajoute l'élu.
Sept pays, dont la France – première puissance agricole de l'UE –, l'Allemagne et l'Italie, se sont abstenus, selon des sources diplomatiques, tandis que 17 ont voté pour et trois s'y sont opposés (dont le Luxembourg). L'abstention de la France lors du vote des États membres est le signe, selon lui, d'"une grande hypocrisie". "C'est le signe que les lobbys ont fait leur travail de sape."
L'interdiction totale "pas possible" pour le ministre de l'Agriculture
L'accompagnement des agriculteurs pour se passer de ce produit doit être intensifié, selon Christophe Dumont. "Le Luxembourg a donné des subventions à 80% de ses paysans qui sont engagés à se passer de glyphosate. Donc c'est possible, ça se fait ailleurs et on pourrait même le faire ici, mais c'est une question de volonté."
Le ministre de l'Agriculture avait redit mercredi qu'une interdiction totale de l'herbicide n'était "pas possible" à l'heure actuelle, faute d'alternative pour les agriculteurs. "Il faut reconnaître qu'il y a des usages pour lesquels nous sommes aujourd'hui en impasse. On continuera à défendre au niveau européen la volonté de réduire l'usage du glyphosate et en même temps de prendre acte des situations d'impasse dans lesquelles nous nous trouvons", avait-il déclaré devant le Sénat.
Même si la substance active est approuvée au niveau de l'UE, chaque État reste chargé d'autoriser les produits contenant du glyphosate – et pourrait donc adopter des restrictions selon les spécificités locales et effets potentiels sur l'environnement, dans le cadre des critères fixés par Bruxelles.