Ardennes : pourquoi Joseph Afribo, maire de Rethel, est à nouveau mis en examen

Joseph Afribo, maire (DVD) de Rethel (Ardennes), a été mis en examen pour détournement de fonds publics ce mercredi 11 mai. Il est suspecté d'avoir détourné des fonds perçus alors qu'il était à la tête de la commune d'Acy-Romance (Ardennes).

Joseph Afribo, maire (DVD) de Rethel (Ardennes) a été mis en examen "pour soustraction, détournement, ou destruction de biens d'un dépôt public par le dépositaire ou un de ses subordonnés". C'était ce mercredi 11 mai 2022, après sa présentation devant un juge d'instruction de Charleville-Mézières (Ardennes).

Une affaire qui remonte à l'époque où l'édile était à la tête de la commune d'Acy-Romance (en banlieue rethéloise). Après en avoir été conseiller municipal à partir de 1983, il a été élu maire de la commune en 1989. Avant de prendre la tête de Rethel en 2020.

Dans cette affaire, l'homme est poursuivi pour la remise d'enveloppes d'argent liquide par des agriculteurs du village à la mairie. Une enquête a été ouverte en 2021, suivie par des auditions en série effectuées par le service régional de police judiciaire (SRPJ) de Reims (Marne) en novembre 2021.

"Pas d'enrichissement personnel"

"C'est une affaire qui concerne des fermages qui ont été perçus par la commune en l'absence de contrat de bail, précise à France 3 Champagne-Ardenne Ahmed Harir, l'avocat de Joseph Afribo. "Ce qui est reproché à monsieur Afribo, c'est de les avoir perçus hors cadre légal mais il n'y a aucun enrichissement personnel dans ce dossier."

"Ce que je constate, c'est que c'est un règlement de compte", poursuit l'avocat. "Ces méthodes de délation m'effrayent. Ces personnes qui dénoncent des faits qui remontent à plus de 30 ans, puisque ce bail commence en 1993, c'est atterrant."

"Cette information judiciaire a été ouverte, dont acte. Monsieur Afribo est présumé innocent. Cet après-midi, il sera dans son fauteuil de maire et nous continuerons à œuvrer dans ce dossier pour démontrer qu'il n'a pas perçu le moindre centime d'enrichissement personnel. Tout ce qui a été perçu dans le cadre de ces baux a servi soit à la municipalité, soit au comité des fêtes de la commune d'Acy-Romance. On parle de deux fois 400 euros par an."

"Les Rethélois, seuls juges"

De son côté, celui qui a pris la tête de la mairie de Rethel, après les municipales de 2020, reste droit dans ses bottes. "Je souhaite que la vérité éclate très rapidement parce que c'est très dur moralement. On a le droit de ne pas être d'accord, on a le droit de s'engueuler, mais on a une obligation de se respecter : ce que j'ai toujours fait toute ma vie", appuie un Joseph Afribo visiblement touché après avoir été placé en garde à vue le mardi 10 mai. Il a donc passé la nuit au commissariat de Charleville, comme révélé par nos collègues de L'Ardennais.

"Il faut remettre dans le contexte. Il y a 30 ans, on a décidé de ne pas signer de baux ruraux parce que derrière, c'est très compliqué de récupérer les terrains si la commune le souhaite. Aujourd'hui, on ne pourrait plus le faire, mais c'était il y a 30 ans. On a donc décidé de cette méthode qui a été adoptée en conseil municipal le 14 avril 1993. Derrière, on a décidé d'attribuer l'argent à un comité des fêtes de la commune que l'on a créé mais sans le déclarer en préfecture parce que ça n'était pas obligatoire. J'ajoute que ces enveloppes ne passaient pas par moi mais étaient déposées en mairie, à la secrétaire de mairie."

"Aujourd'hui, j'ai les rênes de la ville de Rethel. Je crois que les Rethélois sont satisfaits du début des travaux que nous avons engagés. Ce que nous avons fait à Acy-Romance dans son développement, dans son cadre de vie, c'est ce que nous voulons faire à Rethel où il fera bon vivre. Les Rethélois sont les seuls juges et jugeront eux-mêmes de la situation." (voir la localisation des communes sur la carte ci-dessous)

"Ce n'était jamais clair"

France 3 Champagne-Ardenne a également recueilli le témoignage d'un des deux agriculteurs qui payaient ces sommes d'agent en liquide, et qui souhaite rester anonyme. "J'allais trouver [Joseph Afribo] et je lui disais : fais moi un papier. Il me disait : je n'ai pas le temps, on verra ça plus tard, je suis débordé de boulot. Alors je donnais mon argent dans une enveloppe."

"Quand il n'était pas là, je donnais mon enveloppe à la secrétaire de mairie ou alors à des adjoints qui se trouvaient là. J'ai demandé aux adjoints comment ça se faisait qu'ils n'étaient pas au courant. On m'a répondu : tu avais marqué sur l'enveloppe 'mairie d'Acy-Romance', nous on est que les adjoints, on laisse ouvrir l'enveloppe au maire."

"Quant à l'argent, un coup le maire me disait que c'était pour le CCAS, alors qu'il l'avait dissout; un coup c'était pour le comité des fêtes. Ce n'était jamais clair."

Une seconde mise en examen

Pour Joseph Afribo ; il s'agit d'une seconde mise en examen. Le maire est également sous le coup d'une enquête dans une autre affaire qui concerne aussi ses années en tant que maire d'Acy-Romance.

En décembre 2021, peu après sa défaite aux élections départementales, il a ainsi été mis en examen pour abus de faiblesse, blanchiment de fraude fiscale, contrefaçon ou falsification de chèques; et pour usage de chèques contrefaits ou falsifiés dans la vente en viager d'une maison située sur la commune d'Acy-Romance.